Le voyage du Pape François a eu un impact considérable en Corée

(RV) Entretien - La presse qui ne tarit pas d’éloges, souligne que le Saint-Père a su transmettre des émotions, ranimer la confiance et écouter le peuple. Ses appels en faveur d’une meilleure distribution des richesses devraient, selon le quotidien Hani, pousser les Coréens à revoir leur modèle de développement.

Ses gestes ont frappé les esprits, notamment la lettre remise aux proches des victimes du naufrage du ferry Sewol, et la broche en forme de papillon offert par une des anciennes femmes de réconfort qu’il a accrochée à son habit. Son humilité a replacé la personne au centre, titre le journal. La Corée amoureuse du Pape, lance un autre. Tandis que le quotidien Donga exhorte à ne pas oublier ses enseignements. En l’espace d’une centaine d’heures, il a donné des orientations pour cent ans.

Enfin l’espoir d’une réunification avec le nord renaît dans les cœurs. Selon un responsable bouddhiste, le Pape François a offert la paix et l’espérance à la Corée, il l’a exhortée à aimer et à sourire. Nous avons rencontré la vérité, affirme quant à lui un groupe d’artistes. Ses paroles ont ouvert les cœurs. 2914 journalistes ont couvert ce voyage. L’Eglise coréenne quant à elle compte sur l’effet François et comme feuille de route, elle propose deux mots : prière et témoignage.

Notre envoyé sur place, Xavier Sartre, a recueilli les impressions du Père Philippe Blot, des Missions Etrangères de Paris. Originaire du diocèse de Bayeux-Lisieux, il vit en Corée du Sud depuis 24 ans. Il travaille dans la grande périphérie de Séoul dans un centre pour de jeunes adolescents et étudiants issus de familles décomposées ainsi que dans un autre centre ouvert depuis trois ans à des réfugiés Nord-Coréens.

« On attendait beaucoup du voyage, car le charisme du Pape est de parler, mais aussi de mettre en acte ce qu’il prêche ». Le père Blot a été frappé par « le cœur chaleur » de François « qu’il partage avec tous » . Le pape porte toujours son attention vers les plus petits. Il embrasse les enfants, serre des mains. Il est pour le missionnaire touchant de voire cette « proximité », « l’amour de Jésus qu’il veut donner aux autres ». Ce fut pour lui une surprise d’entendre le Pape invité les prêtres Coréens à aimer les gens avec leur cœur, mais aussi leurs corps. « Il faut sentir le moutons », l’odeur des paroissiens.

Les paroles les plus belles ? Il a demandé aux jeunes de se réveiller, d’aller vers les autres, d’aller les aider, de leur apporter Jésus à ceux qui sont seuls. Après le naufrage de Sewol, il invite à prier pour les familles, mais il ne faut pas prier uniquement retient le père Blot. Il faut aussi faire des choses avec eux. Souffrir avec eux. Rire avec eux.

Des prêtres en pleurs

Le prêtre français en Corée depuis 24 ans retient deux mots « l’amour et le pardon ». Sans pardon et sans miséricorde par de réconciliation et pas de paix. « Pour les Coréens qui ont connu la guerre, c’est très difficile de pardonner ceux qui ont tué votre famille ». Le pape leur demande de dépasser leur vieilles blessures. Un message adressé aussi à la présidente pour qu’elle mène une politique de la main tendue.  François leur a également dit de rester « dans l’espérance », car la paix se construit petit à petit.

Lors de la messe raconte le missionnaire, des prêtres qui se trouvaient à côté de lui ont pleuré. Certains, les plus âgés, éprouvent  encore de la haine. « Ils ont du mal à pardonner » et « ça les touche » que le pape, « un étranger » qui représente le Christ, vienne leur dire qu’il faut embrasser les Nord-Coréens, que la paix se fait comme ça. « Ca les prend aux entrailles et ça les fait bouger ». Les gens ne seront plus les mêmes, assure-t-il.

« Une certaine joie s’est rétablie, beaucoup d’espérance »

Pour lui, la venue du Pape est arrivée dans un contexte de tristesse en raison du naufrage et d’affaires « pas belles » qu’on a découvert par la suite, mais là « Une certaine joie s’est rétablie, beaucoup d’espérance ». « Il y a un départ pour la marche de la réconciliation et la paix qui va certainement redoubler d’énergie au niveau politique, religieux même pour les non-chrétiens. » Des représentants bouddhistes, anglicans, protestants, orthodoxes ont assisté à la messe pour la réconciliation. Le père Blot y voient la promesse d’une marche, main dans la main, dans le sens de la paix pour faire du nord « un ami ». Par ailleurs, il témoigne de l’intérêt des non-chrétiens pour le Pape. « Ils ne font qu’en parler ». « Tous regardent leur téléviseur ». Ils essaient de connaitre l’Eglise et l’histoire de ces 124 martyrs...