2014-08-06 11:52:00

Arrestation d'Ewanga en RDC : le pouvoir de Kabila fébrile ?


(RV) EntretienUn député de l’opposition a été arrêté mardi matin en République Démocratique du Congo. Lundi, Jean-Bertrand Ewanga était l’un des leaders d’une manifestation à Kinshasa contre une éventuelle révision de la constitution du pays. Le cortège a rassemblé des milliers de personnes alors que le président Joseph Kabila est à Washington pour le sommet Etats-Unis-Afrique. Kabila pourrait être tenté de modifier les textes pour pouvoir se présenter à nouveau à l’élection présidentielle en 2016. Selon la constitution actuelle, le président congolais ne peut pas effectuer plus de deux mandats consécutifs.

La Conférence épiscopale congolaise s’était récemment positionnée clairement contre un tel projet. Jean-Baptiste Cocagne a interrogé Bob Kabamba, professeur de politique africaine à l’université de Liège en Belgique, pour qui l’arrestation du député Ewanga est un signe de la fébrilité du pouvoir face à la mobilisation civile croissante en RDC

 

De mon point de vue, l’impression qui se dégage de cette arrestation est un signal que le pouvoir essaye d’envoyer à tous ceux qui s’opposent à la mise en œuvre d’un processus qui doit permettre à Kabila de rester su pouvoir au-delà de 2016. La question originale de la rébellion qui prend de l’ampleur va devenir plus ou moins un référendum pour ou contre Kabila. Au-delà de simples dispositions de la révision constitutionnelle, ce mouvement devient manifestement un débat autour de la personnalité de Kabila. Doit-il rester ou pas au pouvoir après 2016 ? Toute la question est là. Pour ma part, je pense que ce mouvement va continuer à s’ancrer au sein de la société congolaise et à prendre une dimension de plus en plus profonde et le pouvoir va avoir de plus en plus de mal à le canaliser et à le gérer.

Mais aujourd’hui, il mobilise fortement. Cela concerne plus ou moins combien de personnes ?

En RDC, lorsqu’on parle de mobilisation, il faut toujours voir les porteurs des différentes conditions et les différentes structures sur lesquelles se focalise le débat. On a déjà l’Eglise catholique qui se positionne de manière claire par rapport à la révision. Il y a un ancrage important lié à l’Eglise.A côté de cela, vous devez ajouter la société civile qui continue à se mobiliser, même si elle n’a plus la même force qu’elle avait il y a quelques années. Elle représente néanmoins quelque chose en termes de messages forts qu’ils peuvent lancer au sein de la population. Enfin, il y a toutes les structures de l’opposition des partis politiques qui comptent des élus qui ont quand même eu des scores et des ancrages locaux assez importants.Toutes ces personnes se coalisent pour permettre au mouvement de prendre plus d’ampleur et de dépasser le cadre-même de ce que je viens de vous dire.

Le président Kabila est actuellement à Washington, invité par Barack Obama au sommet États-Unis-Afrique. La manifestation a eu lieu pendant son absence. Est-ce qu’il faut y voir un symbole ou c’est tout simplement une coïncidence de calendrier ?

Je pense que l’opposition a choisi ce moment pour pouvoir organiser cette manifestation afin d’avoir le plus large écho possible en sachant très bien qu’aux États-Unis, Kabila va aborder cette question lors du sommet. Je pense que l’opposition a saisi l’opportunité de l’attention portée à cette question pour démontrer qu’au Congo, il y a effectivement des forces qui s’opposent à ce processus de modification voire de révision de la constitution. 

 








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