2014-07-31 17:14:00

Sensibiliser les populations face à Ebola


L’épidémie de fièvre Ebola continue à s’étendre en Afrique de l’Ouest, touchant principalement la Guinée, la Sierra Leone, et le Liberia, avec une nette augmentation ces derniers jours. Elle a déjà infecté plus de 1200 personnes, dont plus de 700 ont perdu la vie. 

Plusieurs organisations comme la Croix-Rouge et Médecins sans Frontières ont déployé leurs équipes pour tenter de juguler l’épidémie.L’une des parties les plus délicates de leur travail reside dans l’organisation des enterrements de personnes atteintes par les maladies. Les rites funéraires traditionnels sont en effet des lieux de propagation rapide de la maladie compte tenu de la promiscuité entre l’assemblée et le corps des défunts. 

Interrogée par Cyprien Viet, Magali Deppen, chargée de la communication de Médecins sans Frontières en Guinée et en Sierra Leone, constate qu’il est parfois difficile de faire admettre aux populations concernées la prise en charge de leurs défunts par des intervenants extérieurs. 
Elle s’inquiète aussi du manque de moyens des structures de santé locales et des organisations humanitaires pour assurer un confinement efficace des malades.

On travaille bien sûr en collaboration avec le ministère de la santé. Tout cela a maintenant pris une ampleur vraiment inquiétante et à l’heure actuelle, on demande d’avoir plus de soutien de la part de tous les acteurs. On a vraiment besoin de plus de personnes formées, de plus d’activités de sensibilisation dans les villages pour expliquer à la population quels sont les risques et les mesures à prendre pour se protéger. On a aussi besoin d’un système d’alerte pour aller chercher les personnes ayant des symptômes et pouvoir aussi suivre les personnes contacts, c’est-à-dire les personnes qui ont été en contact avec des malades d’Ebola. Ce sont des personnes qu’on doit suivre de très près pendant 21 jours qui est le temps d’incubation de la maladie pour être sur que si ces personnes développent des symptômes, on puisse tout de suite les prendre en charge.

Comme l’épidémie est disséminée assez largement, on a vraiment besoin de support. Nos équipes font déjà un travail énorme de prise en charge des patients. A Kailahun, en Sierra Leone, nous sommes en train d’augmenter la capacité de notre centre de soins parce qu’on est arrivé maintenant à la limite du nombre de patients qu’on peut prendre en charge. On est en train d’en augmenter encore la capacité afin de pouvoir répondre et de prendre en charge les patients qui arrivent.

 

Vous sentez que la population est coopérative, compréhensive par rapport, par exemple, aux mesures de confinement pour les personnes malades ? Est-ce que vos interventions sont bien comprises et bien suivies ? Est-ce que vos recommandations sont bien respectées par la population ? 

C’est une question difficile dans le sens où il y a beaucoup de peur parmi la population. C’est une maladie qui n’existait pas jusque là en Afrique de l’Ouest. Elle est nouvelle et donc peu connue. Il y a tout un énorme travail de sensibilisation à faire pour expliquer quels sont les risques et quels sont les modes de transmission de la maladie pour que les personnes puissent comprendre au mieux quelles sont les mesures de précaution qu’elles peuvent prendre et aussi, quelles sont les nécessités en termes de prise en charge : mettre les patients dans des zones bien définies et les traiter avec le meilleur niveau de sécurité possible. Il y a une grande peur parmi la population mais nos équipes font aussi un gros travail de sensibilisation. Et là où nous sommes actuellement, à Kailahun, on a vraiment une bonne acceptation de la population par rapport à nos activités. On continue à aller dans les villages pour expliquer et donner toutes les mesures de précaution possibles à la population locale.

 

Au début de l’épidémie, on a beaucoup parlé du manque d’hygiène par rapport au rite funéraire. Aujourd’hui, est-ce qu’on a la même analyse ? Est-ce qu’on connait tout simplement les causes du démarrage de cette épidémie ?

Les causes du démarrage de l’épidémie ne sont pas encore extrêmement claires. Par contre, c’est sûr qu’à partir du moment où il y a une première personne qui est infectée, le virus va se transmettre de l’être humain à l’être humain. Actuellement, le virus s’est transmis de cette manière-là pour tous les cas que nous avons. Effectivement, à ce niveau-là, les rites funéraires peuvent poser problème dans certaines régions parce que parfois, il y a des rites qui consistent à laver le corps avant de l’enterrer ou le toucher pour lui dire au revoir. Si la personne décédée était contaminée par Ebola, la charge virale est très forte et là, il y a un risque important de contamination. Nos équipes ont fait un gros travail d’explications par rapport à cela. Ils ont par exemple expliqué qu’il ne fallait pas toucher le corps. On travaille également en étroite collaboration avec la Croix Rouge qui elle, s’occupe d’organiser des enterrements sécurisés. Ils ont eux-mêmes lavé le corps de façon protégée afin que les personnes qui s’en occupent ne soient pas infectées.








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