Rapport alarmant de l'Eglise catholique brésilienne sur les violences contre les Indigènes
(RV) Le Conseil Indigéniste Missionnaire (CIMI) a présenté jeudi 17 juillet à Brasilia
au siège de la Conférence épiscopale du Brésil (CNBB) le rapport « Violence contre
les Peuples Indigènes au Brésil ». Le document dresse un tableau alarmant des
violences commises à l’encontre des peuples et communautés indigènes en 2013.
Le
document de plus de 120 pages met en avant la responsabilité des politiques pour expliquer
la multiplication des occupations illégales de terres indigènes et les atteintes aux
droits de ces populations. Il dénonce surtout la paralysie du processus de démarcation
et d’attribution des terres aux peuples autochtones. Cette démarche est en effet fondamentale
pour éviter aux Indiens d’être expulsés des terres qu’ils occupent parfois depuis
des siècles, mais qui sont convoitées par des compagnies minières, des grands propriétaires
ou des entreprises de construction.
Ainsi, d’après le rapport, sur les 1'047
terres revendiquées par les peuples indigènes à travers le pays, actuellement seules
38% sont régularisées.
Les engagements pris par les gouvernements successifs
avec des secteurs économiques liés à l’agrobusiness, les compagnies minières, les
entreprises d’énergie électrique et de construction civile, empêchent l’Etat de respecter
ses obligations légales. D’autant que, selon les responsables du CIMI, les intérêts
économiques de ces grandes entreprises font écho à la politique de développement pratiquée
par le gouvernement et à ses intérêts électoralistes. Le CIMI évoque aussi la
magnanimité des autorités face aux manifestations des grands propriétaires terriens,
dans différents états, marquées par des « actes hostiles aux peuples indigènes » et
qui auraient comme conséquences d’attiser les tensions et les conflits liés à la revendication
des terres.
Des conditions de vie dramatiques
La santé des peuples
indigènes est l’un des autres points noirs dénoncés dans le rapport L’exemple le
plus marquant concerne la mortalité infantile. Chiffres officiels à l’appui, le CIMI
souligne que dans certains états du Brésil, le taux de mortalité infantile des indigènes
peut dépasser le double de la moyenne nationale (19,6 pour 1000)
Au moins aussi
inquiétant, le taux de suicide des enfants indigènes. « Sur cent indigènes qui
meurent ainsi au Brésil, quarante sont des enfants, a dénoncé avec force Mgr Erwin
Kräutler, évêque d’Altamira, dans l’état du Para, et président du Conseil Indigéniste
Missionnaire. C’est le résultat d’une politique de génocide ».
L’Etat
brésilien du Mato Grosso du Sud présente la situation la plus inquiétante sur ces
deux points. Mais aussi sur le taux d’homicide des indigènes : 33 assassinats (62%
du total dans le pays) et 16 tentatives d’assassinat (sur 29 dans le pays), ont eu
lieu dans cet Etat marqué par l’avancée de l’agrobusiness.
Racisme et discrimination
au quotidien
Enfin, le rapport annuel du CIMI dénonce la discrimination
et le racisme, y compris à travers les médias, dont sont victimes les indigènes au
Brésil. « En 2013, souligne Lucia Rangel, l’anthropologue coordinatrice de
recherches pour ce rapport, le crime de racisme contre les peuples indigènes s’est
manifesté sous différentes formes: dans l’empêchement d’utiliser les transports collectifs
ou pour des étudiants d’aller à l’école, dans le refus de donner des emplois, dans
d’innombrables agressions et offenses verbales, dans la non reconnaissance de la condition
d’indigène, dans l’impossibilité d’accéder aux aides sociales, dans le refus de prodiguer
des soins médicaux, ou encore dans l’obligation des enfants indigènes de laver les
sanitaires des écoles, comme cela est arrivé dans différents états du Brésil »
Une liste malheureusement non exhaustive.(APIC)
Photo : Un
indigène manifestant devant le ministère brésilien de la Justice, à Brasilia.