(RV) Un chiffre odieusement élevé et en forte hausse. C’est ce qui ressort de la dernière
étude de l’UNICEF à propos des mariages précoces en Jordanie. En effet, en 2013, plus
de 9600 jeunes filles de moins de 18 ans se sont mariées ; c’est 13% du total des
mariages enregistrés dans le pays. Pourtant, la loi jordanienne fixe à 18 ans l’âge
minimal pour se marier. Dans certains cas, dans des conditions spéciales, il est cependant
possible de se marier plus jeune.
Le cas des jeunes Syriennes
L’exemple
des syriens est le plus inquiétant. Avant le début de la guerre, la Syrie comptait
environ 13% de mariages précoces au sein de sa population. En 2012, 18% de mariages
précoces ont eu lieu parmi les réfugiés syriens en Jordanie. Ce taux est monté à 25%
en 2013, pour s’établir à 32% dans les premiers mois de 2014. La pratique du mariage
précoce est donc particulièrement élevée au sein de la population réfugiée syrienne,
dont l’exode vers la Jordanie ne semble pas près de cesser. La probabilité est donc,
hélas, quasi nulle de voir ce phénomène reculer dans les mois à venir dans le royaume
hachémite.
Le représentant de l’UNICEF en Jordanie, Robert Jenkins, s’inquiète
de l’effet dévastateur que le mariage précoce peut avoir sur les jeunes filles : celles
qui « se marient avant 18 ans sont exposées à de grands risques de complications
durant leur grossesse et peuvent être victimes d’abus. Leurs opportunités économiques
sont également beaucoup plus limitées car elles ne vont pas à l’école, et elles peuvent
être prises au piège dans un cercle vicieux de pauvreté », explique-t-il.
Prévenir
le mariage précoce Sur le terrain, l’UNICEF travaille donc avec
d’autres agences des Nations-Unies, des ONG, des partenaires locaux, le personnel
éducatif, les parents et les responsables religieux pour prévenir les cas de mariage
précoce et porter secours aux jeunes filles déjà mariées ; il s’agit d’abord de favoriser
l’instruction, le dialogue avec toutes les parties, un environnement sûr et protecteur. Mais
de ces trois clés, c’est bien celle de l’école qui semble ouvrir le plus facilement
un chemin d’espérance pour les jeunes syriennes et jordaniennes. D’après l’UNICEF,
les filles sans instruction ont une probabilité six fois plus élevée d’être mariées
encore enfant que celles qui sont allées à l’école. Alors que celles qui ont suivi,
ne serait-ce qu’une année scolaire, voient leurs chances de gagner un meilleur salaire
croître de 15 à 20%.