L'archevêque de Bangui appelle les « forces vives » du pays à s'unir pour sauver les
Centrafricains
(RV) Entretien - L’organisation d’un forum à Brazzaville au Congo du 21 au
23 juillet, pour régler la crise centrafricaine ne fait pas l’unanimité. A quelques
jours de son ouverture, des responsables politiques et religieux ont déclaré qu’il
était « inopportun » et « pas une véritable solution à la crise ». Le
groupe de travail de la société civile centrafricaine, qui partage la même position,
a déjà annoncé qu’il boycotterait ce rendez-vous.
Un rendez-vous auquel tient
Mgr Dieudonné Nzapalainga. L’archevêque de Bangui en République Centrafricaine
croit en l’utilité de ce forum. Il a appelé les « forces vives » du pays à
y participer. Il est interrogé par Audrey Radondy :
Que répondez-vous
à ceux qui ne croient pas en ce forum ? Je reviens de Brazzaville. J’ai rencontré
des réfugiés qui m’ont dit : « nous voulons parler pendant une semaine pour demander
à tous les belligérants s’ils peuvent arrêter avec les armes. Nous voulons rentrer
en République Centrafricaine pour reprendre notre vie quotidienne ». Ce genre
de témoignage vous touche et vous ne pouvez que demander de ne pas laisser traîner
la situation mais au contraire, de se réunir et de trouver rapidement une solution
pour libérer nos frères qui sont quelque part, en prison, en exil. Et ils veulent
retrouver leur liberté en étant chez eux, vaquer à leurs occupations et reprendre
le chemin de l’école, reprendre le chemin des activités. Ce sont les désirs, les revendications
que les femmes et les hommes expriment. Je pense qu’il est temps pour nous aussi de
nous lever, de faire de bonnes propositions, d’aider notre peuple. L’intérêt national
doit primer sur l’intérêt égoïste et je le redis, c’est l’intérêt national qui doit
nous guider pour sauver notre peuple.
Qu’attendez-vous concrètement de ce
forum ? Que les gens qui pourront venir soient des gens honnêtes, sincères,
intègres et qui vont proposer des actes qui auront des répercussions sur le terrain.
Et nous espérons que ces gens soient de véritables leaders, avec un message à communiquer.
Nous attendons de ce forum que les Centrafricains puissent se voir en face, se dire
les choses et aussi, poser les jalons pour un lendemain meilleur. Qu’on puisse dire
qu’en Centrafrique, il fait beau vivre. Nous attendons aussi que des décisions
soient prises et que la Communauté internationale s’engage résolument à ce que le
cessez-le-feu devienne une réalité. Ça veut dire qu’il n’y ait pas mille interprétations
des résolutions prises par l’ONU. Nous attendons aussi qu’on puisse réaliser les engagements
qui ont été pris, les promesses qui ont été faites, qu’on puisse les réaliser pour
aider la population au niveau humanitaire, au niveau sécuritaire, éducatif et politique.
Et
pour terminer, avez-vous quelque chose à ajouter ? Je pense à tous ces malades
qui n’ont plus de médicaments, à tous ces gens qui errent dans la brousse, à tous
ces enfants qui ne vont plus à l’école. Pour ceux-là, rien que pour eux, nous devons
faire des concessions, engager de vrais négociations, non seulement pour nous libérer
mais aussi pour libérer nos frères et leur donner la possibilité de goûter à la paix
et être heureux en terre centrafricaine.
Photo : Mgr Dieudonné
Nzapalainga l’archevêque de Bangui, en mai dernier, dans un centre d'accueil pour
les musulmans