(RV) La Xème Assemblée Plénière de l’Acerac, l’Assemblée des conférences épiscopales
de la région d’Afrique Centrale, vient de se tenir du 6 au 13 juillet à Brazzaville
en République du Congo. Thème de cette rencontre : : «La famille en Afrique aujourd’hui»,
à la suite des assemblées précédentes sur la femme à Malabo (Guinée Equatoriale) en
2002, sur les jeunes à Ndjamena (Tchad) en 2005, et plus récemment au Congrès de Libreville
(Gabon) en 2013, anticipant ainsi les prochains synodes de l’Eglise universelle sur
la famille.
Un message final a été publié qui rappelle tout d’abord les fondamentaux
de la doctrine sociale de l’Eglise en la matière et s’inquiète de certaines évolutions
contemporaines : la famille est le socle sur lequel s’édifie la société qui doit la
défendre et la protéger ; la famille subit aujourd’hui les contrecoups des mutations
socio-culturelles, avec de graves conséquences sur la famille elle-même et le mariage
catholique. C’est pourquoi l’Acerac prend alors une longue série de résolutions premièrement
pour restructurer la pastorale de la famille et notamment mieux préparer au mariage.
« Cette préparation se fera en plusieurs étapes: préparation lointaine dans le
milieu familial, préparation proche et immédiate au moment des fiançailles. Elle doit
être assurée conjointement par la famille, les prêtres et une équipe de laïcs impliquée
dans la pastorale de la famille, dans des centres appropriés.»
Harmoniser
les trois formes de célébration du mariage
Autre chantier : harmoniser
les trois formes de célébration du mariage. « Actuellement, on distingue en Afrique
trois formes de célébration du mariage: le mariage coutumier, le mariage civil et
le mariage catholique. Ce qui pose le problème du coût financier du mariage et dissuade
les jeunes à l’engagement. L’Eglise veillera à l’harmonisation des trois formes de
célébration, tout en gardant à chacune son sens originel. » Dans ce message on
peut lire aussi qu’au nombre des projets des Eglises africaines, se trouve « l’éducation
à l’amour », alors que nous vivons dans un contexte marqué par l’égoïsme, l’utilitarisme
et l’hédonisme. Il est question aussi d’accompagner les couples après la célébration
du mariage, et de former les familles car « vivre en famille n’est pas facile et
ne s’improvise pas. » Il est aussi recommandé aux familles de témoigner de leur
vie de foi et de s’engager socialement, de ne pas négliger la vie spirituelle en famille,
et d’éduquer chrétiennement leurs enfants. Une recommandation intéressante concerne
le dialogue en famille et le sens du pardon et de la réconciliation.
La
problèmatique de la dot, aujourd'hui dénaturée
Dans le contexte africain,
les Conférences épiscopales d’Afrique Centrale s’inquiète des dérives concernant la
dot pour les mariages. « Initialement, la dot est conçue comme un symbole, comme
un échange de cadeaux et approfondissement des relations entre familles. Aujourd’hui,
elle s’est dénaturée et freine l’engagement de nombreux jeunes. De plus, elle dévalorise
la dignité de la femme considérée comme une marchandise. Il convient de travailler
à restituer à la dot sa valeur symbolique initiale. » Il est question aussi de
lutter contre les discriminations au sein des familles : « Les femmes, les jeunes,
les enfants, les personnes âgées, les veuves et les orphelins… sont parfois objets
de discriminations et même de violence dans la famille et dans la société. La pastorale
familiale, avec le concours des Commissions «Justice et Paix» doivent lutter pour
l’éradication de ces discriminations. »
Les dernières résolutions concernent
une pastorale active pour les mariages mixtes et interreligieux, la lutte contre les
sectes « qui ne cessent de faire des ravages dans nos Eglises et dans nos familles,
y semant la division et le désarroi.» Mais aussi la lutte contre la croyance en la
sorcellerie : « Ces croyances et accusations reposent souvent sur une mauvaise
interprétation de la tradition et une lecture fondamentaliste de la Bible. D’où la
nécessité d’une pastorale de la rationalité, qui repose sur une spiritualité éclairée
et solide. » Les évêques s’adressent enfin aux pouvoirs publics pour leur rappeler
que « certaines politiques sociales mises en place vont à l’encontre du bien des
familles. »