2014-07-13 14:30:41

La Repubblica


(RV) Le quotidien italien La Repubblica publie à la Une, ce dimanche 13 juillet, un article signé par son fondateur et ancien directeur. Eugenio Scalfari dresse un compte-rendu de son nouvel entretien avec le Pape jeudi dernier au Vatican. L'entretien porte « principalement » sur les thèmes des abus sexuels sur mineurs et le comportement de l’Eglise envers la mafia.
Dans une note, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège qualifie cet entretien de « cordial et très intéressant », mais fait noter, « comme il l’a déjà fait dans des circonstances analogues », que les paroles qu’Eugenio Scalfari attribue au Pape entre guillemets, sont « le fruit de sa mémoire de journaliste expert, non une transcription précise d’un enregistrement, et encore moins d’un contrôle de la part de l’intéressé à qui sont attribués ces propos ». Le père Lombardi stipule qu’on « ne peut, ni ne doit parler d’aucune manière d’une interview au sens habituel du terme, comme si était rapportée une série de questions et de réponses illustrant avec fidélité et certitude la pensée précise de l’interlocuteur ».

Les expressions citées ne peuvent être attribuées avec certitude au Pape

« Donc, si l’on peut estimer que l’ensemble de l’article rapporte le sens et l’esprit de l’entretien entre le Saint-Père et Scalfari, poursuit le père Lombardi, il convient de rappeler avec force ce qui a déjà été dit lors des précédentes “interviews” apparues dans La Repubblica, à savoir que les expressions citées dans la formulation rapportée, ne peuvent être attribuées avec certitude au Pape ».

Le directeur de la salle de Presse du Saint-Siège cite deux affirmations « en particulier » parce qu’elles ont « beaucoup attiré l’attention » et qu’au « contraire elle ne sont pas attribuables au Pape », à savoir que parmi les pédophiles, il y aurait aussi des cardinaux, et que le Pape aurait dit à propos du célibat des prêtres qu’il « trouvera des solutions ».

Dans l’article publié par La Repubblica, ces deux affirmations sont clairement attribuées au Pape, mais « curieusement », précise enfin le père Lombardi, « les guillemets sont ouverts, mais pas refermés… Il manque simplement les guillemets de fin…. Oubli ou reconnaissance explicite qu’on fait une manipulation pour les lecteurs ingénus ? » s'interroge le porte-parole du Saint-Siège.

Ce que dit le compte-rendu d’Eugenio Scalfari

Pédophilie, mafia, repentir et éducation : ce sont les thèmes abordés lors de l’entretien entre le Pape et Eugenio Scalfaro, comme le rapporte le journaliste en personne dans La Repubblica. Le Pape explique que, selon certains, le fait qu’il y ait 2% de pédophiles dans l’Eglise devrait le rassurer, mais que lui, au contraire, y voit une donnée très grave. Le Pape condamne ceux qui dans l’Eglise savent, mais taisent de tels faits, ou ceux qui punissent au sein de l’Eglise mais sans dénoncer les faits. Il répète donc son intention de continuer à affronter avec la sévérité requise ce qu’il définit comme la lèpre de la pédophilie.

Il y a ensuite le thème de la mafia. Le Pape souligne que la condamnation de l’Eglise ne sera pas ponctuelle, mais constante. Il affirme qu’il aimerait en savoir plus sur la mentalité des mafieux et sur la forme de religiosité que ces derniers pensent vivre.

Eugenio Scalfaro interroge le Pape sur la valeur du repentir en fin de vie. Le pape rappelle que Dieu sait. Nous, nous ne pouvons pas juger si le repentir est vrai ou faux, mais Dieu sait et juge. Cela vaut, poursuit le Pape, même pour ceux qui font du mal en étant de bonne foi et en pensant faire le bien. La Loi du Seigneur, explique le Pape, c’est le Seigneur qui l’établit et non sa créature. Nous, nous savons seulement, parce que c’est le Christ qui nous a dit que le Père connait les créatures qu’il a créées et que rien n’est un mystère pour Lui. François ajoute ensuite que sur le thème du mal et de la conscience, il faut examiner en profondeur les livres de sagesse de la Bible et de l’Evangile. Il rappelle que ce sont des questions centrales pour la théologie, mais aussi pour la culture moderne, soulignant que tout cela touche un point capital du Concile Vatican II.

D’autres points ont été évoqués. Concernant l’éducation, le Pape exprime sa tristesse lorsqu’il constate que l’éducation, comme devoir premier envers ses propres enfants, semble avoir fui les maisons. Souvent les parents se laissent prendre par tant de tâches. Pour lui, il s’agit d’une terrible omission. Il explique que l’éducation signifie accompagner avec amour les petits vers le bien, les encourager et les stimuler à construire leurs personnalités et à échanger avec celles des autres. Cela signifie raconter des fables de la vie, et quand le temps a passé, la réalité. C’est comme cultiver une fleur quand on la protège du mauvais temps, des parasites.







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