(RV) Le quotidien italien La Repubblica publie à la Une, ce dimanche 13 juillet,
un article signé par son fondateur et ancien directeur. Eugenio Scalfari dresse un
compte-rendu de son nouvel entretien avec le Pape jeudi dernier au Vatican. L'entretien
porte « principalement » sur les thèmes des abus sexuels sur mineurs et le
comportement de l’Eglise envers la mafia. Dans une note, le directeur de la salle
de presse du Saint-Siège qualifie cet entretien de « cordial et très intéressant
», mais fait noter, « comme il l’a déjà fait dans des circonstances analogues
», que les paroles qu’Eugenio Scalfari attribue au Pape entre guillemets, sont «
le fruit de sa mémoire de journaliste expert, non une transcription précise d’un enregistrement,
et encore moins d’un contrôle de la part de l’intéressé à qui sont attribués ces propos
». Le père Lombardi stipule qu’on « ne peut, ni ne doit parler d’aucune manière
d’une interview au sens habituel du terme, comme si était rapportée une série de questions
et de réponses illustrant avec fidélité et certitude la pensée précise de l’interlocuteur
».
Les expressions citées ne peuvent être attribuées avec certitude au
Pape
« Donc, si l’on peut estimer que l’ensemble de l’article rapporte
le sens et l’esprit de l’entretien entre le Saint-Père et Scalfari, poursuit le
père Lombardi, il convient de rappeler avec force ce qui a déjà été dit lors des
précédentes “interviews” apparues dans La Repubblica, à savoir que les expressions
citées dans la formulation rapportée, ne peuvent être attribuées avec certitude au
Pape ».
Le directeur de la salle de Presse du Saint-Siège cite deux affirmations
« en particulier » parce qu’elles ont « beaucoup attiré l’attention »
et qu’au « contraire elle ne sont pas attribuables au Pape », à savoir que
parmi les pédophiles, il y aurait aussi des cardinaux, et que le Pape aurait dit à
propos du célibat des prêtres qu’il « trouvera des solutions ».
Dans
l’article publié par La Repubblica, ces deux affirmations sont clairement attribuées
au Pape, mais « curieusement », précise enfin le père Lombardi, « les guillemets
sont ouverts, mais pas refermés… Il manque simplement les guillemets de fin…. Oubli
ou reconnaissance explicite qu’on fait une manipulation pour les lecteurs ingénus
? » s'interroge le porte-parole du Saint-Siège.
Ce que dit le compte-rendu
d’Eugenio Scalfari
Pédophilie, mafia, repentir et éducation : ce sont
les thèmes abordés lors de l’entretien entre le Pape et Eugenio Scalfaro, comme le
rapporte le journaliste en personne dans La Repubblica. Le Pape explique que,
selon certains, le fait qu’il y ait 2% de pédophiles dans l’Eglise devrait le rassurer,
mais que lui, au contraire, y voit une donnée très grave. Le Pape condamne ceux qui
dans l’Eglise savent, mais taisent de tels faits, ou ceux qui punissent au sein de
l’Eglise mais sans dénoncer les faits. Il répète donc son intention de continuer à
affronter avec la sévérité requise ce qu’il définit comme la lèpre de la pédophilie.
Il
y a ensuite le thème de la mafia. Le Pape souligne que la condamnation de l’Eglise
ne sera pas ponctuelle, mais constante. Il affirme qu’il aimerait en savoir plus sur
la mentalité des mafieux et sur la forme de religiosité que ces derniers pensent vivre.
Eugenio
Scalfaro interroge le Pape sur la valeur du repentir en fin de vie. Le pape rappelle
que Dieu sait. Nous, nous ne pouvons pas juger si le repentir est vrai ou faux, mais
Dieu sait et juge. Cela vaut, poursuit le Pape, même pour ceux qui font du mal en
étant de bonne foi et en pensant faire le bien. La Loi du Seigneur, explique le Pape,
c’est le Seigneur qui l’établit et non sa créature. Nous, nous savons seulement, parce
que c’est le Christ qui nous a dit que le Père connait les créatures qu’il a créées
et que rien n’est un mystère pour Lui. François ajoute ensuite que sur le thème du
mal et de la conscience, il faut examiner en profondeur les livres de sagesse de la
Bible et de l’Evangile. Il rappelle que ce sont des questions centrales pour la théologie,
mais aussi pour la culture moderne, soulignant que tout cela touche un point capital
du Concile Vatican II.
D’autres points ont été évoqués. Concernant l’éducation,
le Pape exprime sa tristesse lorsqu’il constate que l’éducation, comme devoir premier
envers ses propres enfants, semble avoir fui les maisons. Souvent les parents se laissent
prendre par tant de tâches. Pour lui, il s’agit d’une terrible omission. Il explique
que l’éducation signifie accompagner avec amour les petits vers le bien, les encourager
et les stimuler à construire leurs personnalités et à échanger avec celles des autres.
Cela signifie raconter des fables de la vie, et quand le temps a passé, la réalité.
C’est comme cultiver une fleur quand on la protège du mauvais temps, des parasites.