Pape François : « une génération sans travail, c'est une défaite pour l'humanité »
(RV) Le Pape poursuit sa visite pastorale dans le Molise. Après une rencontre avec
le monde du travail et de l’industrie, à Campobasso, et la messe célébrée dans le
stade de la ville, François rencontrait cet après-midi les jeunes du Molise et des
Abruzzes, au sanctuaire marial de Castelpetroso, où l’on vénère Notre Dame des Douleurs,
patronne de la région. A son arrivée, le Pape s’est recueilli en prière à l’intérieur
du sanctuaire, là où en 1888, la Vierge Marie apparut à deux jeunes filles, Fabiana
et Serafina.
« la culture du provisoire »
Après avoir
écouté les mots de bienvenue de Mgr Santoro, évêque d’Avezzano, et délégué pour la
pastorale des jeunes du diocèse, ainsi que le témoignage de Sara, jeune étudiante
de 29 ans, porte-parole d’une jeunesse éprouvée, en butte au chômage et à la précarité,
mais ouverte à l’espérance, le Pape s’est adressé aux quelque 20 000 jeunes rassemblés
sur le parvis du sanctuaire.
François a salué leur enthousiasme, leur ouverture,
et les a encouragés à écouter leurs aspirations, et à aller à contre-courant des modèles
proposés. Cheminer, marcher vers quelque chose n’est pas errer, a souligné le Pape.
« La vie n’est pas faite pour qu’on y erre, mais pour cheminer, c’est là votre
défi ! » a-t-il lancé aux jeunes, sous un tonnerre d’applaudissements.
La
société contemporaine et sa « culture du provisoire », a affirmé le Pape «
n’offre pas un climat favorable pour faire les choix d’une vie stable, bâtie sur
le roc de l’amour et de la responsabilité, plutôt que sur le sable de l’émotion du
moment ». L’aspiration à l’autonomie individuelle pousse à tout remettre en question,
à briser sans hésiter des choix importants, des parcours de vie. Cela entretient la
superficialité dans les prises de responsabilités.
« Et pourtant, chers
jeunes, a continué le Pape, le cœur humain aspire à des choses grandes, à des
valeurs importantes (…). L’être humain aspire à aimer et à être aimé ». « La
culture du provisoire n’exalte pas notre liberté, constate François, mais elle
nous prive des objectifs les plus vrais et authentiques ». Et le Pape d’interpeller
les jeunes : « ne vous laissez pas voler votre désir de construire des choses belles
et grandes dans votre vie ! Ne vous contentez pas de petits objectifs ! Visez le bonheur,
ayez le courage, le courage de sortir de vous-mêmes, et de jouer votre avenir avec
Jésus ».
« Soyez courageux, forts et solidaires !»
«
Seuls, nous ne pouvons le faire, a reconnu le Pape. « Et c’est là qu’intervient
l’invitation du Christ : ‘si tu le veux, suis-moi’, pour nous accompagner sur le chemin,
non pour nous exploiter ou faire de nous des esclaves ». « C’est seulement
avec Jésus, en le priant, et en le suivant, que nous trouvons clarté de vision et
force pour aller de l’avant », a ajouté le Pape. « Il ne nous enlève pas notre
autonomie ou notre liberté, au contraire. Il fortifie nos fragilités, nous permet
d’être vraiment libres, libres de faire le bien, forts pour continuer à le faire,
capables de pardonner , et capables de demander pardon ».
« Dieu ne
se lasse pas de nous pardonner », a continué François. C’est en se confiant à
lui, que « vous aurez le courage et l’espérance d’affronter les difficultés dérivant
des effets de la crise économique ». « Je ne peux pas ne pas évoquer un problème
qui vous touche, vous les jeunes, aujourd’hui », a alors déclaré François, sortant
de son texte, évoquant le problème du chômage, qui frappe de plein fouet la jeunesse
du Molise. « C’est triste de voir les jeunes qui n’étudient pas, parce qu’ils n’en
ont pas les moyens, ou qui ne travaillent pas. C’est le défi que nous devons remporter
ensemble ! » a alors lancé le Pape. « Le travail, c’est la dignité. Une génération
sans travail, c’est une défaite pour la nation et l’humanité, et nous devons travailler
ensemble pour éviter cela, aider les uns et les autres à trouver le chemin de la solidarité
». La solidarité est une parole qui ne plait pas au monde contemporain, a encore affirmé
François. « ce n’est pas une insulte, c’est une parole chrétienne ! Vous les jeunes,
vous devez être courageux, forts et solidaires ! » a conclu le Pape, avant de
prier un Ave Maria, et de demander aux jeunes de prier pour lui.
Photo
: Le Pape s'adressant aux jeunes du Molise, sur le parvis du sanctuaire marial
de Castelpetroso.