Argentine: verdict attendu dans l'assassinat de Mgr Angelelli
(RV) C’est ce vendredi que devrait tomber en Argentine le verdict très attendu concernant
la mort d’un évêque à l’époque de la dictature militaire. Officiellement, Mgr Enrique
Angelelli, qui s’opposait ouvertement à la dictature, est mort dans un accident de
la route en 1976. Il venait de célébrer une messe en mémoire de deux prêtres dont
un Français Gabriel Longueville, qui faisait partie du Mouvement des prêtres pour
le Tiers monde. Leurs corps criblés de balles avaient été retrouvés, les yeux bandés,
dans un terrain vague de la ville. L’évêque venait de constituer un dossier sur l’assassinat
des deux prêtres.
Il avait avec lui une sacoche, disparue ce jour-là. Dans
une lettre, quelques jours avant sa mort, il affirmait que les prêtres et les religieux
étaient entravés dans l’exercice de leur mission : fréquemment humiliés, convoqués
et pillés par la police sur ordre de l’armée. En 1986, déjà, la justice argentine
avait conclu que la mort de Mgr Angelelli n’était pas accidentelle, mais deux ans
plus tard, les assassins présumés bénéficièrent d’un non-lieu. Aujourd’hui, deux ex-officiers
dont un général siègent sur le banc des accusés.
L’épiscopat local a reconnu
que le pape François suivait de très près le déroulement du procès et que des éléments
cruciaux avaient été fournis aux enquêteurs. En 2006, Mgr Bergoglio avait organisé
des commémorations pour le 30° anniversaire de la mort de Mgr Angelelli. Il avait
rendu hommage à cette victime de la désinformation, de la diffamation et de la calomnie.
Selon les organisations des droits de l’homme, un évêque, au moins dix prêtres, deux
séminaristes et cinq agents pastoraux ont été tués pendant la dictature. Dix autres
prêtres, sept séminaristes et 45 agents pastoraux sont considérés comme disparus.
Les fidèles ont été invités à se réunir en prière dans l’attente du verdict.
Photo:
le dictateur argentin Jorge Videla, en 1978