2014-07-02 12:23:43

Dialogue interreligieux : décès de Mahmoud Azab


(RV) Le monde du dialogue interreligieux en deuil. Mahmoud Azab, conseiller pour le dialogue interreligieux auprès du grand imam de l’université Al-Azhar au Caire, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche 29 juin. Ancien professeur de langues sémitiques (hébreu, arabe) à Al Azhar, il a aussi enseigné en France à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) où il fut professeur associé d'arabe classique et professeur titulaire d'islamologie. Il fut également amené à exercer dans différentes universités africaines au Tchad et au Niger.

L’annonce de son décès a suscité de nombreuses réactions dont celle du père Christophe Roucou, le directeur du service national pour les relations avec l’islam de la conférence des évêques de France. C’est une « très triste nouvelle pour tous les acteurs du dialogue entre chrétiens et musulmans», a-t-il réagi.

Hommage aussi de la part du ministère français des Affaires étrangères envers « un grand intellectuel, docteur en études sémitiques de la Sorbonne, qui a formé des générations de jeunes français à la langue et la civilisation arabes. »

Radio Vatican l’avait rencontré en octobre 2013 à la Communauté de Sant’Egidio à Rome dans le cadre d’une rencontre internationale pour la paix. Mahmoud Azab était intervenu à la tribune pour parler du dialogue entre chrétiens et musulmans en Egypte. Il était revenu au micro de Xavier Sartre sur les sur la situation qui prévaut dans son pays, sur les relations entre musulmans et coptes, sur la place des coptes dans la société égyptienne et sur le futur du pays RealAudioMP3

Je participe à beaucoup de forums qui préparent l’Égypte pour l’avenir. Je vois exactement la moitié dans toutes les délégations. Les coptes sont très présents. Les chrétiens, tous. Les grands intellectuels sont très présents et là en général leur voix est très claire. Nous sommes tout à fait d’accord avec la citoyenneté. Il faut respecter et se baser sur la citoyenneté. Coptes ou musulmans, nous sommes des citoyens égyptiens, tous pareils : « égalité devant la loi ». En plus, Al Ahar a créé la maison de la famille égyptienne, le projet de l’imam d’Al Azhar pour protéger l’Égypte unie. Musulmans et chrétiens se rassemblent avec Al Azhar, l’Église copte orthodoxe et les trois autres Églises avec leurs chefs et beaucoup de musulmans et chrétiens hors du clergé. Et-je le répète- ils ont fait des efforts avec deux objectifs. Le premier : diffuser un discours qui se concentre sur les grandes valeurs musulmanes et chrétiennes, l’islam et le christianisme et les particularités de l’Égypte, un pays de paix depuis des siècles et des millénaires. Et étudions ensemble les problèmes sur les malentendus islamo-chrétiens, les vraies raisons. On démasque souvent des problèmes qui étaient très souvent politiques mais qui étaient cachés. On travaille jour et nuit. Et même pour la Constitution, il y a une délégation d’Al Azhar, une délégation de l’Église. Elles se réunissent très souvent avant d’aller discuter avec tous les autres, avec les 50 membres. Surtout au début, nous étions d’accord, l’Église et nous, sur les valeurs de l’Égypte, l’identité égyptienne. L’Égypte est un pays civilisé, tolérant depuis des millénaires et elle doit continuer comme cela.

Autrement dit, si je vous comprends bien, vous étiez opposés aux Frères Musulmans et à la voix que le Président Morsi avait prise ?
On s’oppose à toute voix qui oublie ou qui nie ou ne connait pas les vérités de l’Égypte. C’est un peuple civil et civilisé qui veut vivre en paix, qui a sa foi musulmane et chrétienne, sans fanatisme, sans impliquer la religion partout. Le respect de l’État et de ces institutions ne doit pas être soumis à un groupe ni à un parti quelconque, religieux ou autre. Donc tout ce qu’ils essayaient de faire, nous serons contre parce que ce n’est pas nous qui le décidons, c’est le peuple égyptien qui a choisi le 30 juin. Mais malheureusement l’Occident ne veut pas voir ces vérités. Et c’est pourquoi je tiens à critiquer cette incompréhension. Quand on essaye chez nous d’améliorer, d’arrêter la violence, au nom de la démocratie on nous dit de ne pas nous en prendre à ceux qui veulent détruire ou qui veulent du mal aux égyptiens. Donc il faut que l’Occident soit cohérent et authentique dans son discours, qu’il aide l’Égypte à être un peu plus consciente pour que les musulmans et chrétiens retrouvent leur vraie identité.

Est-ce qu’on peut dire que vous êtes pour une Égypte laïque ?
Le mot « laïc » a une très mauvaise réputation chez nous. Je pense que quand vous dites laïc dans le monde arabe, c’est comme si vous étiez contre les religions. Vous acceptez en France, en Europe ou ailleurs quelque chose de ce type. Les Égyptiens sont très croyants et pratiquants, musulmans ou chrétiens. On dit, dans la déclaration d’Al Ahzar que nous avons écrite ensemble, chrétiens et musulmans, que nous voulons un pays, un État démocrate, constitutionnel et moderne.










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