2014-07-01 16:07:03

Cardinal Onaiyekan : « La corruption est un moyen de mourir »


(RV) Entretien - Enlèvements, attentats, attaques de villages par la secte islamiste Boko Haram, corruption, violences, inégalités sociales : le Nigéria souffre de plusieurs maux symptomatiques d’une société gangrénée par la corruption, l’absence de bonne gouvernance, et la recherche de l’intérêt particulier. L’Eglise catholique du pays a décidé de se mobiliser et d’organiser un semestre de prière pour le retour de la paix.

A partir de ce 1er juillet, et pour les six prochains mois, la conférence des évêques catholiques du Nigéria appelle les fidèles à prier au niveau familial, en récitant ensemble à la maison, le rosaire tous les samedis soirs ; au niveau paroissial, en récitant le rosaire et en participant à une adoration eucharistique tous les derniers dimanches du mois, avec tous les ecclésiastiques ; au niveau national, en participant à un pèlerinage national les 13 et 14 juillet prochains à Abuja, au Centre national chrétien.

Les fidèles sont appelés à prier pour le salut et le retour de toutes personnes enlevées, pour les victimes de la violence, pour les soldats, policiers et agents de sécurité qui ont perdu la vie, pour l’unité, la paix et la bonne gouvernance au Nigéria, pour l’éradication de la corruption et la promotion de la justice et pour la promotion des valeurs de la famille et la protection de la ville.

Le cardinal John Onaiyekan, archevêque d’Abuja, revient avec Xavier Sartre sur ces intentions de prière, et notamment sur celle concernant le mal principal du pays, la corruption RealAudioMP3

Un bon gouvernement s’exprime, dans le domaine de la corruption, par son honnêteté à gouverner. Nous avons toujours dit que si l’on ne fait rien pour arrêter la corruption, cela va détruire notre pays. Il est clair que le pays ne peut pas rester debout si les gouverneurs ne pensent pas aux personnes normales et s’ils volent tout l’argent. Ce ne sont pas simplement de petits vols mais il s’agit de grandes sommes d’argent.
La corruption est devenue endémique, systématique. Peut-être que celui qui corrompt ne sait plus distinguer le bien et le mal car c’est devenu presque un moyen de vivre. Mais maintenant, nous commençons à reconnaître que c’est un moyen de mourir et non pas de vivre. On peut prendre un exemple très simple. On voit maintenant que parmi les problèmes que rencontrent les forces de sécurité dans leur effort pour combattre le terrorisme, il y a le fait que beaucoup d’argent qui leur était destiné ne leur arrivent pas. Et souvent, l’argent qui leur arrive ne parvient pas aux petites gens sur les champs de bataille.
Si on n’arrête pas ces choses-là, il sera vraiment difficile d’avoir confiance dans l’armée nigériane. On entend souvent parler les services de renseignement des autres pays et particulièrement des Américains. Donc, l’armée nigériane est tellement mauvaise qu’on ne peut pas avoir confiance. Tout cela montre que s’il n’y a pas un minimum de bonne gouvernance, on ne peut pas continuer à vivre dans un pays sans paix et sans justice.

Comment faire pour combattre cette corruption ? Comment faire pour convaincre le gouvernement d’agir réellement et efficacement ?
C’est une maladie dont tout le monde connaît les causes. Tout le monde en parle. Même les gens qui sont au gouvernement parlent de corruption mais ils ne font pas grand chose pour la combattre. Il y a toujours des révélations retentissantes à propos de beaucoup d’argent disparu au Nigéria. On attend mais les coupables ne sont jamais identifiés et punis. Donc, au Nigéria, se crée cette situation où il y a beaucoup de vols mais aucun voleur.
Pourquoi ? Parce que les voleurs sont toujours ces mêmes personnes qui devaient être identifiées, attrapées et punies. Cela veut dire que c’est le gouvernement même qui commet le vol. Lorsqu’on en arrive à un tel niveau, la situation devient difficile. Moi, personnellement, je ne comprends pas.
Parfois, il est dit que le président n’a pas le courage de se mettre à dos les personnes qui tiennent les rênes du pouvoir du pays et que le président ne peut pas les toucher. Je ne comprends pas cela car c’est le président qui a la responsabilité de tout le pays et non pas ces personnes qu’on ne connait pas.
C’est peut-être pour cela qu’il est également nécessaire qu’on cherche des moyens spirituels, non pas pour convaincre mais convertir les gens. Il n’est pas question de convaincre. On convainc les gens qui ne savent pas ce qu’ils font mais en fait, ils le savent très bien. Nous croyons qu’il y a toujours de l’espace pour la prière et pour l’action de l’Esprit Saint, particulièrement dans un pays où tout le monde se dit religieux. Ils sont soit chrétiens soit musulmans.








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