François remet le pallium à plusieurs Archevêques africains
Dans la matinée de ce dimanche 29 juin 2014, le Pape François a présidé la messe dans
la basilique Saint-Pierre. Une messe au cours de laquelle il a notamment remis
le pallium à 24 nouveaux archevêques métropolitains dont quatre africains : Mgr
Gabriel Leke Abegunrin, Archevêque de Ibadan au Nigéria. Mgr Thomas Luke
Msusa, Archevêque de Blantyre au Malawi. Mgr Benjamin Marc Balthason Ramaroson,
Archevêque d’Antsiranana à Madagascar. Mgr Emmanuel Obbo, Archevêque de
Tororo en Ouganda. Le pallium est une bande d’étoffe de laine blanche qui posée
sur les épaules représente la brebis portée par le berger comme le Christ, et donc
symbole de la charge pastorale de celui qui le porte. L’évêque de Rome la confère
aux archevêques métropolitains et aux primats comme symbole de leur juridiction en
communion avec le Siège de Pierre. Avant de débuter son homélie, François a notamment
salué la Délégation envoyée par le Patriarche œcuménique, Bartolomeo, conduite par
le Métropolite Ioannis.
Aux débuts du service de Pierre dans la communauté
chrétienne de Jérusalem, a poursuivi François, il y avait encore une grande peur.
A cause, a-t-il ajouté, des persécutions d’Hérode contre certains membres de l’Église. Mais
dit le Pape, le témoignage de l’Apôtre Pierre nous rappelle que notre véritable refuge
est la confiance en Dieu : elle éloigne toute peur et nous rend libres de tout esclavage
et de toute tentation mondaine. Aujourd’hui, l’Évêque de Rome et les autres Évêques,
spécialement les Métropolites qui ont reçu le Pallium, nous nous sentons interpellés
par l’exemple de saint Pierre à vérifier notre confiance dans le Seigneur.
S’adressant
spécialement aux évêques, leur a demandé de quoi ont-ils peur ? Cherchons-nous
s’est-il interrogé l’appui de ceux qui détiennent le pouvoir dans ce monde ? Ou nous
nous laissons tromper par l’orgueil qui recherche les gratifications et les reconnaissances,
et alors on a l’impression d’être en sécurité ? Le Pape a ensuite invité à suivre
Jésus dans la prédication de l’Évangile. Suivre le Christ afin qu’à personne ne manque
la Parole de vie, qui libère de toute peur et donne confiance dans la fidélité de
Dieu. Toi, suis-moi !
L’intégralité de l’homélie du Pape :
En
cette solennité des saints Apôtres Pierre et Paul, patrons principaux de Rome, nous
accueillons avec joie et reconnaissance la Délégation envoyée par le Patriarche œcuménique,
le vénéré et aimé frère Bartolomeo, conduite par le Métropolite Ioannis. Nous prions
le Seigneur pour que cette visite puisse aussi renforcer nos liens fraternels sur
le chemin vers la pleine communion entre les deux Églises sœurs, que nous désirons
tant.
« Le Seigneur a envoyé son ange et il m’a arraché aux mains d’Hérode
» (Ac 12, 11). Aux débuts du service de Pierre dans la communauté chrétienne de Jérusalem,
il y avait encore une grande peur à cause des persécutions d’Hérode contre certains
membres de l’Église. Il y avait eu le meurtre de Jacques, et maintenant la captivité
de Pierre lui-même pour faire plaisir au peuple. Tandis qu’il était en prison et enchaîné,
il entend la voix de l’Ange qui lui dit : « Lève-toi vite !… Mets ta ceinture et tes
sandales … Mets ton manteau et suis-moi » (Ac 12, 7-8). Les chaînes tombent et la
porte de la prison s’ouvre toute seule. Pierre s’aperçoit que le Seigneur l’« a arraché
aux mains d’Hérode » ; il se rend compte que Dieu l’a libéré de la peur et des chaînes.
Oui, le Seigneur nous libère de toute peur et de toute chaîne, afin que nous puissions
être vraiment libres. La célébration liturgique d’aujourd’hui exprime bien cette réalité,
avec les paroles du refrain du psaume responsorial : « Le Seigneur m’a libéré de toute
peur ». Tel est le problème, pour nous, de la peur et des refuges pastoraux. Je
me demande, chers frères Évêques : avons-nous peur ? De quoi avons-nous peur ? Et
si nous avons peur, quels refuges cherchons-nous, dans notre vie pastorale, pour être
en sécurité ? Nous cherchons peut-être l’appui de ceux qui ont le pouvoir en ce monde
? Ou bien nous laissons-nous tromper par l’orgueil qui cherche des gratifications
et des reconnaissances, qui semblent nous mettre en sécurité ? Chers frères Évêques,
où plaçons-nous notre sécurité ?
Le témoignage de l’Apôtre Pierre nous rappelle
que notre véritable refuge est la confiance en Dieu : elle éloigne toute peur et nous
rend libres de tout esclavage et de toute tentation mondaine. Aujourd’hui, l’Évêque
de Rome et les autres Évêques, spécialement les Métropolites qui ont reçu le Pallium,
nous nous sentons interpellés par l’exemple de saint Pierre à vérifier notre confiance
dans le Seigneur. Pierre retrouve la confiance quand Jésus lui dit par trois fois:
« Pais mes brebis » (Jn 21.15.16.17). Et en même temps, Simon confesse par trois fois
son amour pour Jésus, réparant ainsi le triple reniement de la passion. Pierre sent
encore brûler en lui la blessure de cette désillusion causée au Seigneur, la nuit
de la trahison. Maintenant qu’il lui demande : « M’aimes-tu ? », Pierre ne compte
pas sur lui-même ni sur ses propres forces, mais sur Jésus et sur sa miséricorde :
« Seigneur tu sais tout ; tu sais que je t’aime » (Jn 21, 17). Et ainsi disparaît
la peur, l’insécurité, la pusillanimité.
Pierre a expérimenté que la fidélité
de Dieu est plus grande que nos infidélités et plus forte que nos reniements. Il se
rend compte que la fidélité du Seigneur éloigne nos peurs et dépasse toute imagination
humaine. À nous aussi, aujourd’hui, Jésus pose la question : « M’aimes-tu ? ». Il
le fait justement parce qu’il connaît nos peurs et nos efforts. Pierre nous montre
la route : se confier à Lui, qui « connaît tout » de nous, nous fiant non pas tant
à notre capacité d’être fidèles, qu’à sa fidélité inébranlable. Jésus ne nous abandonne
jamais, parce qu’il ne peut se renier lui-même (cf. Tm 2, 13). Il est fidèle. La fidélité
que Dieu nous assure inlassablement, à nous aussi, Pasteurs, au-delà de nos mérites,
est la source de notre confiance et de notre paix. La fidélité du Seigneur à notre
égard tient toujours éveillé en nous le désir de le servir et de servir les frères
dans la charité.
L’amour de Jésus doit suffire à Pierre. Il ne doit pas céder
à la tentation de la curiosité, de l’envie, comme lorsque, voyant Jean proche de lui,
il demande à Jésus : « Seigneur, et lui ? » (Jn 21, 21). Mais Jésus, devant ces tentations,
lui répond : « Que t’importe ? Toi, suis-moi » (Jn 21, 22). Cette expérience de Pierre
constitue un message important aussi pour nous, chers frères Archevêques. Le Seigneur
aujourd’hui me répète à moi, ainsi qu’à vous, et à tous les Pasteurs : Suis-moi !
Ne perds pas de temps en questions ou en bavardages inutiles ; ne t’arrête pas sur
les choses secondaires, mais regarde l’essentiel et suis-moi. Suis-moi malgré les
difficultés. Suis-moi dans la prédication de l’Évangile. Suis-moi dans le témoignage
d’une vie qui correspond au don de la grâce du Baptême et de l’Ordination. Suis-moi
en parlant de moi à ceux avec lesquels tu vis, jour après jour, dans l’effort du travail,
du dialogue et de l’amitié. Suis-moi dans l’annonce de l’Évangile à tous, spécialement
aux derniers, afin qu’à personne ne manque la Parole de vie, qui libère de toute peur
et donne confiance dans la fidélité de Dieu. Toi, suis-moi !