Présentation de l'instrumentum laboris du Synode sur la famille
(RV) L’Instrumentum laboris, document préparatoire de la 3ème assemblée générale extraordinaire
du synode des évêques qui aura lieu du 5 au 19 octobre prochain, a été présenté ce
jeudi en salle de presse du Saint-Siège. Ce rendez-vous synodal aura pour thème «
les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ».
Le
compte-rendu de Jean-Baptiste Cocagne :
L’Instrumentum
laboris est la synthèse des réponses des épiscopats du monde entier (90 % ont répondu)
et des différents dicastères de la Curie romaine au questionnaire inédit sur la famille
envoyé par le Pape François en novembre 2013. Des réponses qui n’éludent aucun des
défis posés à la famille catholique aujourd’hui : familles monoparentales, attitude
face aux unions entre personnes de même sexe, question des divorcés remariés, polygamie
etc.Toutes ces réponses ont été compilées en 80 pages et été structurées en trois
parties : « Communiquer l’Évangile de la famille aujourd’hui », « la pastorale
de la famille face aux nouveaux défis » et « l’ouverture à la vie et la responsabilité
éducative ».
Trouver de nouveaux langages
Première constatation
: les fidèles ne connaissent pas suffisamment la définition biblique de la famille,
c’est-à-dire « un mariage entre un homme et une femme, créés à l’image de Dieu
et collaborateurs du Seigneur dans l’accueil et la transmission de la vie ». Une
méconnaissance où l’Eglise reconnaît aussi sa responsabilité dans ce constat de certains
prêtres peu préparés et « qui ne savent pas affronter de façon pertinente la question
du mariage et de la famille ». Pour les diocèses, il devient urgent de trouver
de nouveaux langages pour transmettre les enseignements de l’Eglise et aller « à
l’encontre de la privatisation de la famille » et d’une culture dominante centrée
autour de l’hédonisme et de l’épanouissement individuel, dans laquelle « les enfants
peuvent être vus, parfois, comme un obstacle au bien-être personnel ».
La
famille doit plutôt tendre à devenir une vraie « Eglise domestique » où la transmission
de la foi aux enfants est une responsabilité, un devoir lié au mariage. Avec l’occasion
offerte par ce synode extraordinaire, l’Eglise veut montrer que l’on peut vivre la
famille de façon épanouie, en étant unis face aux épreuves. « Ce serait une erreur
de croire que l’objectif du synode serait simplement de dénoncer une doctrine particulière
que l’Eglise voudrait imposer aux sociétés, mais il est plutôt de partager avec la
société humaine une réflexion, éclairée par la foi, sur une expérience que beaucoup
d’hommes et de femmes connaissent et vivent en ce monde, et qui est donc un terrain
privilégié pour une nouvelle évangélisation » a souligné le cardinal André Vingt-Trois,
président délégué du Synode et qui représente l’Europe.
Accompagner le couple
avant et après le mariage
La fidélité et la responsabilité des parents
envers la société et leurs propres enfants font écho à la fidélité et la responsabilité
de l’amour donné par Dieu. A partir des réponses reçues des diocèses, le cardinal
Vingt-Trois a détaillé trois points importants à développer : la préparation sérieuse
au mariage, l’importance de l’accompagnement des couples après le mariage et l’éducation
des enfants.
Sur la question des unions entre personnes de même sexe, « toutes
les conférences épiscopales se sont exprimées contre une « redéfinition » du mariage
entre un homme et une femme en introduisant une législation permettant l’union entre
deux personnes du même sexe ». Mais l’accent est mis sur une attitude « miséricordieuse,
sans jugement, envers les personnes concernées ». Certaines conférences épiscopales
ont également demandé de la clémence et de l’indulgence envers les divorcés remariés,
et un accompagnement « positif et stimulant » pour ceux qui souffrent des «
accidents du mariage » selon l’expression du cardinal Vingt-Trois, comme par
exemple les mères célibataires et les « unions de fait », qui sont statistiquement
importantes dans certaines régions du monde aujourd’hui.
Enfin, l’Instrumentum
laboris ne cache pas le « contre-témoignage » qui existe dans l’Eglise avec
les scandales sexuels ou la pédophilie, des comportements qui provoquent « une
perte importante de crédibilité morale de l’Eglise ».