(RV) Entretien- Un tribunal de Moscou a condamné ce lundi à la prison à perpétuité
l’organisateur et l’exécutant du meurtre d’Anna Politkovskaïa, la journaliste russe
tuée en 2006. Elle s'était rendu célèbre pour ses critiques envers la guerre en Tchétchénie
mais aussi envers la corruption dans son pays. Le tribunal a également condamné trois
complices à des peines de 12 à 20 ans de prison. Roustam Makhmoudov a été reconnu
coupable d’avoir tiré sur la journaliste d’opposition à l’entrée de son immeuble.
L’oncle du tireur a lui été reconnu comme l’organisateur de l’assassinat.
L’enquête n’a cependant pas permis d’identifier le ou les commanditaires éventuels,
ce qui inquiète l’ONG Amnesty International. Geneviève Garrigos est la présidente
d’Amnesty France
Certes, ce
sont les assassins qui ont été condamnés mais les commanditaires de ce meurtre, eux,
sont toujours en liberté. On ne sait toujours pas qui ils sont. Ce qu’on craint, c’est
qu’effectivement, avec les condamnations de ces cinq personnes, la justice s’arrête
là et que les enquêtes ne se poursuivent pas et que finalement, derrière, on ne sache
jamais qui avait commandité ces meurtres. Or, ce serait un drame pour la Tchétchénie.
Ce serait un drame pour la Russie mais aussi pour tous les journalistes et les défenseurs
des droits humains en Russie. Aujourd’hui, on le voit bien, il est pratiquement impossible
de travailler en Tchétchénie mais il est aussi de plus en plus difficile de travailler
en Russie et les journalistes, les défenseurs des droits humains se sentent eux-mêmes
très menacés. C’est pour cela que depuis le début de ce procès, nous demandons aux
autorités russes qu’elles mettent tous les moyens pour faire vraiment la lumière et
qu’elles montrent qu’ainsi, elles sont à même de protéger les défenseurs et les journalistes
qui ne font rien d’autre que leur travail.