Abus sexuels, l'Eglise de Belgique ne baisse pas la garde
Après le scandale des abus sexuels en Eglise, place à la réparation, aux dédommagements
et à la prévention. La tolérance zéro encore récemment répétée par le pape François
est plus que jamais de mise en Belgique, et elle se double d’une publication d’un
code de conduite à destination de tous les acteurs pastoraux.
La publication
du Rapport annuel 2012-2013 des points de contact de l’Eglise fait état d’une très
nette diminution du nombre de dossiers déposés par des victimes. Au cours de leur
première année d’installation, ces points de contact avaient enregistré 286 dossiers.
Pour l’année 2013, seuls 37 dossiers ont été déposés. Et l’activité devrait encore
se réduire à l’avenir pour ces points de contact mis en place par les diocèses et
les congrégations religieuses en janvier 2012 afin d’accueillir au mieux les victimes
d’abus sexuels commis dans une relation pastorale, mais aussi des personnes qui auraient
connaissance ou un doute raisonnable à propos de tels faits.
D’un point de
vue statistique, ce rapport indique que 79% des communications ont été effectuées
par les victimes elles-mêmes et que ces dernières avaient plus de 40 ans pour 87%
d’entre elles. Des victimes très majoritairement masculines (à 71%), dont un quart
avait moins de 10 ans au moment des faits. La très grande majorité de ces faits (84%)
ont eu lieu il y a plus de 30 ans.
Près de 2,5 millions d’indemnités déjà
versées
En ce qui concerne les compensations financières, 125 victimes
(sur 323) les ont déjà obtenues, via la fondation Dignity qui s’emploie ensuite à
récupérer les sommes versées auprès des instances responsables. A ce jour, le montant
total de ces dédommagements dépasse le million d’euros, montant auquel il faut ajouter
1,4 million d’euros payés via le Centre d’arbitrage. Mais l’argent ne fut pas la principale
motivation des victimes. Tine Van Belle, responsable du point de contact du diocèse
de Bruges, a rappelé que le plus important pour ces dernières était d’être écoutées,
d’être prises au sérieux dans leur souffrance. « Certaines victimes ont d’ailleurs
été surprises par le fait qu’une instance de l’Eglise ne minimalise pas cette souffrance
et qu’elle leur propose une suite à leurs vœux (…) Le temps où on essayait de cacher
toute forme d’abus est définitivement terminé », a insisté Mme Van Belle.
Rupture avec le passé C’est donc dans cette rupture avec
le passé, qui cède aujourd’hui la place à une culture de la vigilance, que s’inscrit
la brochure intitulée « Du tabou à la prévention ». Il s’agit d’un code de conduite
en vue de la prévention d’abus sexuels et de comportements transgressifs dans les
relations pastorales avec les enfants et les jeunes.
Rédigé par Manu Keirse
(Professeur émérite de la KULeuven et Président de la Commission Interdiocésaine pour
la Protection des Enfants et des Jeunes) et Herman Cosijns (Secrétaire général de
la Conférence épiscopal), ce document poursuit l’effort de transparence affiché avec
la précédente brochure (« Une souffrance cachée ») qui annonçait déjà la nouvelle
politique de l’Eglise en la matière.
Destiné bien sûr aux acteurs pastoraux
mais aussi aux parents et aux enfants (la dernière partie du document a tout spécialement
été écrite pour eux et par Kolet Janssen, auteure pour la jeunesse), ce code n’est
pas une succession de règles à respecter mais plutôt, comme l’a souligné Isabelle
Gaspard, directrice de la Fédération des Institutions Médico-sociales, « un ensemble
de propositions dans lequel les rédacteurs ont donné priorité à l’action positive
pour des relations saines entre personnes respectueuses les unes des autres ».(Cathobel)