France : les musulmans inquiets de la dérive djihadiste
(RV) Entretien - En France, troisième jour d’interrogatoire pour Medhi Nemmouche,
l’auteur présumé de la fusillade du 24 mai dernier qui a coûté la vie à 3 personnes
au musée juif de Bruxelles. La police française veut comprendre comment ce délinquant,
ayant fait 5 séjours en prison et passé un an en Syrie, a pu échapper aux services
de renseignement.
Deux ans après l'affaire Mohamed Merah, le profil de ce jeune
homme ravive l'inquiétude de la communauté juive, mais aussi celle des musulmans de
France. Mohammed Moussaoui est le président de l'Union des mosquées de France et
du Conseil Français du Culte musulman jusqu’au 30 juin prochain. Il est interrogé
par Marie Duhamel
Le président
de l'Union des mosquées de France condamne ces fusillades qui « défigurent l'image
de l'islam et des musulmans » et viennent entretenir « la souffrance morale
des musulmans de France face à l'instrumentalisation insupportable de leur religion
par des terroristes ». Affecté par ces assassinats visant ses « concitoyens
» juifs, Mohammed Moussaoui souhaite poursuivre « dans la sérénité » le dialogue
entre juifs et musulmans, deux communautés que ces jeunes souhaitent apparemment
« dresser les unes contre les autres ».
Le président honoraire du Conseil
Français du Culte Musulman appelle les responsables musulmans, imams et aumôniers
musulmans en prison, à organiser des états généraux contre le radicalisme religieux,
afin « de permettre une réflexion profonde et sérieuse sur les causes et les mécanismes
de ces dérives ».
Mieux former les aumôniers musulmans en prison
Bientôt
président sortant du Conseil Français du Culte Musulman, Mohammed Moussaoui s’est
vu confier une mission par les administrateurs du CFCM. Il doit réfléchir à la mise
en place d’une instance rattachée au CFCM en charge des cadres religieux
musulmans, imams et aumôniers, ainsi que de leur statut et de leur formation.
Un sujet qui lui tient déjà à cœur. Il estime ainsi que les aumôniers musulmans en
prison (Nrdl, là où se seraient radicalisés Medhi Nemmouche et Mohamed Merah) n’ont
pas la formation nécessaire pour faire face à ces phénomènes inquiétants. Mais pour
lui, c’est surtout via internet que ces jeunes, souvent en rupture avec leur proches,
se rapprochent des mouvements djihadistes.
La famille de Medhi Nemmouche se
dit « choquée » ce lundi par les faits et c’est souvent le cas. Les proches
de ces jeunes se rendent souvent compte « trop tard » que leur fils, frère
ou neveu a été recruté par des groupes djihadistes. Cela explique aussi pourquoi peu
de familles concernées viennent parler de leurs problèmes avec l’imam, explique Mohammed
Moussaoui. Pour le président de l'Union des mosquées de France, il faut que les imams
se rapprochent d’eux-mêmes de ces familles en difficulté et deviennent des interlocuteurs
privilégiés pour ces jeunes en grande difficulté.
Photo : Un enquêteur
entre dans le musée juif de Bruxelles, le 2 juin 2014.