2014-06-02 19:20:42

France : les musulmans inquiets de la dérive djihadiste


(RV) Entretien - En France, troisième jour d’interrogatoire pour Medhi Nemmouche, l’auteur présumé de la fusillade du 24 mai dernier qui a coûté la vie à 3 personnes au musée juif de Bruxelles. La police française veut comprendre comment ce délinquant, ayant fait 5 séjours en prison et passé un an en Syrie, a pu échapper aux services de renseignement.

Deux ans après l'affaire Mohamed Merah, le profil de ce jeune homme ravive l'inquiétude de la communauté juive, mais aussi celle des musulmans de France. Mohammed Moussaoui est le président de l'Union des mosquées de France et du Conseil Français du Culte musulman jusqu’au 30 juin prochain. Il est interrogé par Marie Duhamel RealAudioMP3


Le président de l'Union des mosquées de France condamne ces fusillades qui « défigurent l'image de l'islam et des musulmans » et viennent entretenir « la souffrance morale des musulmans de France face à l'instrumentalisation insupportable de leur religion par des terroristes ».
Affecté par ces assassinats visant ses « concitoyens » juifs, Mohammed Moussaoui souhaite poursuivre « dans la sérénité » le dialogue entre juifs et musulmans, deux communautés que ces jeunes souhaitent apparemment « dresser les unes contre les autres ».

Le président honoraire du Conseil Français du Culte Musulman appelle les responsables musulmans, imams et aumôniers musulmans en prison, à organiser des états généraux contre le radicalisme religieux, afin « de permettre une réflexion profonde et sérieuse sur les causes et les mécanismes de ces dérives ».

Mieux former les aumôniers musulmans en prison

Bientôt président sortant du Conseil Français du Culte Musulman, Mohammed Moussaoui s’est vu confier une mission par les administrateurs du CFCM. Il doit réfléchir à la mise en place d’une instance rattachée au CFCM en charge des cadres religieux musulmans, imams et aumôniers, ainsi que de leur statut et de leur formation. Un sujet qui lui tient déjà à cœur. Il estime ainsi que les aumôniers musulmans en prison (Nrdl, là où se seraient radicalisés Medhi Nemmouche et Mohamed Merah) n’ont pas la formation nécessaire pour faire face à ces phénomènes inquiétants. Mais pour lui, c’est surtout via internet que ces jeunes, souvent en rupture avec leur proches, se rapprochent des mouvements djihadistes.

La famille de Medhi Nemmouche se dit « choquée » ce lundi par les faits et c’est souvent le cas. Les proches de ces jeunes se rendent souvent compte « trop tard » que leur fils, frère ou neveu a été recruté par des groupes djihadistes. Cela explique aussi pourquoi peu de familles concernées viennent parler de leurs problèmes avec l’imam, explique Mohammed Moussaoui. Pour le président de l'Union des mosquées de France, il faut que les imams se rapprochent d’eux-mêmes de ces familles en difficulté et deviennent des interlocuteurs privilégiés pour ces jeunes en grande difficulté.


Photo : Un enquêteur entre dans le musée juif de Bruxelles, le 2 juin 2014.








All the contents on this site are copyrighted ©.