Libye : les tensions inquiètent les responsables catholiques
Des responsables de l’Eglise catholique en Libye ont exprimé leur vive préoccupation
pour la sécurité de leurs fidèles. En raison de l’escalade de la violence, ils vivent
dans la peur et fréquentent toujours moins les églises, rapporte l'agence Apic.
Les
responsables catholiques craignent de voir la tension actuelle entre les milices et
les fidèles du général rebelle Khalifa Hiftar dégénérer en un grave conflit armé.
Des prêtres catholiques à Tripoli et à Benghazi ont déclaré au Service d’information
catholique pour l’Afrique (CISA) qu’ils ont été priés de ne pas quitter leur résidence,
par mesure de sécurité. Or, a souligné le Père franciscain Allan Arcebuche, vicaire
général du Vicariat apostolique de Tripoli, l’Eglise catholique ne souhaite pas «
une présence de sécurité visible à ses messes », qui pourrait provoquer des
groupes armés. « Nous devons cependant faire preuve de prudence lors de nos services
et dans nos déplacements », a-t-il ajouté.
Climat de forte insécurité
à Benghazi
A Benghazi, la fréquentation des églises a chuté du fait la
situation d’insécurité dans cette ville orientale, où la police a averti qu’elle n’était
plus en mesure de protéger les activités chrétiennes. La vielle est devenue le fief
des groupes armés radicaux dans l'est de la Libye. «Tout le monde vit dans la peur
et l’anxiété, après de récents incidents », a relevé le Père José Varkey du Vicariat
général de Benghazi.
Pays à majorité musulmane, la Libye comptait au moins
40 000 catholiques avant le renversement du régime du colonel Mouammar Kadhafi en
automne 2011. Depuis, leur nombre a chuté. A Benghazi, il est passé de 2000 à 300
fidèles, a indiqué Mgr Sylvester Magro, vicaire apostolique de Benghazi. L’Eglise
orthodoxe grecque de Libye a déjà arrêté ses activités, selon le Père Arcebuche.
Un
journaliste assassiné
Par ailleurs, ce lundi, un journaliste libyen,
Meftah Bouzid, critique des jihadistes a été assassiné à Benghazi. Rédacteur en chef
de Burniq, un journal bihebdomadaire, il a été tué par balles dans le centre ville.
Meftah Bouzid était réputé pour ses critiques des groupes islamistes extrémistes sur
des chaînes de télévision libyennes. Selon un des ses proches, ces critiques lui avaient
valu des menaces répétées.
L'organisation Reporters sans frontières (RSF)
a exprimé la semaine dernière dans un communiqué sa « profonde inquiétude quand
au sort des professionnels des médias qui continuent d'être la cible de graves agressions
armées » en Libye, alors que le pays bascule dans l'anarchie et les violences.
(Avec Apic et AFP)
Photo : manifestation à Benghazi le 23
mai en soutien à « l'opération dignité »