Le Pape préside la messe à Bethléem sur la Place de la Mangeoire
Le dimanche 25 mai, devant plusieurs fidèles venus de toute la Terre Sainte mais aussi
des autres coins du monde, le Pape a présidé une grande célébration eucharistique
à la Place de la dite de la Mangeoire. François a axé son homélie sur les enfants.
Dans notre monde qui a développé les technologies les plus sophistiquées, il y a encore,
a fait remarquer le Pape, de nombreux enfants dans des conditions inhumaines, qui
vivent en marge de la société, dans les périphéries des grandes villes ou dans les
zones rurales. De nombreux enfants aujourd’hui encore sont exploités, maltraités,
tenus en esclavage, objets de violence et de trafics illicites. De nombreux enfants
sont aujourd’hui déracinés, réfugiés, parfois noyés dans les mers, spécialement dans
les eaux de la Méditerranée. De tout cela nous avons honte aujourd’hui devant Dieu,
ce Dieu qui s’est fait Enfant. Bien auparavant, le Pape avait souligné dans son
homélie que comme l’Enfant Jésus né à Bethléem était un signe donné par Dieu à son
peuple qui attendait le salut, les enfants sont aussi aujourd’hui un signe d’espérance,
signe de vie, mais aussi « signe diagnostic » pour comprendre l’état de santé d’une
famille, d’une société, du monde entier. Voici l’intégrité de l’homélie du Pape
dont l’original était e italien : « Et voici le signe qui vous est donné : vous
trouverez un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12). Quelle
grande grâce de célébrer l’Eucharistie en ce lieu où est né Jésus ! Je remercie Dieu
et je vous remercie vous qui m’avez accueilli pendant mon pèlerinage : le Président
Mahmoud Abbas et les autres Autorités ; le Patriarche Fouad Twal, les autres Évêques
et les Ordinaires de Terre Sainte, les prêtres, les bons franciscains, les personnes
consacrées et tous ceux qui œuvrent pour tenir vive la foi, l’espérance et la charité
en ces territoires ; les représentations de fidèles provenant de Gaza, de la Galilée,
les migrants de l’Asie et de l’Afrique. Merci de votre accueil ! L’Enfant Jésus,
né à Bethléem, est le signe donné par Dieu à qui attendait le salut, et il reste pour
toujours le signe de la tendresse de Dieu et de sa présence dans le monde. L’ange
dit aux bergers : « Voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un enfant…
». Aujourd’hui également les enfants sont un signe. Signe d’espérance, signe de
vie, mais aussi signe “diagnostic” pour comprendre l’état de santé d’une famille,
d’une société, du monde entier. Quand les enfants sont accueillis, aimés, défendus,
protégés dans leurs droits, la famille est saine, la société est meilleure, le monde
est plus humain. Pensons à l’œuvre que réalise l’Institut Effetà Paolo VI en faveur
des enfants palestiniens sourds-muets : c’est un signe concret de la bonté de Dieu.
C’est un signe concret que la société s’améliore. Dieu, aujourd’hui, nous répète
à nous aussi, hommes et femmes du XXIème siècle : « Voici le signe qui vous est donné
», cherchez l’enfant… L’enfant de Bethléem est fragile, comme tous les nouveau-nés.
Il ne sait pas parler, et pourtant il est la Parole qui s’est faite chair, venue changer
le cœur et la vie des hommes. Cet enfant, comme tout enfant, est faible et a besoin
d’être aidé et protégé. Aujourd’hui également les enfants ont besoin d’être accueillis
et défendus, depuis le sein maternel. Malheureusement, dans ce monde qui a développé
les technologies les plus sophistiquées, il y a encore de nombreux enfants dans des
conditions inhumaines, qui vivent en marge de la société, dans les périphéries des
grandes villes ou dans les zones rurales. De nombreux enfants aujourd’hui encore
sont exploités, maltraités, tenus en esclavage, objets de violence et de trafics illicites.
De nombreux enfants sont aujourd’hui déracinés, réfugiés, parfois noyés dans les mers,
spécialement dans les eaux de la Méditerranée. De tout cela nous avons honte aujourd’hui
devant Dieu, ce Dieu qui s’est fait Enfant. Et nous nous demandons : qui sommes-nous
devant l’Enfant Jésus ? Qui sommes-nous devant les enfants d’aujourd’hui ? Sommes-nous
comme Marie et Joseph, qui accueillent Jésus et en prennent soin avec amour maternel
et paternel ? Ou bien sommes-nous comme Hérode, qui veut l’éliminer ? Sommes-nous
comme les bergers, qui vont en toute hâte, s’agenouillent pour l’adorer et offrent
leurs humbles présents ? Ou sommes-nous indifférents ? Sommes-nous peut-être des rhéteurs
et des piétistes, des personnes qui exploitent les images des enfants pauvres à des
fins lucratives ? Sommes-nous capables de nous tenir à côté d’eux, de « perdre du
temps » avec eux ? Savons-nous les écouter, les défendre, prier pour eux et avec eux
? Ou bien les négligeons-nous, pour nous occuper de nos intérêts ? « Voici le signe
qui nous est donné : vous trouverez un enfant… ». Peut-être cet enfant pleure-t-il
! Il pleure parce qu’il a faim, parce qu’il a froid, parce qu’il veut rester dans
les bras… Aujourd’hui également, les enfants pleurent, ils pleurent beaucoup, et leurs
pleurs nous interpellent. Dans un monde qui met au rebut chaque jour des tonnes de
nourriture et de médicaments, il y a des enfants qui pleurent, en vain, de faim et
de maladies facilement curables. En un temps qui proclame la sauvegarde des mineurs,
se commercialisent les armes qui finissent dans les mains d’enfants-soldats ; se commercialisent
des produits confectionnés par de petits travailleurs-esclaves. Leurs pleurs sont
étouffés : les pleurs de ces enfants sont étouffés ! Ils doivent combattre, ils doivent
travailler, ils ne peuvent pas pleurer ! Mais leurs mères, Rachel d’aujourd’hui, pleurent
pour eux : elles pleurent leurs enfants, et ne veulent pas être consolées (cf. Mt
2, 18). « Voici le signe qui vous est donné » : vous trouverez un enfant. L’Enfant
Jésus né à Bethléem, chaque enfant qui naît et qui grandit en chaque partie du monde,
est un signe “diagnostic”, qui nous permet de vérifier l’état de santé de notre famille,
de notre communauté, de notre nation. De ce diagnostic franc et honnête, peut jaillir
un nouveau style de vie, où les relations ne soient plus de conflit, d’oppression,
de ‘‘consommation’’, mais soient des relations de fraternité, de pardon et de réconciliation,
de partage et d’amour. Ô Marie, Mère de Jésus, toi qui as accueilli, enseigne-nous
à accueillir ; toi qui as adoré, enseigne-nous à adorer, toi qui as suivi, enseigne-nous
à suivre. Amen.