Des mamans solidaires face au handicap ou à la maladie
(RV) Témoignage - 4ème édition pour la Journée des mamans d’une personne malade
ou handicapée. Des rencontres organisées chaque année par l’OCH, l’Office chrétien
des personnes handicapées, dans plusieurs villes françaises. L’objectif est d’offrir
un lieu d’échanges et de détente à ces mamans souvent seules face aux difficultés.
Véronique Godin est maman de trois enfants, la petit dernière Amélie a
une maladie orpheline. Elle avait entendu parler de cette initiative dans sa paroisse.
Au début elle ne voulait pas y participer mais elle s’est finalement décidée il y
a trois ans. Aujourd’hui, pas question pour elle de rater ce rendez-vous. Elle est
interrogée par Audrey Radondy :
Depuis trois
ans, cette journée là est fixée en début d’année, en septembre. Je la bloque sur mon
agenda. C’est un bol d’air et je m’autorise à prendre du temps pour moi. C’est aussi
favorable à la famille, à l’équilibre familial. C’est vraiment un moment important
où on se pose, on se ressource. On peut aussi pleurer, ça fait du bien de se lâcher
( c’est vraiment ça, c’est le terme que j’utiliserais). Puis on se retrouve entre
mamans. Ce n’est pas du tout féministe, on se comprend et je pense que c’est vraiment
un besoin.
Comment votre foi vous aide dans votre vie de tous les jours
? La foi est indispensable. J’ai besoin de me retrouver avec Dieu dans la
prière, même si je n’arrive pas à le faire tous les jours. C’est un moment fort, une
relation que j’accorde avec Dieu même si ça ne dure que 5 ou 10 minutes. Voilà, c’est
important de se poser n’importe où, dans la rue, dans le métro. Moi, ça m’arrive souvent
de me poser comme cela et de penser à Dieu.
Est –ce que vous pensez que
les journées comme celles là qui sont organisées sont vraiment indispensable pour
combler un manque qui n’est pas assuré par la société ? C’est indispensable
de créer ces moments de rencontre où on arrive justement à mieux se connaître et à
partager des moments forts. On a cette chance d’avoir un enfant handicapé – ce que
je vais dire n’est pas du tout prétentieux- mais je pense qu’on voit la réalité des
choses, plus que qui que ce soit. Je pense qu’on va vraiment au fond des choses et
on ne se laisse pas ennuyer par des choses futiles, inutiles. On est vraiment en vérité
et je pense que c’est ça qui nous fait tenir et notre enfant handicapé nous fait découvrir
des choses merveilleuses qu’on n’aurait pas perçu si on n’avait pas eu cet enfant.
Même vis-à-vis de la fratrie, mes deux ainés sont superbes avec Amélie. Il y a une
connivence qui s’installe, déjà parce qu’ils sont frères et sœurs mais en plus du
fait de son handicap, il y a vraiment quelque chose de très fort qui est là et je
trouve que c’est une chance pour mes enfants aussi, par rapport au monde qui nous
entoure et avec toute cette indifférence qui existe.
Comment voyez-vous
l’avant-participation et l’après-participation de ces journées ? C’est vrai
que j’avais rencontré des mamans à la paroisse ou dans la rue. J’avais du mal à me
livrer parce qu’on se croisait vraiment, on n’avait pas le temps d’approfondir nos
relations. Donc c’est vrai que je pense qu’il faut attendre, vraiment être prêtre
pour participer à ce genre de journée. Ça va chercher au fond de nous. Il y a beaucoup
d’émotions qui en ressortent. Moi je sais qu’après des journées comme ça, revenir
à la vie de tous les jours, c’est très compliqué mais ça fait un bien fou. J’attends
beaucoup de ces journées, de ces témoignages du matin qui sont faits par différentes
personnes. Et je trouve que c’est important d’entendre un témoignage, ça nous fait
bondir, ça nous fait repartir, ça nous regonfle, ça nous rebooste. Et puis, quand
ça va moins bien dans l’année, on repense à ce qu’on a vécu, à ce qu’on a entendu.
Ça n’aide pas toujours mais quand même, je pense que c’est un moyen de pouvoir repartir
et de rebondir. Moi, ça m’est indispensable maintenant.
Si vous aviez un
message à adresser à des mamans ou de parents qui ont un enfant handicapé ou malade,
qu’est-ce que vous aimeriez leur dire ? Qu’il profite de la vie parce que
la vie est trop courte et on a chacun nos ennuis, nos embuches mais voilà, même si
l’handicap de leur enfant est très lourd, qu’ils n’hésitent pas à demander de l’aide.
C’est très dur de demander de l’aide, surtout avec un enfant différent. Même si on
se prend des claques, ce n’est pas grave. Les claques nous font rebondir d’autant
plus. Moi je sais que depuis que j’ai Amélie, je pense que mon caractère n’a pas changé
mais j’ai une force en moi qui m’aide à me battre pour elle, pour son avenir. Je n’aurais
jamais soupçonné cette force en moi. Il ne faut pas se décourager, c’est facile à
dire. Il faut aller chercher de l’aide. L’OCH, c’est très bien. N’importe quel groupe,
qu’on puisse se faire écouter. Dans notre monde, on ne sait pas s’écouter, il y a
un grand manque à ce niveau-là. Chacun parle de ses petits soucis à droite et à gauche
mais on ne s’écoute pas en profondeur. Rien que ça, moi je sais que ça m’a fait beaucoup
de bien : écouter les autres et savoir que l’on m’écoute.