Maldives : peine de mort rétablie pour les enfants
(RV) Après 60 ans de moratoire, la peine de mort a été rétablie aux Maldives le 27
avril dernier, y compris pour les enfants, pour les personnes jugées coupables de
meurtre. Le président Abdulla Yameen Abdul Gayoom l’estime nécessaire pour « appliquer
parfaitement la charia ». La dernière exécution remonte à 1953 dans l'archipel.
Aux
Maldives, où l’islam est religion d’Etat, l’âge de la responsabilité criminelle est
fixé à 10 ans de manière générale, voire à 7 ans pour certains crimes dit hadd
comme le vol, la fornication, la consommation d’alcool et l’apostasie. Le hadd
est le code des sanctions prévues par la charia, la loi religieuse islamique, pour
des infractions précises.
Mais si les enfants peuvent désormais être condamnés
à la peine capitale, ils ne pourront pas être exécutés avant l’âge de 18 ans, et devront
attendre dans le couloir de la mort jusqu’à leur majorité.
Réactions internationales
Dès le 27 avril, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de
l’homme a dénoncé une grave violation des droits humains. Le Pacte international relatif
aux droits civils et politiques et la Convention relative aux droits de l’enfant,
ratifiés par les Maldives, imposent une interdiction absolue de la peine de mort pour
des personnes âgées de moins de 18 ans au moment où le crime a été commis.
Catherine
Ashton, chef de la diplomatie de l’Union européenne, a également fait part le 30 avril
de sa vive préoccupation. Elle a invité instamment le gouvernement maldivien à maintenir
le moratoire sur la peine de mort.
Les Maldives, « un pays 100
% musulman »
Face aux réactions de la communauté internationale,
le président Abdulla Yameen Abdul Gayoom maintient sa décision, affirmant que «
le meurtre devait être puni par le meurtre ». Le ministre de l’Intérieur, Umar
Naseer, a expliqué que « le pays était à 100% musulman » et que cela avait
pour conséquence de « partager certaines valeurs ».
Depuis l’élection
en novembre 2013 d’Abdulla Yameen, porte-étendard d’un islam radical, la République
des Maldives voit s’institutionnaliser la tendance à une application stricte de la
charia. Parallèlement, un durcissement de la sécurité et du renforcement du pouvoir
présidentiel est également à l’œuvre. (avec Apic / Eglises d'Asie)
Photo : le président des Maldives Abdulla Yameen répond à des journalistes
le 22 mars 2014