2014-05-21 18:03:37

« Le voyage du Pape François renouvelle la confiance avec les orthodoxes »


(RV) Entretien - L’œcuménisme sera célébré dans quelques jours par la visite du Pape François en Terre Sainte. Il y retrouvera le Patriarche de Constantinople Bartholomée pour commémorer la rencontre il y a cinquante ans à Jérusalem entre Paul VI et Athénagoras. L’unité entre chrétiens, c’est le thème de ce pèlerinage dont la devise est Ut unum sint, « Qu’ils soient Un », le logo du voyage représentant Saint Pierre, chef de l’Eglise de Rome et Saint André, chef de l’Eglise de Constantinople, qui se donnent l’accolade sur une barque. Une accolade qui rappelle celle historique d’il y a cinquante ans, entre Paul VI et Athénagoras, alors que dans quelques jours c’est une prière œcuménique commune du Pape François entouré des chefs des autres Eglises chrétiennes au Saint-Sépulcre de Jérusalem qui constituera le point culminant de ce voyage.

Alors que François multiplie les gestes de respect pour l’orthodoxie, revenons à 1964 avec Sabino Chialà, moine de la communauté de Bose en Italie, une communauté monastique d’hommes et de femmes provenant de diverses Eglises chrétiennes. Il est interrogé par Gabriele Palasciano RealAudioMP3


Que représente la rencontre entre le patriarche Athénagoras et le Pape Paul VI en 1964 ?
Je dirais que pour l’Eglise, cela signifiera une sorte d’inauguration d’une époque nouvelle, c’est-à-dire une époque qu’on peut appeler de « retrouvailles » entre frères et entre Églises sœurs qui ne se rencontraient plus depuis des siècles. Pour le monde, je pense que cela a signifié une image de réconciliation. Tout de même, dans cette accolade que nous avons vue plusieurs fois représentée iconographiquement dans les photos de l’époque, nous avons pu voir que là, il y avait vraiment quelque chose d’important, une pacification et des retrouvailles qui se passaient. Donc quelque chose de nouveau qui pouvait commencer et qui en fait, venait de commencer.

Que peut apporter le message du Pape François au dialogue avec le monde orthodoxe ?
Avant tout, c’est une nouvelle confiance, une confiance renouvelée. Nous savons que dans n’importe quel genre de dialogue et dans le dialogue œcuménique en particulier, c'est la confiance de l'autre qu'il est vraiment important de gagner. Plusieurs fois, nous n’avons pas eu le courage et nous n’avons pas eu la capacité de vraiment se rencontrer et d’atteindre des résultats concrets, justement parce que cet élément si important n’a pas vraiment été accueilli et cultivé. Je pense que ce Pape est vraiment un Pape capable de gagner la confiance de l’autre. Je pense que le monde orthodoxe va bien saisir cela et va bien l’apprécier.

Existe-t-il un discours ou une action vers l’orthodoxie de la part du Pape François qui a particulièrement retenu votre attention ?
J’ai encore dans les yeux cette mémorable rencontre qu’il y a eu entre le Pape François et le patriarche Bartholomée à Rome à l’occasion du début de l’inauguration du ministère du Pape François. Lorsqu’ils se sont rencontrés et lorsqu’ils se sont regardés dans les yeux, il y avait une expression qu’aimait beaucoup le patriarche Athénagoras et que j’ai encore dans les oreilles : le Pape s'est adressé au patriarche en l’appelant « Mon frère André ». C’est vraiment un geste et une parole qui ont une grande signification. Pour l’orthodoxie, nous savons que les gestes sont aussi importants que les paroles. Dans cette image, nous avons vraiment, encore une fois, une image mémorable qui marque un temps nouveau et qui fait espérer que quelque chose de nouveau va naître dans les prochaines décennies ou dans les prochaines années.

Comment est perçu François dans le monde de l’orthodoxie si complexe et si diversifié ?
Peut-être est-il encore trop tôt pour en juger mais au plus haut niveau, on peut déjà compter quelques rencontres. A une échelle plus locale, au niveau des gens d’Église, du peuple de Dieu, il n’y a pas encore suffisamment d’expériences de rencontres. Je ne saurais pas dire ce qu’il y a comme perception de la partie orthodoxe de ce Pape. Je pourrais dire qu’il y a une certaine sympathie. Je pense qu’il faut encore du temps pour dire quels sont les aspects les plus appréciés de l’autre côté mais il y a ce que j’avais dit au début : le fait qu’il a su gagner une certaine confiance. C’est quelque chose de déjà acquis mais il faut encore du temps. Cette rencontre entre le Pape et le patriarche à Jérusalem, c’est le premier moment où on pourra mesurer quel est l’impact de cette figure du Pape François chez nos frères des Églises orthodoxes.

La rencontre entre le Pape François et le patriarche Bartholomée peut rappeler la rencontre entre Paul VI et Athënagoras. Existe-t-il des éléments de nouveauté dans cette nouvelle rencontre ? S’agit-il simplement d’une commémoration ?
Absolument pas. C’est le point de départ et c’est bien de s'en rappeler car ce sont des dons de Dieu dont nous avons aussi la responsabilité de la garde, de la mémoire. Mais je dirais qu’il y a du nouveau, même si de temps en temps, on se plaint que le progrès dans le dialogue œcuménique n’est pas ce qu’on aurait espéré. Pendant ces cinquante ans, on a fait des choses, on a fait des pas. On n’a pas le temps maintenant de tout rappeler mais je dirais que tout cela est très bien exprimé par une image que nous aurons sous les yeux dans une semaine. À l’époque, il y a cinquante ans, le patriarche et le Pape se rencontraient dans ce qui est la résidence de la délégation apostolique à Jérusalem, sur le Mont des Oliviers, c’est-à-dire dans un endroit de représentation diplomatique. Cette fois-ci, le Pape et le patriarche se rencontreront dans un lieu symbolique, au centre même de la chrétienté : devant le Saint-Sépulcre et ils y prieront ensemble. Cette prière œcuménique dans le Saint-Sépulcre est un fait complètement nouveau, surtout à ce niveau, c’est-à-dire entre le Pape, le patriarche et les chefs des autres Églises de Jérusalem. Pour moi, ce changement de lieu est vraiment quelque chose de très important. On célèbre une commémoration, on rend grâce pour tout ce qui a été déjà fait mais en même temps, on peut mesurer le chemin qu’on a fait et rendre grâce pour ce chemin.


Photo : Le Pape Paul VI et le patriarche orthodoxe Athénagoras







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