(RV) Les évêques indiens veulent faire confiance au nouveau gouvernement et continuer
à croire dans le pluralisme séculier de l’Inde. Les résultats du marathon électoral
qui a abouti au triomphe du parti nationaliste BJP n’inquiètent pas l’Église catholique.
Ce séisme politique, qui relègue dans l'opposition la dynastie Nehru-Gandhi et leur
Parti du Congrès, a porté au pouvoir un leader Narendra Modi, favorable aux milieux
d’affaires, mais aussi connu pour son engagement militant dans le nationalisme hindou
depuis son plus jeune âge.
Dans une interview à l’agence vaticane Fides, le
secrétaire général de la Conférence épiscopale estime que ces législatives ont représenté
une grande preuve de démocratie et ont abouti à un gouvernement fort qui pourra introduire
l’Inde dans une nouvelle phase de développement économique et de progrès.
Malgré
les agissements de groupuscules fanatiques, l’Église entend continuer sa mission :
elle prie pour le nouvel exécutif, elle soutient la démocratie, le pluralisme, le
respect des droits de tous et la laïcité politique. L’évêque de Sagar, dans le Madhya
Pradesh, une région considérée comme le laboratoire de l’extrémisme hindou, estime
pour sa part qu’aucun gouvernement ne pourra porter atteinte au patrimoine indien
composé d’anciennes cultures, traditions et religions dont les chrétiens font partie.
Appel
à l’unité
Les extrémistes antichrétiens sont une minorité dans une nation
démocratique et tolérante. Au Madhya Pradesh, gouverné par le BJP, les chrétiens ont
de bonnes relations avec les autorités locales et de nombreux jeunes hindous fréquentes
les écoles catholiques. Dans le Kerala, berceaux du christianisme indien, un évêque
souligne que le pluralisme fait partie intégrante de la nation indienne ; il pense
que le nouveau gouvernement ne voudra pas briser cette harmonie.
Narendra Modi
a d’ailleurs appelé toute la population indienne à l’unité. Du côté du conseil des
Églises chrétiennes, on appelle plus explicitement le nouveau gouvernement à lutter
contre les actions violentes des groupes extrémistes hindous. Les groupes fanatiques
réclament l’introduction d’un Code civil unique, alors qu’aujourd’hui, des matières
telles que le mariage et l’héritage sont régies par des législations différentes selon
les communautés religieuses.
Ces rhétoriques risquent de faire dévier la nation
de son parcours de croissance et de développement, préviennent les chrétiens. Selon
les confessions chrétiennes, pour donner un nouvel élan à l’économie, il faut au contraire
maintenir et renforcer l’unité dans la diversité des races, des cultures et des religions;
réduire les inégalités entre riches et pauvres; garantir et protéger les droits des
dalits et des minorités reconnus par la Constitution; combattre la violence envers
les femmes.
Photo : le Premier ministre indien élu, Narendra Modi