Vague d'indignation après la condamnation d'une chrétienne soudanaise
(RV) L’affaire d’une jeune chrétienne soudanaise condamnée à mort a soulevé une vague
d’indignation dans le monde. Meriam Yahia Ibrahim Ishag, 27 ans, enceinte de huit
mois, sera pendue. La sentence a été confirmée jeudi par un tribunal qui l’a jugée
coupable d’apostasie et d’adultère pour avoir épousé un sud-soudanais chrétien. Depuis
cette condamnation, les initiatives diplomatiques et les protestations des militants
des droits de l’homme n’ont pas obtenu de résultat.
Au cours de l'audience,
un chef religieux musulman a essayé de lui faire abjurer sa foi mais en vain. La jeune
femme est fille d’une éthiopienne orthodoxe abandonnée par son mari musulman soudanais.
Elle a donc été élevée en tant que chrétienne orthodoxe. Mais en vertu de la Charia
elle est musulmane puisque son père est musulman.
Au Soudan, la Constitution
adoptée en 2005 reconnait la liberté de religion. Le tribunal s’est basé sur la Charia,
en vigueur depuis 1983 dans le pays. La loi islamique punit l’apostasie par la peine
capitale et interdit à une musulmane d’épouser un non-musulman.
Hostilité
grandissante
Si les peines de flagellation sont souvent exécutées au Soudan,
la peine de mort l'est rarement ; aucune femme enceinte n’a jamais été exécutée. Selon
la Maison Blanche, des violations systématiques, flagrantes et continues de la liberté
de religion sont commises au Soudan.
Depuis fin 2012, les actes répressifs
contre les minorités religieuses ont augmenté : expulsion, confiscation et destruction
de propriétés de l'Église. Il y a quelques jours, les autorités soudanaises ont décidé
de fermer une école primaire des religieux comboniens qui accueille 470 élèves, alors
que les écoles publiques sont surpeuplées et que leur niveau est très bas. Malgré
la promesse du gouvernement soudanais d'accorder une certaine forme de liberté religieuse
à sa minorité chrétienne, les représentants des différentes églises de ce pays d'Afrique
témoignent tous d'une hostilité grandissante à l'encontre de leur communauté, dans
la foulée de l'indépendance du Sud-Soudan.
Photo : le tribunal à Khartoum
la capitale du Soudan, où s'est déroulée l'audience