2014-05-09 09:48:50

La voix singulière du Saint-Siège à l'ONU


(RV) Entretien- Ce vendredi matin le Pape a reçu au Vatican une délégation des responsables des agences des Nations-unies, emmenée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. L’occasion de revenir sur des thématiques à la fois chères au Saint-Siège et aux Nations-unies, comme les conflits oubliés et les situations humanitaires critiques. L’occasion d’aborder peut-être aussi les différends qui opposent Saint-Siège et ONU, comme sur la question des abus sexuels sur mineurs dans l’Eglise, récemment évoquée devant le Comité contre la torture à Genève.

Malgré les critiques qui lui sont parfois adressées, le Saint-Siège sait en tout cas être une voix indépendante aux Nations-unies. Francesca Restifo, est la directrice du plaidoyer de l’ONG Franciscan International auprès de l’ONU à Genève. Elle revient sur le travail des ONG catholiques à l'ONU et la voix singulière de l'Eglise catholique RealAudioMP3

On représente surtout et d’abord la voix des franciscains et des franciscaines qui travaillent sur le terrain mais aussi, la voix de l’Église. On est en effet très écouté à l’ONU, surtout pour la relation qu’on a sur le terrain et la confiance que nous pouvons amener par rapport au témoignage des franciscains et des franciscaines qui travaillent sur le terrain. Sur des questions très sensibles comme la question des droits de l’homme, la voix des franciscains et des franciscaines et la voix de l’Église est vraiment une voix neutre où il n’y a pas d’intérêt spécifique derrière ou d’intérêt caché. Donc pour cela, on a vraiment une valeur ajoutée et on peut vraiment être écouté. On a vraiment un rôle très important à jouer. L’Église a vraiment ce rôle très important parce qu’il n’y a pas d’intérêt économique derrière.

Et justement, est-ce qu’il y a des plaidoyers qui ont des intérêts économiques privés derrière ?
Par exemple, en ce qui concerne le droit à l’environnement et les violations des droits de l’homme qui sont une conséquence des activités des entreprises, oui. C’est très difficile de faire un plaidoyer vis-à-vis des États-membres pour avoir, par exemple, une législation plus forte qui puisse régler les activités des entreprises. Surtout pour les mines illégales et toute l’industrie extractive qui provoquent des dégâts au niveau environnemental et pour les peuples autochtones. C’est très difficile de faire un plaidoyer aux États parce qu’il y a des intérêts derrière.

Est-ce que la voie de l’Église, au-delà de la votre en tant que franciscain, c’est une voix parmi d’autres ou elle reçoit véritablement un écho particulier ?
Sur certaines thématiques, je crois qu’il a vraiment un écho particulier. Les institutions internationales et la Communauté Internationale écoutent d’une façon particulière la voix des organisations à base religieuse. Surtout en ce qui concerne les droits des enfants, les droits à l’environnement, les droits des femmes, les droits des peuples autochtones et les ressources naturelles. C’est une voix neutre et donc, c’est une valeur ajoutée.

Vous qui connaissez bien l’ONU pour le vivre au quotidien, comment vous qualifieriez les relations entre le Vatican, le Saint-Siège et l’ONU ?
La visite de Ban Ki-Moon et la rencontre avec le Pape sont très importantes. Ce Pape a vraiment amené une énergie nouvelle et une confiance pour les valeurs de la simplicité, surtout pour la lutte contre la pauvreté et il y a le fait qu’il parle toujours au nom des plus vulnérables. Dans chaque message, il aborde la question des plus vulnérables et des plus marginalisés. Donc, ça un rôle vraiment très important pour l’ONU. Le dialogue est ouvert et il y a vraiment beaucoup d’espace pour une relation fertile. Une institution internationale comme l’ONU qui est à l’écoute de ce que l’Église a à dire. Le Pape actuel mais aussi les précédents ont essayé de vraiment prendre des mesures concrètes pour améliorer la transparence. C’est aussi une façon d’avoir une ouverture, une transparence et de pouvoir clarifier certains points des deux côtés. La voix de l’Église a toujours eu un impact. Sur le point de vue humanitaire et de l’environnement, c’est sûr que l’ONU est toujours à l’écoute. L’UNHCR, l’agence des Nations-Unies qui s’occupent des réfugiés a tout récemment envoyé un sondage sur le rôle et la valeur ajoutée de la collaboration sur le terrain avec les religieux. L’année passée, il y a eu une sœur catholique de l’est de la RDC qui a gagné le prix de l’UNHCR. Et cette année, Franciscan International, Caritas International et d’autres organisations religieuses ont proposé trois leaders religieux de la République Centrafricaine pour le prix des réfugiés de l’UNHCR.

Est-ce que la voix de l’Église dérange certains à l’ONU ? Est-ce que le fait que cette voix soit entendue dérange ?
Il y a des positions comme dans chaque position politique qui sont dérangeantes mais ça a la même valeur de positions d’autres pays, par rapport à certaines thématiques. Il faut aussi distinguer deux lignes. Il y a tout d’abord la ligne du Vatican comme Saint-Siège. Donc, c’est vraiment un État qui est représenté à l’ONU. Ensuite, il y a la voix des organisations à base religieuse qui sont plutôt la voix du réseau, du terrain et des religieux qui travaillent sur le terrain à coté et parmi les victimes.

Photo: Mgr Silvio Tomasi, (D) observateur permanent du Saint-Siège auprès de l'ONU à Genève, le 5 mai, devant le Comité contre la torture.







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