L’Education pour aider à mieux protéger les mineurs
Après trois jours de travail à la maison Sainte Marthe, les huit membres de la Commission
pontificale pour la protection des mineurs ont rendu compte ce samedi midi de leur
première rencontre. Ils ont échangé entre eux et avec d’autres institutions du Vatican,
comme la Curie romaine, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ou la gendarmerie
vaticane. Sur ce dossier où la commission est consciente que les attentes sont
grandes, l’objectif est d’encourager la responsabilité au niveau local et l’échange
de « meilleures pratiques » pour protéger efficacement les enfants.
S’assurer
d’avoir des protocoles clairs là où l’Eglise a failli concernant la protection des
enfants, voilà l’ambition de cette commission pontificale, selon le cardinal O’Malley,
son coordinateur. En clair, la commission doit créer des processus transparents, pour
lutter contre les abus sexuels où que ce soit dans le monde. Car le vrai problème
reste l’éducation selon le cardinal américain. Dans le clergé explique-t-il, il y
a encore parfois beaucoup d’ignorance, de déni. Il y a encore des membres du clergé
qui pensent que la pédophilie est un problème qui ne concerne pas l’Eglise universelle,
mais seulement certaines régions du monde. « C’est un problème humain et l’Eglise
doit l’affronter » martèle l’archevêque de Boston.
Marie Collins abonde dans
ce sens. Victime d’abus sexuels et aujourd’hui membre de la commission pontificale,
elle explique que ce qui l’a le plus choqué sont des évêques qui pensent sincèrement
être à l’abri du problème, qu’ils ne pensent pas, par exemple en raison de leur culture,
que cela puisse arriver dans leur pays.
C’est d’ailleurs pour aller à l’encontre
de cette ignorance que la commission souhaite s’élargir, pour représenter d’autres
zones géographiques, et accueillir plus d’anciennes victimes d’abus sexuels, volontaires
pour faire avancer l’Eglise sur ce dossier. La commission n’écarte d’ailleurs pas
l’idée de créer plusieurs groupes de travail pour avancer efficacement sur plusieurs
aspects de ce dossier complexe.
Le défi qui attend la commission est donc
de taille, proportionnel aux attentes et aux espoirs placés en elle. Les recommandations
de la commission seront directement adressées au Pape dans quelques mois, une fois
ses statuts et ses priorités définis.
Déclaration de la Salle de Presse
du Saint-Siège au terme de la Rencontre de la Commission Pontificale pour la Protection
des Mineurs.
Du 1er au 3 mai, en la Maison Sainte Marthe, au Vatican, les
premiers membres de la Commission Pontificale pour la Protection des Mineurs ont tenu
leur première rencontre. Comme annoncé précédemment, l’objectif de cette rencontre
était de présenter au Pape des recommandations quant aux fonctions de la Commission
et de faire des propositions pour la nomination de membres supplémentaires provenant
de différentes parties du monde. Les membres qui ont pris part à cette première rencontre
étaient : Catherine Bonnet, France; Marie Collins, Irlande; Sheila Baroness Hollins,
Grande-Bretagne; le Cardinal Sean Patrick O'Malley, O.F.M.Cap, Etats-Unis; Claudio
Papale, Italie; Hanna Suchocka, Pologne; Humberto Miguel Yáñez, S.I., Argentine e
Hans Zollner, S.I., Allemagne.
La note publié au terme de leurs travaux
pour la presse :
« Alors que nous entamons ensemble notre travail, nous
désirons exprimer notre profonde solidarité à toutes les victimes qui ont subi des
abus sexuels en étant enfants ou comme adultes vulnérables, et nous désirons faire
savoir que, dès le début de notre travail, nous avons adopté le principe que le bien
d’un enfant ou d’un adulte vulnérable est prioritaire dès qu’est prise toute décision.
Au cours de nos rencontres, chacun de nous a pu partager idées, expériences et aspirations
pour cette Commission Pontificale. Répondant aux demandes du Saint-Père, ces discussions
ont été consacrées à la nature et aux objectifs de la Commission et à l’élargissement
du nombre de ses membres, afin d’inclure des personnes provenant d’autres zones géographiques
et d’autres champs de compétence.
Durant nos échanges, nous avons également
examiné de nombreuses propositions sur les possibilités pour la Commission de pouvoir
collaborer avec des experts de divers secteurs concernés par la protection des enfants
et des adultes vulnérables. Nous avons aussi rencontré plusieurs membres de la Curie
Romaine en vue d’une prochaine coopération, et notamment des représentants de la Secrétairerie
d’Etat, de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, de la Congrégation pour le
Clergé, de la Salle de Presse du Saint-Siège et de la Gendarmerie du Vatican. En tant
que Commission Consultative du Saint-Père, nous communiquerons au Pape François les
résultats de notre travail. En temps voulu, nous proposerons des initiatives pour
encourager les responsabilités au niveau local dans le monde et le partage réciproque
des « meilleurs pratiques » pour la protection de tous les mineurs, avec des programmes
de formation, d’éducation, et des réponses aux abus. Nous avons également discuté
avec le Pape François de l’importance que nous attribuons à certains secteurs dans
notre travail.
Nous estimons particulièrement important de garantir l’exercice
de la responsabilité dans l’Eglise, y compris le développement des instruments pour
des protocoles et des procédures efficaces et transparentes. Nous proposerons au Saint-Père
des Statuts pour exprimer plus précisément la nature de notre Commission, sa structure,
son activité et ses objectifs. Il est claire, par exemple, que la Commission ne traitera
pas de cas individuels d’abus, mais pourra présenter des recommandations sur les directives
pour assurer l’obligation de la responsabilité et des meilleures pratiques. Dans les
Statuts nous voulons présenter des propositions spécifiques pour souligner les voies
à prendre pour sensibiliser les personnes sur les conséquences tragiques des abus
sexuels et sur les conséquences dévastatrices du manque d’écoute, de l’absence de
rapports en cas d’abus suspectés, et du manque de soutien aux victimes d’abus sexuels
et à leurs familles.
Alors que les catholiques s’engagent à rendre nos paroisses,
écoles et institutions, des lieux sûrs pour tous les mineurs, nous nous engageons
avec les personnes de bonne volonté à garantir que les enfants et les adultes vulnérables
soient protégés des abus. Nous demandons les prières de tous ceux qui désirent soutenir
le travail de la Commission. »