2014-05-02 11:15:50

Craintes des minorités au Sri Lanka


Sous prétexte de « résoudre les tensions religieuses » croissantes au Sri Lanka, le gouvernement vient de créer une police spéciale dépendant directement du Premier ministre. Une initiative qui alarme les minorités de l’île, inquiètes d'une possible collusion entre cette nouvelle unité et le pouvoir sri-lankais, dominé par les partis bouddhistes nationalistes.

La nouvelle force de sécurité, qui a pris ses fonctions le 28 avril, est officiellement chargée d’enquêter sur les constructions non autorisées de lieux de culte, l’accaparement des terres pour y bâtir des édifices religieux et les affrontements interreligieux. L’inspecteur principal Anura Senanayaka a déclaré aux médias que son unité spéciale traiterait également les conversions illégales, les troubles à l’ordre public de nature confessionnelle et les menaces envers les religieux.

Ce discours, qui se veut rassurant, a cependant déclenché de vives inquiétudes au sein des minorités religieuses de l’île. Les communautés chrétiennes, hindoues et musulmanes subissent déjà une importante discrimination, dans un pays où la puissante majorité bouddhiste est alliée au pouvoir. Ces minorités craignent que la police religieuse ne vienne renforcer les abus des autorités locales à leur encontre.

40 églises chrétiennes attaquées

Ces dernières années, et notamment ces derniers mois, les agressions des bouddhistes nationalistes à l’encontre des minorités chrétiennes et musulmanes ont augmenté de façon constante. Les plaintes se sont accumulées contre la police accusée d’inaction, voire de complicité avec les agresseurs.

Selon l’agence d'information catholique "Ucanews", au moins 30 magasins musulmans et autres édifices, dont des mosquées, ont été attaqués en 2013. L’"Alliance Nationale Chrétienne" (NCA) du Sri Lanka a rapporté qu'au moins une quarantaine d’églises chrétiennes ont été la cible des bouddhistes extrémistes, depuis le début 2014.

Quant aux « récents conflits interreligieux » auxquels fait allusion le gouvernement, il s’agit en réalité d’une vague de répression menée par les bouddhistes à l’encontre des minorités de l’île. A l'instar de la NCA, le Conseil musulman du Sri Lanka a publiquement émis des réserves concernant la création de la nouvelle unité et plus particulièrement son indépendance, la police spéciale étant rattachée au cabinet du Premier ministre, lequel fonctionne étroitement avec le parti nationaliste bouddhiste "Jathika Hela Urumaya" (JHU), au sein de la coalition au pouvoir. (apic/Eglises d'Asie)

Photo: catholiques à Colombo lors du Vendredi Saint







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