(RV) Entretien - Le sanctuaire de Notre Dame du Laus dans le Sud-Est de la
France est en fête. Ce 1er mai s’ouvre en effet une année jubilaire pour célébrer
le 350 ème anniversaire des apparitions de la Vierge à Benoite Rencurel, une jeune
bergère née en 1647. Pendant 54 ans, Marie apparaitra à Benoite et les pèlerins seront
de plus en plus nombreux à affluer au Laus. Les témoignages de guérisons spirituelles
sont nombreux.
Aujourd’hui, ce sanctuaire marial des Hautes-Alpes, niché à
900 mètres dans un magnifique panorama montagneux attire entre 150 000 et 170 000
personnes chaque année. Des croyants mais pas seulement, qui viennent se « laisser
réconcilier » comme l’indique le message de la Vierge. Elles devraient être encore
plus nombreuses avec cette année de fête. Mgr Jean-Michel di Falco-Leandri, évêque
de Gap et d’Embrun revient sur les temps forts qui vont rythmer cette année jubilaire
Le sens du
Jubilé, c’est que c’est le 350°anniversaire de la première apparition de Benoite Rencurel
qui est, comme on peut le supposer à cette époque, une bergère issue d’une famille
très pauvre puisqu’elle n’a qu’une seule chèvre qu’elle garde dans la campagne. Elle
voit un jour une dame qu’elle appelle « la belle dame » qui s’adresse à elle. Elle
ne sait bien sur pas du tout de quoi il s’agit, elle est même très surprise puisqu’elle
lui demande si elle veut acheter du plâtre (à coté on fabriquait du plâtre). Elle
ne sait pas qui s’adresse à elle. Donc, cela se passait il y a 350 ans. Nous avons
pensé qu’il était bon de célébrer cet anniversaire.
Quels évènements particuliers
avez-vous prévu pour ce Jubilé ? Est-ce que vous pouvez nous en donner les temps forts
? Il me serait très difficile de vous les décrire puisque c’est tout au long
de l’année que ça va se passer avec un grand nombre de célébrations diverses proposées
à tous les publics, à des étudiants avec une retraite pour les prêtre et une retraite
pour les religieuses. Nous aurons l’ouverture de l’année jubilaire en présence de
Mgr. Luigi Ventura, le nonce apostolique et l’année jubilaire sera clôturé par le
cardinal Angelo Amato qui est le préfet de la congrégation pour la cause des Saints.
Mgr Di Falco, en quoi le message de Notre-Dame de Laus, c’est encore d’actualité
aujourd’hui pour les catholiques ? Je pense que ce message est plus que jamais
d’actualité puisque c’est un message de réconciliation. Je pense que dans une époque
où on voit autour de nous tant de divisions, ce message est tout à fait d’actualité.
Et quand je parle de réconciliation, je le situe à trois niveaux. Tout d’abord, la
réconciliation avec soi-même. Quand nous voyons un certain nombre de personnes que
nous accueillons au sanctuaire, ils sont en souffrance. Ils ne parviennent pas à s’aimer.
Or, c’est bien ce que le Christ nous dit quand on vient l’interroger sur le plus grand
des commandements. Il dit bien « Tu aimeras ton Dieu plus que tout et ton prochain,
comme toi-même ». Et on fait beaucoup de commentaires sur l’amour de Dieu, l’amour
du prochain mais assez peu de choses sur l’amour de soi-même alors que Dieu nous donne
comme mesure de l’amour des autres, l’amour que nous avons pour nous-mêmes. Donc,
réconciliation avec soi-même, réconciliation avec les autres et réconciliation avec
Dieu. Je pense que ce sont les trois pivots sur lesquels s’appuie la réconciliation
à une époque où malheureusement, nous voyons ce qui se passe autour de nous, que ce
soit entre pays ou au sein d’un même pays, que ce soit parfois certaines familles.
Ce message-là est plus que jamais d’actualité.
Pour ceux qui vont venir
à Notre-Dame du Laus cette année, est-ce que vous avez des conseils à donner pour
vivre en particulier ce Jubilé ? Vous savez, les conseils, c’est un lieu.
Le sanctuaire Notre-Dame du Laus bénéficie d’un cadre assez unique puisque c’est vraiment
au cœur d’une forêt, dans une toute petite commune, dans un hameau. Donc, le conseil
qu’on peut donner, c’est d’arriver avec le cœur ouvert dans la simplicité de ce que
l’on est, dans la vérité de ce que l’on est. Ensuite, se laisser accueillir et se
laisser porter par tout ce qui sera mis à la disposition de ceux qui se présenteront.
Ce ne sont pas nécessairement comme on le voit tout au long de l’année des chrétiens
pratiquants ou fidèles mais aussi tout en chacun qui vient découvrir et qui repart
parfois réconforté pour affronter à nouveau les épreuves qui peuvent se présenter
dans une vie.
Mgr Di Falco, on connait bien entendu Bernadette Soubirou,
on connait un peu moins bien Benoite Rencurel. En quoi est-ce important de se souvenir
de ces figures, de ces jeunes filles pauvres et simples à qui la Vierge est apparue.
Qu’est-ce que cela veut dire aujourd’hui pour les chrétiens ? Je crois qu’on
voit bien qu’avec ceux qui ont eu le bonheur d’avoir une apparition, que ce soit Bernadette
Soubirou, que ce soit Benoite Rencurel pour Notre-Dame du Laus, que ce soit les enfants
de Fatima, que ce soit les enfants de Notre-Dame de la Salette, elle s’adresse toujours
à des personnes d’une grande simplicité, d’une grande modestie. Et cela rejoint le
message que nous adresse assez régulièrement le Pape François d’une Église pour les
pauvres. Je crois que c’est bien le signe que nous donne la Vierge Marie au travers
des apparitions : elle s’adresse aux cœurs simples.