2014-04-30 16:19:46

Le Cardinal Sarr et Vatican II en Afrique


(RV) Entretien - En associant Jean XXIII et Jean-Paul II dans une même cérémonie de canonisation, le Pape François a mis en évidence le concile Vatican II dans ses intuitions fondatrices et dans ses conséquences pastorales. A Rome, la double canonisation du 27 avril a d’ailleurs été précédée d’un congrès de deux jours sur l’Eglise en Afrique, depuis le Concile Vatican jusqu’au troisième millénaire.

Réunis à l’université pontificale urbanienne, des évêques, prêtres, théologiens, étudiants et personnalités de la culture africaine ont dressé un bilan de l’application du Concile Vatican II qui a marqué un tournant majeur pour l’Eglise catholique sur ce continent. Nous avons recueilli les impressions de l’un des participants, le cardinal Adrien Sarr, archevêque de Dakar RealAudioMP3

Le Concile Vatican II a été important pour l’Afrique dès son départ. Dans le sens que l’objectif du Concile Vatican II est de faire en sorte que l’Église catholique puisse prendre un tournant pour pouvoir mieux s’adapter aux conditions du monde de l’époque et au contexte plutôt mondial de l’époque, le contexte culturel social et économique. Cela convenait très bien à l’Afrique parce que d’une part, à ce moment-là, beaucoup de pays d’Afrique entrait dans l’indépendance (donc, dans la gestion des nations par elles-mêmes) mais également les Églises d’Afrique commençaient elles-mêmes à avoir une hiérarchie locale. Donc, c’est vraiment un moment où l’Afrique se prenait en charge au niveau politique, au niveau social et au niveau ecclésial. Le Concile Vatican II arrive pour inciter l’Église à donner davantage d’attention aux réalités actuelles de l’époque et deuxièmement, aux cultures des peuples. Cela a permis que l’Église soit entrée d’emblée avec le Concile Vatican II dans une étape majeure de sa croissance : Une prise de conscience de ses richesses culturelles plus grandes et surtout prise de conscience de son statut ecclésial pour voir comment mieux intégrer, assumer et accueillir la foi chrétienne avec ses richesses culturelles et exprimer la même foi chrétienne ave ses richesses culturelles.

Pendant les 50 ans qui suivent le Concile à aujourd’hui, deux synodes des évêques se sont déroulés pour l’Afrique, des synodes des évêques africains. De quelle façon cette assemblée a recueilli l’hérédité du Concile et quelles indications nouvelles a-t-elle donné à l’Afrique ?
Lors du premier synode, je me souviens très bien comment les pères synodaux ont insisté pour dire qu’il faudrait qu’en Afrique, nous privilégions l’image de la famille pour désigner l’Église en nous appuyant à la fois sur la place de la famille dans les peuples africains, dans les sociétés africaines, dans nos cultures et sur l’importance de la famille afin qu’à partir de ces réalités africaines que nous connaissons bien, nous puissions nous tourner vers l’Église et appréhender l’Église comme une famille, vivre l’Église comme une famille. Donc, c’était un moment très important d’inculturation, c’est-à-dire regarder l’Église comme une famille et bâtir l’Église en Afrique comme une famille pour que les membres africains de l’Église puissent vraiment s’intégrer, s’impliquer pleinement dans la vie de l’Église, dans la construction de l’Église comme Église famille de Dieu et également dans la mission de l’Église de devoir annoncer la bonne nouvelle du salut.

Et en ce qui concerne le deuxième synode des évêques ?
Alors, le deuxième synode, c’est le synode sur l’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. Cela permettait que l’Église, après avoir pris conscience et après avoir voulu se bâtir en Afrique comme l’Église de Dieu, comme la famille de Dieu, apprenne justement à se réconcilier en son sein avec elle-même. Par exemple, l’Afrique qui se réconcilie avec ses cultures. L’Afrique qui se réconcilie avec son passé. Et voir maintenant, comment, à partir de cette réconciliation, l’Église en Afrique elle-même aide les peuples africains à vivre la réconciliation, à se réconcilier avec leurs cultures, avec eux-mêmes pour bâtir un présent et un avenir meilleur. Donc, à ce moment-là, l’Église en Afrique en tant que famille de Dieu va consolider son être-famille et consolider sa vie familiale pour pouvoir mieux accomplir l’annonce de l’Évangile comme promotrice de la paix pour les hommes à travers l’application d’une plus grande justice.

Vous avez cité la justice, la paix et la réconciliation. Ce sont certains défis que l’Afrique doit affronter pendant ces années mais l’Afrique est aussi protagoniste d’une transformation. L’Afrique se transforme. Comment les indications du Concile peuvent-elles aider l’Afrique dans cette transformation et quel rôle l’Église peut jouer dans cette transformation ?
Si je pars de la réconciliation, cette transformation doit amener les peuples africains à dépasser toutes leurs luttes, tous leurs combats internes, toutes leurs difficultés internes afin qu’en se réconciliant, les peuples africains, chacun avec son voisin et les peuples entre eux, les peuples à l’interne deviennent vraiment une véritable entité, un véritable peuple, une véritable famille et pouvoir marcher vers la construction de la paix en Afrique pour le développement des peuples à travers l’application de la justice. Vous voyez, ces trois thèmes sont très bien choisis : réconciliation, justice et paix pour que les Églises africaines, vivant la réconciliation en leur sein, puissent aider les peuples africains à vraiment vivre la réconciliation. Donc, pour dépasser tous ces conflits qui mobilisent les énergies pour qu’elles puissent être utilisées au développement de l’Afrique. Ensuite, on espère que cette réconciliation grandisse, que les peuples seront vraiment des peuples réunis, unifiés et forts comme des familles vraiment cohérentes, unis. A ce moment là, toutes les forces africaines seront mises dans l’application de la justice pour tous et ainsi, la construction de la paix.

Un entretien signé Davide Maggiore

Photo: le cardinal Adrien Sarr, archevêque de Dakar







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