Gambie: Les femmes exigent un siège dans les instances politiques
Le compte à rebours pour les élections générales de 2016 en Gambie a commencé avec
une démarche rare visant à réunir les femmes politiques de tout le spectre politique
divisé afin d'assurer une représentation accrue des femmes. Au cours de la dernière
semaine du mois de mars, l'ONG locale de défense des droits des femmes appelée Comité
gambien sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants,
a lancé une campagne demandant des réformes politiques afin d'assurer la participation
effective des femmes dans tous les postes de leadership politique. Le Dr Isatou
Touray, directrice exécutive de l’ONG a affirmé : « Ce que nous faisons n'a rien à
voir avec la politique partisane. Il ne s'agit pas d'arracher leurs pouvoirs. Il s'agit
de développement, et il s'agit de la politique de genre". "Lorsque nous parlons
de la politique de genre, nous disons que les femmes issues des différents partis
politiques se réunissent pour examiner leurs problèmes et les promouvoir, à travers
un seul mouvement". Les résultats préliminaires du recensement effectué en 2013
dans de ce petit pays d'Afrique de l'ouest montrent que les femmes constituent plus
de 51 pour cent des près de 1,8 million d'habitants du pays. A partir de 2011,
les femmes représentent 58 pour cent des électeurs nationaux. Leur force numérique
n'est pas, toutefois, reflétée dans le nombre de femmes à des postes de gouvernance
et de leadership à la fois au niveau national et local. Ceci en dépit du fait que
la Gambie ait une femme vice-présidente, Dr Isatou Njie Saidy, qui occupe ce poste
depuis 1997. "Sur les 53 membres de l'Assemblée nationale, nous avons seulement
quatre qui sont des femmes élues et une seule femme députée nommée. Ce qui fait neuf
pour cent", souligne Amie Sillah, une politicienne activiste de genre. "Egalement,
sur 1.873 chefs de village, seulement cinq sont des femmes. Il n'y a aucune femme
gouverneure, aucune femme chef de district." Les structures au sein des différents
partis politiques, au mieux, relèguent les femmes à la position de suppléantes des
propagandistes hommes. Les femmes occupent essentiellement seulement des postes de
leadership dans les ailes des femmes de leurs partis politiques. Et la majorité
des femmes politiquement actives dans le pays passent leur temps à faire campagne
pour les votes et les dons financiers pour leurs homologues hommes. "Dans les comités
de sélection des parties, même si une femme est nommée présidente, comme le dit notre
proverbe: 'Ils [les hommes] vous donnent la tête et prennent la langue', de sorte
que la femme n'est pas en mesure de parler. Les hommes vous donnent juste un pouvoir
symbolique. En un mot, vous propagez ce qu'ils veulent que vous propagez", affirme
Sillah. La Constitution garantit le droit des femmes de participer à la vie politique
et criminalise toute forme de discrimination fondée sur le genre, souligne-t-elle.