« Jean-Paul II a su regarder les jeunes comme peu d'autres avant lui »
(RV) Reportage - Rome se prépare à accueillir des centaines de milliers de
pèlerins et des dizaines de délégations officielles pour la double canonisation du
27 avril. Un événement planétaire qui nous permet de nous attarder sur la personnalité
et l’héritage de deux Papes qui ont marqué l’Histoire. Nous vous proposons de revenir
sur le lien étroit qui unissait Jean-Paul II aux jeunes. A l’occasion de la 29ème
journée diocésaine de la jeunesse, un groupe de jeunes Brésiliens a remis la croix
des JMJ aux Polonais qui la porteront en pèlerinage jusqu’à Cracovie. Pour préparer
ce grand rendez-vous, le Conseil pontifical pour les laïcs avait réuni mi-avril à
Rome, des responsables de la pastorale des jeunes du monde entier.
Audrey
Radondy y a rencontré certains d’entre eux. Ils viennent du Gabon, du Liban et de
Monaco. Elle a évoqué avec eux leurs souvenirs de Jean-Paul II :
Il y a trente
ans, lors des fêtes de Pâques, Jean-Paul II avait confié aux jeunes la Croix de l'Année
Sainte de la Rédemption. Ce geste, fortement symbolique, est à l'origine des Journées
Mondiales de la Jeunesse. Des millions de jeunes ont participé aux JMJ organisées
sous son pontificat. À Manille, en 1995, ils étaient plus de 5 millions. Franck n'avait
pas pu y aller mais deux ans plus tard il était à Paris. « Je suis très attaché
aux JMJ, j’ai commencé à y participer j’avais autour de quinze ans. La première ce
n’était pas vraiment une Journée Mondiale de la Jeunesse, mais plutôt européenne,
c'était à Lorette car Manille était trop loin. Ça été mon premier contact avec l’ambiance
JMJ ».
Aujourd'hui, il est co-responsable de la délégation de la principauté
de Monaco pour les JMJ. A l'approche de la canonisation de Jean-Paul II, Franck salue
cette initiative créée par le Pape pour les jeunes. « On est tous appelé à la sainteté,
encore faut-il s’en donner les moyens et d’avoir un Pape qui nous aide à trouver ces
moyens là et qui propose aux jeunes cet outil génial de nouvelle évangélisation que
sont les JMJ, c’est formidable d’ingéniosité, mais c’est formidable aussi en terme
de pastorale. C’est là qu’on voit que il a été un grand Pape et un grand pasteur ».
«
Un regard aimant »
Un grand pasteur, un peu philosophe quand il s'adressait
aux jeunes. « Sur une simple phrase on pouvait y passer la journée, elle nous appelait
à la raison et de ne pas rester simplement sur des faits et de digérer ses paroles
bien plus tard. Et ce n’étaient pas que des mots, c’était aussi un regard. Un regard
aimant. Je pense qu’il a su regarder les jeunes comme peu d’autres avant lui l’ont
fait », précise Franck.
Et plus qu'un regard, pour Arnaud originaire du
Gabon, Jean-Paul II se mettait dans la peau de la jeunesse. « A Toronto il avait
dit qu’il était un jeune à l’âge de 82 ans. Et ceci pour dire que la jeunesse, c’est
un état d’esprit. Et le Pape Jean-Paul II s’est rendu compte tout de suite qu’il fallait
faire confiance à la jeunesse ».
Et face à cette période difficile de l'adolescence,
où l'on peut se tromper de chemin, les mots, les idées de Jean-Paul II sur le respect
de l'autre, du corps, de la vie ont beaucoup compté. Ses mots et ses idées résonnent
encore aujourd'hui. « Finalement la première fois que j’en ai entendu parler, j’étais
adolescent et je me suis dit mais comment ça se fait que personne n’y ait pensé avant
de nous dire que nous sommes tous des êtres humains, qu’on soit jeune, qu’on soit
vieux, qu’on soit déjà né, qu’on soit à naître. On est tous un petit miracle. Et
ça il l’a fait passer merveilleusement bien », explique Franck.
Les
JMJ parlent-elles encore au coeur des jeunes ?
Jean-Paul II a su guider
les chrétiens pendant des périodes difficiles. Et comme l'explique Arnaud, il a fait
bouger les choses pendant ses voyages à travers le monde. « Il a brisé beaucoup
de murs qu’il y avaient dans des pays qui n’étaient pas forcément catholiques, où
l’on s’exprimait très peu. Et les catholiques ont compris qu’il faut exprimer la foi
». Et parmi ces nombreux voyages, il y a eu celui au Liban en 1997. « Quand
il nous a vu autour de Notre-Dame du Liban, il nous a dit « quel bel horizon ! ».
Et il nous a dit une phrase pour notre pays « n’ayez pas peur, votre pays n’est pas
juste un pays, il est un message pour le monde. N’ayez pas peur, quelles que soient
les conditions, vous êtes le plus bel horizon de votre pays », se souvient Cynthia,
à l'époque elle avait dix ans.
Aujourd'hui ce sont eux, au sein de la pastorale
des jeunes de leur pays, qui essayent d'être des pasteurs. Et ils se demandent, si
les JMJ parlent encore au coeur de ces jeunes. « Est-ce que nous qui l’avons
connu, ça ne nous tient pas plus à cœur ? Pour ces nouvelles générations ça été un
Pape génial, mais ils ne l’ont pas connu de manière directe. D’une certaine manière
même s’ils ne fonctionnent pas de la même manière, ses deux successeurs, que ce soir
le Pape Benoît XVI ou le Pape François, ils s’inscrivent dans cette continuité et
ils font durer ce message », observe Franck. Un message repris par ses successeurs.
Le Pape François a rappelé que Jean-Paul II « dans la communion des saints, continuera
à être pour les jeunes un père et un ami ».
Photo : trois jeunes
rencontrent Jean-Paul II lors des JMJ de Denver en 1993