« Revenons en Galilée, redécouvrons notre baptême »
(RV) Le pape François a baptisé dix catéchumènes de 8 à 58 ans, dont une Française,
au cours de la célébration de la veillée pascale dans la basilique Saint-Pierre, dans
la soirée du Samedi saint. Durant cette cérémonie, le souverain pontife a invité les
fidèles à redécouvrir leur baptême et ainsi à garder au cœur la mémoire de l’appel
de Jésus.
Gwendolyne-Myriam, une Française de 44 ans a ainsi été baptisée par
le pape François pendant la nuit de Pâques au Vatican avec neuf autres personnes :
huit hommes et une femme. Les benjamins sont deux jeunes frères italiens de 8 et 10
ans, Jacopo et Giorgio. Trois autres Italiens font partie du groupe de baptisés, dont
un adolescent de 14 ans. Le plus âgé des catéchumènes est un Vietnamien de 58 ans.
Une Biélorusse, un Sénégalais et un Libanais complètent le groupe. Après le baptême,
les catéchumènes devaient également recevoir le sacrement de la confirmation avant
de communier pour la première fois, avec l’assemblée des fidèles.
Avant la
liturgie baptismale, durant son homélie sur l’Evangile de la résurrection du Christ,
le souverain pontife a invité les milliers de fidèles présents dans la basilique vaticane
à revenir en Galilée, le lieu du premier appel de Jésus. Ce retour, a assuré le pape,
signifie « redécouvrir notre baptême comme source vive, puiser une énergie nouvelle
à la racine de notre foi et de notre expérience chrétienne ». Le souverain pontife
a également affirmé que, dans la vie chrétienne, il y existait une Galilée plus existentielle,
à savoir l’expérience de la rencontre personnelle avec Jésus-Christ qui a appelé à
le suivre et à participer à sa mission. « En ce sens, a souligné le pape, revenir
en Galilée signifie garder au cœur la mémoire vivante de cet appel ».
Résurrection
du Christ
La messe, concélébrée par une quarantaine de cardinaux, a débuté
vers 20h30 dans l’atrium de la basilique vaticane avec la bénédiction du feu et la
préparation du cierge pascal sur lequel le pape a gravé l’alpha et l’omega, première
et dernière lettres de l’alphabet grec, ainsi que les chiffres de l’année en cours.
Puis le pape a présidé une procession qui a remonté la nef, tandis que s’allumaient
les bougies des milliers de fidèles encore plongés dans l’obscurité. Le passage de
l’ombre à la lumière symbolise ainsi l’entrée de la lumière, le Christ, dans le monde
des ténèbres et du péché. Avec le chant du Gloria, les cloches de la basilique Saint-Pierre
ont ensuite sonné à toute volée, annonçant au monde la résurrection du Christ. Après
le chant de l’Alléluia, le diacre a lu l’Evangile.(Apic/Imedia)
Texte
intégral de l'Homélie de la VEILLÉE PASCALE 19 avril 2014 Homélie du Saint-Père
L’évangile de la résurrection de Jésus Christ commence par la marche des
femmes vers le sépulcre, à l’aube du jour qui suit le sabbat. Elles vont au tombeau,
pour honorer le corps du Seigneur, mais elles le trouvent ouvert et vide. Un ange
puissant leur dit : « Vous, soyez sans crainte ! » (Mt 28, 5), et il leur demande
d’aller porter la nouvelle aux disciples : « Il est ressuscité d’entre les morts ;
il vous précède en Galilée » (v. 7). Vite, les femmes courent, et le long du chemin,
Jésus lui-même vient à leur rencontre et dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer
à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (v.
10). Après la mort du Maître ; les disciples s’étaient dispersés ; leur
foi s’était brisée, tout semblait fini, les certitudes écroulées, les espérances éteintes.
Mais maintenant, cette annonce des femmes, bien qu’incroyable, arrivait comme un rayon
de lumière dans l’obscurité. La nouvelle se répand : Jésus est ressuscité ; comme
il avait prédit… Et aussi ce commandement d’aller en Galilée ; par deux fois les femmes
l’avaient entendu, d’abord de l’ange, puis de Jésus lui-même : « Qu’ils aillent en
Galilée, là ils me verront ». La Galilée est le lieu du premier appel,
où tout avait commencé ! Revenir là, revenir au lieu du premier appel. Sur la rive
du lac, Jésus était passé, tandis que les pécheurs étaient en train de réparer leurs
filets. Il les avait appelés, et eux avaient tout laissé et l’avaient suivi (cf. Mt
4, 18-22). Revenir en Galilée veut dire tout relire à partir de la croix
et de la victoire. Tout relire – la prédication, les miracles, la nouvelle communauté,
les enthousiasmes et les défections, jusqu’à la trahison – tout relire à partir de
la fin, qui est un nouveau commencement, à partir de ce suprême acte d’amour. Pour
chacun de nous aussi, il y a une “Galilée” à l’origine de la marche avec Jésus. “Aller
en Galilée” signifie quelque chose de beau, signifie pour nous redécouvrir notre Baptême
comme source vive, puiser une énergie nouvelle à la racine de notre foi et de notre
expérience chrétienne. Revenir en Galilée signifie surtout revenir là, à ce point
incandescent où la grâce de Dieu m’a touché au début du chemin. C’est à cette étincelle
que je puis allumer le feu pour l’aujourd’hui, pour chaque jour, et porter chaleur
et lumière à mes frères et à mes sœurs. À cette étincelle s’allume une joie humble,
une joie qui n’offense pas la douleur et le désespoir, une joie bonne et douce. Dans
la vie chrétienne, après le Baptême, il y a aussi une “Galilée” plus existentielle
: l’expérience de la rencontre personnelle avec Jésus Christ, qui m’a appelé à le
suivre et à participer à sa mission. En ce sens, revenir en Galilée signifie garder
au cœur la mémoire vivante de cet appel, quand Jésus est passé sur ma route, m’a regardé
avec miséricorde, m’a demandé de le suivre ; retrouver la mémoire de ce moment où
ses yeux ont croisé les miens, le moment où il m’a fait sentir qu’il m’aimait. Aujourd’hui,
en cette nuit, chacun de nous peut se demander : quelle est ma Galilée ? Où est ma
Galilée ? Est-ce que je m’en souviens ? L’ai-je oubliée ? Je suis allé par des routes
et des sentiers qui me l’ont fait oublier. Seigneur, aide-moi : dis-moi quelle est
ma Galilée ; tu sais, je veux y retourner pour te rencontrer et me laisser embrasser
par ta miséricorde. L’évangile de Pâques est clair : il faut y retourner,
pour voir Jésus ressuscité, et devenir témoins de sa résurrection. Ce n’est pas un
retour en arrière, ce n’est pas une nostalgie. C’est revenir au premier amour, pour
recevoir le feu que Jésus a allumé dans le monde, et le porter à tous, jusqu’aux confins
de la terre. « Galilée des gentils » (Mt 4, 15 ; Is 8, 23) : horizon du
Ressuscité, horizon de l’Église ; désir intense de rencontre… Mettons-nous en chemin
!