Veillée pascale : Revenir en Galilée pour redécouvrir notre baptême
Le Pape François a baptisé dix catéchumènes âgés de 8 à 58 ans, au cours de la célébration
de la veillée pascale dans la basilique Saint-Pierre, dans la soirée du Samedi saint
19 avril 2014. Durant cette cérémonie, le Pape a invité les fidèles à redécouvrir
leur baptême et à garder au cœur la mémoire de l’appel de Jésus. Avant la liturgie
baptismale, durant son homélie sur l’Evangile de la résurrection du Christ, François
a invité les fidèles à revenir en Galilée, le lieu du premier appel de Jésus. Ce retour,
a assuré le pape, signifie “redécouvrir notre baptême comme source vive, puiser une
énergie nouvelle à la racine de notre foi et de notre expérience chrétienne“. Voici
l’homélie du Pape dans son intégralité : L’évangile de la résurrection de
Jésus Christ commence par la marche des femmes vers le sépulcre, à l’aube du jour
qui suit le sabbat. Elles vont au tombeau, pour honorer le corps du Seigneur, mais
elles le trouvent ouvert et vide. Un ange puissant leur dit : « Vous, soyez sans crainte
! » (Mt 28, 5), et il leur demande d’aller porter la nouvelle aux disciples : « Il
est ressuscité d’entre les morts ; il vous précède en Galilée » (v. 7). Vite, les
femmes courent, et le long du chemin, Jésus lui-même vient à leur rencontre et dit
: « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée
: c’est là qu’ils me verront » (v. 10). Après la mort du Maître ; les disciples
s’étaient dispersés ; leur foi s’était brisée, tout semblait fini, les certitudes
écroulées, les espérances éteintes. Mais maintenant, cette annonce des femmes, bien
qu’incroyable, arrivait comme un rayon de lumière dans l’obscurité. La nouvelle se
répand : Jésus est ressuscité ; comme il avait prédit… Et aussi ce commandement d’aller
en Galilée ; par deux fois les femmes l’avaient entendu, d’abord de l’ange, puis de
Jésus lui-même : « Qu’ils aillent en Galilée, là ils me verront ». La Galilée
est le lieu du premier appel, où tout avait commencé ! Revenir là, revenir au lieu
du premier appel. Sur la rive du lac, Jésus était passé, tandis que les pécheurs étaient
en train de réparer leurs filets. Il les avait appelés, et eux avaient tout laissé
et l’avaient suivi (cf. Mt 4, 18-22). Revenir en Galilée veut dire tout relire
à partir de la croix et de la victoire. Tout relire – la prédication, les miracles,
la nouvelle communauté, les enthousiasmes et les défections, jusqu’à la trahison –
tout relire à partir de la fin, qui est un nouveau commencement, à partir de ce suprême
acte d’amour. Pour chacun de nous aussi, il y a une “Galilée” à l’origine de la
marche avec Jésus. “Aller en Galilée” signifie quelque chose de beau, signifie pour
nous redécouvrir notre Baptême comme source vive, puiser une énergie nouvelle à la
racine de notre foi et de notre expérience chrétienne. Revenir en Galilée signifie
surtout revenir là, à ce point incandescent où la grâce de Dieu m’a touché au début
du chemin. C’est à cette étincelle que je puis allumer le feu pour l’aujourd’hui,
pour chaque jour, et porter chaleur et lumière à mes frères et à mes sœurs. À cette
étincelle s’allume une joie humble, une joie qui n’offense pas la douleur et le désespoir,
une joie bonne et douce. Dans la vie chrétienne, après le Baptême, il y a aussi
une “Galilée” plus existentielle : l’expérience de la rencontre personnelle avec Jésus
Christ, qui m’a appelé à le suivre et à participer à sa mission. En ce sens, revenir
en Galilée signifie garder au cœur la mémoire vivante de cet appel, quand Jésus est
passé sur ma route, m’a regardé avec miséricorde, m’a demandé de le suivre ; retrouver
la mémoire de ce moment où ses yeux ont croisé les miens, le moment où il m’a fait
sentir qu’il m’aimait. Aujourd’hui, en cette nuit, chacun de nous peut se demander
: quelle est ma Galilée ? Où est ma Galilée ? Est-ce que je m’en souviens ? L’ai-je
oubliée ? Je suis allé par des routes et des sentiers qui me l’ont fait oublier. Seigneur,
aide-moi : dis-moi quelle est ma Galilée ; tu sais, je veux y retourner pour te rencontrer
et me laisser embrasser par ta miséricorde. L’évangile de Pâques est clair : il
faut y retourner, pour voir Jésus ressuscité, et devenir témoins de sa résurrection.
Ce n’est pas un retour en arrière, ce n’est pas une nostalgie. C’est revenir au premier
amour, pour recevoir le feu que Jésus a allumé dans le monde, et le porter à tous,
jusqu’aux confins de la terre. « Galilée des gentils » (Mt 4, 15 ; Is 8, 23) :
horizon du Ressuscité, horizon de l’Église ; désir intense de rencontre… Mettons-nous
en chemin !