Pour la deuxième fois depuis son accession au pontificat, le Pape François devait
conduire vendredi soir au Colisée de Rome le Chemin de Croix du Vendredi Saint. La
célébration, qui n’avait pas encore lieu au moment où cette émission a été confectionnée,
se tient comme les autres années au lieu de supplice des premiers chrétiens. Les textes
de méditation de cette année ont été écrits, à la demande expresse du Pape en personne,
par un Evêque de terrain bien connu pour ses prises de position contre la mafia calabraise
dans le sud de l’Italie : Mgr Bregantini. Agé de 66 ans, actuellement archevêque
de Campobasso, Mgr Bregantini préside actuellement la Commission pour les problèmes
sociaux, le travail, la justice et la paix au sein de la Conférence épiscopale italienne.
« Le visage du Christ éclaire toutes les souffrances de l’homme et le visage de l’homme
incarne la lumière de Jésus. Le visage du Christ est lumière, celui de l'homme est
histoire, prophétie réalisée » : c’est le fil conducteur de ces méditations. Le long
des quatorze stations, le texte évoque les problèmes concrets du sud de l’Italie,
le chômage et la précarité, les cancers causés par les déchets toxiques, la criminalité,
la violence, la drogue, la surpopulation carcérale, la corruption … Cette année
des ouvriers et des chefs d’entreprise ont été invités à porter la croix, mais aussi
des immigrés, des représentants du monde carcéral et des communautés thérapeutiques
pour toxicomanes… Mais dans ses méditations, l’archevêque italien a voulu aussi mettre
en relief quatre personnages positifs : Simon de Cyrène qui symbolise la solidarité
et le bénévolat ; Véronique, la douceur gratuite de ceux qui agissent non pas pour
posséder mais pour donner ; les femmes de Jérusalem, dont l’attitude n’est pas la
commisération qui écrase mais la compassion qui fait mûrir, la force qui s’enracine
dans la douleur de l’autre et la rachète ; enfin l’étreinte entre Marie et Jésus :
Mgr Bregantini a voulu y associer toute la douceur et la beauté des mères qui ont
perdu un enfant dans un accident ou par un délit mafieux, mais qui sentent que cet
enfant n'est pas perdu tant qu'il est aimé. Le Père Federico Lombardi, porte-parole
du Saint-Siège, a précisé qu’à la fin du Chemin de Croix, le Pape observera un instant
de recueillement en silence, debout, avant de bénir la foule des fidèles. Le Triduum
pascal au Vatican, a également été marqué vendredi matin par la prédication sur la
Passion du Seigneur donnée au Vatican, en présence du Pape, par le Père Raniero Cantalamessa,
Prédicateur de la Maison pontificale. Sur le thème de : « Il y avait aussi avec eux
Judas, le traitre », le Père Cantalamessa a souligné que si « l’histoire divine et
humaine de Jésus renferme de nombreux petits récits d’hommes et de femmes entrés dans
le rayon de sa lumière ou de son ombre », « le plus tragique est celui de Judas Iscariote
». Judas, Apôtre parmi les Douze, « n’était pas né traître et il ne l’était pas
au moment où Jésus l’a choisi; il le devint ! ». Pourquoi ? s’est demandé le Père
Cantalamessa : pour un motif terre-à-terre : l’argent. « Judas avait reçu la garde
de la bourse commune du groupe; à l’occasion de l’onction de Béthanie il avait protesté
contre le gaspillage du précieux parfum versé par Marie sur les pieds de Jésus, non
pas par souci des pauvres, relève Jean, mais parce que « c’était un voleur ». Le
Père Cantalamessa a estimé qu’aucun homme ne décide de servir Satan sans motif. Or
nul ne peut servir deux maîtres. Et aujourd’hui, sous toutes les formes possibles
et imaginables, hommes et femmes de notre temps continuent de trahir toujours le même
trahi : Jésus, a-t-il affirmé.