Célébration de la Passion du Seigneur : une homélie sur la figure de Judas
(RV) C’est dans la basilique Saint-Pierre que le Pape François a présidé vendredi
en début de soirée la célébration de la Passion du Seigneur, l’office du Vendredi
Saint qui se compose de la liturgie de la Parole, suivie de la vénération de la Croix
et qui s’achève avec la communion. Selon l’ancienne tradition de l’Eglise, on ne célèbre
pas de sacrements le Vendredi Saint, hormis le sacrement de pénitence et celui des
malades.
Après la messe du Jeudi Saint, la veille, les autels ont été dépouillés
de leurs nappes, les tapis ont été roulés, et tout ce qui est beau ou superflu a été
retiré de l'église ou caché. L'orgue, les instruments de musique et les cloches restent
silencieux. Au Vatican, comme chaque année, l’homélie a été confiée au prédicateur
de la Maison pontificale, le père Raniero Cantalamessa. Une homélie centrée sur la
figure de Judas, le traître, cette figure qui a tant à nous dire.
L'argent
est le vrai concurrent de Dieu
La trahison de Judas est l’un des drames
les plus sombres de la liberté humaine. D’emblée, le prédicateur a voulu balayer la
thèse selon laquelle Judas aurait été un militant, une sorte de Brutus qui tue Jules
César en pensant sauver la république. Non, selon les Evangiles, Judas trahit pour
de l’argent. Et cela ne doit pas nous surprendre, car l’argent c’est l’idole par excellence,
la racine de tous les maux. On trahit pour obtenir quelque pouvoir ou quelque bénéfice
temporel.
C’est l’argent, a martelé le père Cantalamessa, qui est derrière
le commerce de la drogue, l’exploitation de la prostitution, la corruption politique,
la fabrication et le commerce des armes, la vente d’organes humains enlevés à des
enfants. La crise financière est due en bonne partie à l’exécrable avidité d’argent
de la part de quelques uns.
Attention au Judas qui se cache en nous
Faisant
allusion aux scandales qui ont défrayé la chronique en Italie, le prédicateur a fustigé
les administrateurs de l’argent public qui soutirent de l’argent de la caisse commune,
ceux qui perçoivent des salaires ou des retraites faramineux et qui refusent de renoncer
à leurs privilèges. La trahison de Judas continue dans l’histoire mais, avertit le
prédicateur, pas seulement dans les affaires retentissantes.
Attention au
Judas qui se cache au fond de nous, quand nous sommes infidèles à notre conjoint,
à notre conscience, aux exigences de notre état. L’homélie du père Canatalamessa s’est
achevée par un appel à s’en remettre à Celui qui volontiers pardonne. Le plus grand
péché de Judas ne fut pas d’avoir trahi Jésus, mais d’avoir douté de sa miséricorde.
Le
texte intégral de l'homélie du Père Cantalamessa :
L’histoire divine
et humaine de Jésus renferme de nombreux petits récits d’hommes et de femmes entrés
dans le rayon de sa lumière ou de son ombre. Le plus tragique est celui de Judas Iscariote.
L’un des rares faits attestés, avec la même importance, par les quatre Evangiles et
par le reste du Nouveau Testament. La première communauté chrétienne a beaucoup réfléchi
à son histoire et nous ferions mal de ne pas faire la même chose. Celle-ci a tant
à nous dire.
Judas a été choisi dès la première heure pour être l’un des Douze.
En insérant son nom dans la liste des apôtres l’évangéliste Luc écrit « Judas Iscariote
qui devint (egeneto) un traître » (Lc 6, 16). Donc Judas n’était pas né traître
et il ne l’était pas au moment où Jésus l’a choisi; il le devint ! Nous sommes devant
un des drames les plus sombres de la liberté humaine.
Pourquoi le devint-il
? Il n’y a pas si longtemps, quand la thèse de Jésus « révolutionnaire » était
à la mode, on a cherché à donner à son geste des motivations idéales. Certains ont
vu dans son surnom « Iscariote » une déformation du mot « sicariote »,
c’est-à-dire faisant partie du groupe de zélotes extrémistes qui prônaient l’emploi
du glaive (sica) contre les Romains; d’autres ont pensé que Judas a été déçu de la
façon dont Jésus suivait son idée du « royaume de Dieu » et qu’il voulait lui
forcer la main, en le poussant à agir aussi au plan politique contre les païens. C’est
le Judas du célèbre « Jésus Christ Superstar » et d’autres spectacles et romans récents.
Un Judas pas loin d’un autre célèbre traître de son bienfaiteur : Brutus, qui tua
Jules César, en pensant de sauver ainsi la république !
Ces reconstructions
sont respectables quand elles revêtent quelque dignité littéraire ou artistique, mais
elles n’ont aucun fondement historique. Les évangiles – seules sources dignes de foi
que nous ayons sur le personnage – parlent d’un motif plus terre-à-terre : l’argent.
Judas avait reçu la garde de la bourse commune du groupe; à l’occasion de l’onction
de Béthanie il avait protesté contre le gaspillage du précieux parfum versé par Marie
sur les pieds de Jésus, non pas par souci des pauvres, relève Jean, mais parce que
« c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait ce que l’on
y mettait » (Jn 12,6). Sa proposition aux chefs des prêtres est explicite: «
Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente
pièces d’argent » (Mt 26, 15).
Mais pourquoi être surpris par cette explication
et la trouver trop banale ? N’est-ce pourtant pas presque toujours comme ça aujourd’hui
? Mammon, l’argent, n’est pas une idole parmi tant d’autres; c’est l’idole par antonomase
: littéralement, « l’idole en métal fondu » (cf. Ex 34, 17). Et l’on comprend
pourquoi. Qui est, objectivement, sinon subjectivement (autrement dit, dans les faits,
si non dans les intentions), le vrai ennemi, le concurrent de Dieu, dans ce monde
? Satan ? Mais aucun homme ne décide de servir Satan, sans raison. S’il le fait c’est
parce qu’il croit obtenir de lui quelque pouvoir ou quelque bénéfice temporel. Qui
est, dans les faits, l’autre-maître, l’anti-Dieu, Jésus nous le dit clairement: «
Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien
il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu
et l’Argent » (Mt 6, 24). L’argent est le « dieu visible », contrairement
au vrai Dieu qui est invisible.
Mammon est l’anti-dieu car il crée un univers
spirituel alternatif, donne un autre objet aux vertus théologales. La foi, l’espérance
et la charité ne reposent plus sur Dieu, mais sur l’argent. Une affreuse inversion
de toutes les valeurs se met en marche. « Tout est possible pour celui qui croit
», disent les Ecritures (Mc 9, 23); or le monde dit : « Tout est possible pour
celui qui a de l’argent ». Et, à un certain niveau, tous les faits semblent lui
donner raison.
« La racine de tous les maux – disent les Ecritures
- c’est l’amour de l’argent » (1 Tm 6,10). Derrière chaque mal de notre société
il y a l’argent, ou du moins il y a aussi l’argent. Celui-ci est le Moloch de la
Bible, auquel on sacrifiait les petits garçons et les petites filles (cf. Jr 32, 35),
soit le dieu aztèque, auquel il fallait offrir quotidiennement un certain nombre de
cœurs humains. Qu’y a-t-il derrière le commerce de la drogue qui détruit tant de vies
humaines, l’exploitation de la prostitution, le phénomène des différentes mafias,
la corruption politique, la fabrication et le commerce des armes, voire même – chose
horrible à se dire – derrière la vente d’organes humains enlevés à des enfants ?
Et la crise financière que le monde a traversé et que ce pays traverse encore, n’est-elle
pas due en bonne partie à cette « exécrable avidité d’argent », l’auri sacra fames,
de la part de quelques uns ? Judas commença par soutirer un peu d’argent de la caisse
commune. Cela ne dit-il rien à certains administrateurs de l’argent public ?
Mais
sans penser à ces moyens criminels pour accumuler de l’argent, n’est-il déjà pas un
scandale que certains perçoivent des salaires et des retraites cinquante ou cent fois
supérieurs aux salaires et retraites de ceux qui travaillent à leurs dépendances et
qu’ils élèvent la voix dès que se profile l’éventualité de devoir renoncer à quelque
chose, en vue d’une plus grand justice sociale ?
Dans les années 70 et 80,
pour expliquer, en Italie, les soudains renversements politiques, les jeux occultes
de pouvoir, le terrorisme et les mystères en tout genre dont était frappée la coexistence
civile, s’affirmait l’idée, presque mythique, de l’existence d’un « grand Vieux »
: un personnage rusé et puissant qui, en coulisses, aurait manipulé tous les fils,
à des fins que lui seul connaissait. Ce « grand Vieux » existe vraiment, ça n’est
pas un mythe ; il s’appelle Argent! Comme toutes les idoles, l’argent est «
faux et menteur » : il promet la sécurité alors qu’il l’enlève ; il promet la
liberté alors qu’il la détruit. Saint François d’Assise décrit, de manière inhabituellement
sévère, la fin d’une personne ayant vécu uniquement pour augmenter son « capital
». La mort approche ; on fait venir le prêtre. Celui-ci demande au moribond :
« Veux-tu recevoir l’absolution de tes péchés ? », et il « oui » : «
Veux-tu, dans la mesure où tu le peux, prendre sur ta fortune pour réparer tes
fautes et restituer à ceux que tu as volés et trompés ? » Et lui: « Je ne peux
pas ». « Pourquoi ne peux-tu pas ? » « Parce que j'ai tout remis entre
les mains de mes parents et amis ». Ainsi, il meurt impénitent et dès qu’il est
mort ses parents et ses amis disent entre eux: « Maudite soit son âme ! Il aurait
pu amasser bien d’avantage et nous le laisser, et il ne l’a pas fait ! »
Que
de fois, en cette période, avons-nous dû repenser à ce cri que Jésus lança au riche
de la parabole qui avait amassé des biens à n’en plus finir et qui se sentait en sécurité
pour le restant de sa vie: « Cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce
que tu auras accumulé, qui l’aura ? » (Lc 12,20). Des hommes placés à des postes
de responsabilité qui ne savaient plus dans quelle banque ou dans quel paradis fiscal
amasser les recettes de leur corruption se sont retrouvés sur le banc des accusés,
ou dans la cellule d’une prison, juste au moment où ils s’apprêtaient à se dire: «
Maintenant profites-en, mon âme ». Pour qui l’ont-ils fait ? Cela valait-il
la peine ? Ont-ils vraiment fait le bien de leurs enfants et de leur famille, ou du
parti, si c’est cela qu’ils cherchaient ? Ou alors ne se sont-ils pas ruinés eux-mêmes
et les autres ? Le dieu argent se charge de punir lui-même ses adorateurs.
La
trahison de Judas continue dans l’histoire et le « trahi » c’est toujours lui, Jésus.
Judas vendit le chef, ses adeptes vendent son corps, parce que les pauvres sont les
membres du Christ: « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits
de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Mais la trahison
de Judas ne se poursuit pas seulement dans les affaires retentissantes comme celles
que je viens d’évoquer. Ça serait pratique pour nous de penser cela, mais il n’en
est pas ainsi. L’homélie que don Primo Mazzolari prononça un Jeudi Saint sur « Notre
frère Judas » est restée célèbre : « Laissez-moi penser un moment au Judas qui
est au fond de moi, avait-il dit aux quelques paroissiens présents devant lui, au
Judas qui est peut-être aussi en vous ».
On peut trahir Jésus aussi pour
d’autres formes de récompense qui ne soient pas les trente pièces d’argent. Trahit
le Christ celui ou celle qui trahit son épouse ou son époux. Trahit Jésus le ministre
de Dieu infidèle à son état, ou qui au lieu de paître ses brebis se paît lui-même.
Trahit Jésus quiconque trahit sa conscience. Je peux le trahir moi aussi, en ce moment
– et la chose me fait trembler – si pendant que je prêche sur Judas je me préoccupe
plus de l’approbation de l’auditoire que de participer à l’immense peine du Sauveur.
Judas avait des circonstances atténuantes que nous n’avons pas. Il ne savait pas qui
était Jésus, il pensait seulement qu’il était « un homme juste » ; il ne savait
pas qu’il était le Fils de Dieu, nous, si.
Comme chaque année, à l’approche
de Pâques, j’ai voulu réécouter la « Passion selon saint Matthieu » de Bach. Il y
a un détail qui me fait sursauter à chaque fois. A l’annonce de la trahison de Judas,
tous les apôtres demandent à Jésus: « Serait-ce moi, Seigneur ? » « Herr,
bin ich’s ? » Mais avant de nous faire écouter la réponse du Christ, annulant
toute distance entre l’événement et sa commémoration, le compositeur insère un chœur
qui commence ainsi: « C’est moi, c’est moi le traître ! Je dois faire pénitence
! », « Ich bin’s, ich sollte büßen ». Comme tous les chœurs de cette œuvre,
celui-ci exprime les sentiments du peuple qui écoute; il est une invitation à confesser
nous aussi nos péchés.
L’Evangile décrit la fin horrible de Judas: « Alors,
en voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait livré, fut pris de remords
; il rendit les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens. Il leur
dit : « J’ai péché en livrant à la mort un innocent. » Ils répliquèrent : « Que nous
importe ? Cela te regarde ! » Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il
se retira et alla se pendre » (Mt 27, 3-5). Mais ne portons pas de jugement hâtif.
Jésus n’a jamais abandonné Judas et personne ne sait où il est tombé au moment il
s’est lancé de l’arbre, la corde au cou : si c’est dans les mains de Satan ou dans
celles de Dieu. Qui peut dire ce qui s’est passé dans son âme à ces derniers instants
? « Ami », avait été le dernier mot de Jésus à son égard dans le jardin des oliviers
et il ne pouvait l’avoir oublié, tout comme il ne pouvait avoir oublié son regard.
Il est vrai qu’en parlant de ses disciples au Père, Jésus avait dit de Judas:
« Aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte » (Jn 17, 12), mais
ici, comme dans tant d’autres cas, il parle dans la perspective du temps et non de
l’éternité. L’autre parole terrible dite sur Judas: « Il vaudrait mieux pour lui
qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » (Mc 14, 21) s’explique elle aussi par
l’énormité du fait, sans besoin de penser à un échec éternel. Le destin éternel de
la créature est un secret inviolable de Dieu. L’Eglise nous garantit qu’un homme ou
une femme proclamés saints sont dans la béatitude éternelle; mais d’aucun celle-ci
ne sait s’il est certainement en enfer. Dante Alighieri qui, dans la Divine Comédie,
situe Judas dans les profondeurs de l’enfer, raconte la conversion au dernier moment
de Manfred, le fils de Frédéric II, roi de Sicile. Tout le monde, à l’époque, pensait
qu’il était damné parce que mort excommunié. Blessé à mort durant une bataille, il
confie au poète qu’au dernier moment de sa vie, il se rendit en pleurant à celui «
qui volontiers pardonne » et du purgatoire, à travers le poète, envoie sur
terre ce message qui vaut aussi pour nous :
Horribles furent mes péchés
; Mais la bonté divine a si grands bras Qu’elle prend ce qui
se rend à elle (Purgatoire,III, 118-120).
Voilà à quoi l’histoire de notre
frère Judas doit nous pousser: à nous rendre à celui qui volontiers pardonne, à nous
jeter nous aussi dans les grands bras du crucifié. Dans l’histoire de Judas, ce qui
importe le plus , ce n’est pas sa trahison, mais la réponse que Jésus lui donne. Il
savait bien ce qui était en train de mûrir dans le cœur de son disciple ; mais il
ne l’expose pas, il veut lui donner la possibilité jusqu’à la fin de revenir en arrière,
comme s’il le protégeait. Il sait pourquoi il est venu, mais il ne refuse pas, dans
le Jardin des oliviers, son baiser de glace, allant même jusqu’à l’appeler mon ami
(Mt 26, 50). De même qu'il chercha le visage de Pierre après son reniement pour lui
donner son pardon, qui sait s’il n’aura pas cherché aussi celui de Judas à quelque
tournant de son chemin de croix! Quand sur la croix il prie: « Père, pardonne-leur
: ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34), il n’exclut certainement pas
Judas.
Alors, nous, que ferons-nous ? Qui suivrons-nous, Judas ou Pierre ?
Pierre eut des remords de ce qu’il avait fait, mais Judas eut lui aussi un tel remord
qu’il s’écria : « J’ai trahi le sang innocent !» et il rendit les trente pièces
d’argent. Alors, où est la différence ? En une seule chose : Pierre eut confiance
en la miséricorde du Christ, pas Judas ! Le plus grand péché de Judas ne fut pas d’avoir
trahi Jésus, mais d’avoir douté de sa miséricorde.
Si nous l’avons imité,
qui plus qui moins, dans la trahison, ne l’imitons pas dans ce manque de confiance
dans le pardon. Il existe un sacrement où il est possible de faire une expérience
sûre de la miséricorde du Christ : le sacrement de la réconciliation. Quel beau sacrement
! Il est doux de faire l’expérience de Jésus comme maître, comme Seigneur, mais encore
plus doux d’en faire l’expérience comme Rédempteur : comme celui qui vous sort du
gouffre, comme Pierre de la mer, qui vous touche, comme il fit avec le lépreux, et
vous dit : « Je le veux, sois purifié ! » (Mt 8,3).
La confession
nous permet de vivre ce que l’Eglise dit du péché d’Adam dans l’Exultet pascal: «
O heureuse faute qui nous a mérité un tel et un si grand Rédempteur !
» Jésus sait faire de toutes les fautes humaines, une fois que nous sommes repentis,
des « heureuses fautes », des fautes dont on ne garde aucun souvenir si ce
n’est celui de l’expérience de miséricorde et de tendresse divine dont elles furent
l’occasion !
J’ai un vœu à faire, à moi-même et à vous tous, Vénérables Pères,
frères et sœurs : que le matin de Pâques nous puissions nous réveiller et entendre
résonner dans nos cœurs les paroles d’un grand converti de notre temps, le poète et
dramaturge Paul Claudel :
« Mon Dieu, je suis ressuscité et je suis encore
avec Toi ! Je dormais et j’étais couché ainsi qu’un mort dans la nuit. Dieu
dit : Que la lumière soit ! Et je me suis réveillé comme on pousse un cri ! […] Mon
père qui m’avez engendré avant l’Aurore, je me place dans Votre Présence. Mon
cœur est libre et ma bouche est nette, mon corps et mon esprit sont à jeun. Je
suis absous de tous mes péchés que j’ai confessés un par un. L’anneau nuptial
est à mon doigt et ma face est nettoyée. Je suis comme un être innocent
dans la grâce que Vous m’avez octroyée* ».
C'est cela que la Pâque du
Christ peut faire de nous.
(*) Paul Claudel, Prière pour le dimanche matin,
in Œuvres poétiques (Paris, Gallimard, 1967), 377).
Photo:
Le Pape François vénère la Croix lors de la célébration de la Passion