2014-04-14 17:02:16

Les Salésiens et leur mission auprès des jeunes


« Témoins de la radicalité évangélique » c’était le thème du 27° chapitre général des salésiens qui s’est achevé samedi à Rome après 40 jours de travaux. Un chapitre marqué entre autres par l’élection du nouveau recteur majeur. Le père Angel Fernández Artime est le 10° successeur de Don Bosco. Parmi les participants à ce chapitre général, le Père Jean Claude Ngoy, Provincial d’Afrique centrale nous explique la mission des salésiens au Congo avec les jeunes des rues. RealAudioMP3

Texte intégral de l'entretien :

Les salésiens réalisent beaucoup d’œuvres et s’occupent justement de la jeunesse. Nous avons des centres professionnels, nous avons des écoles primaires, des collèges et aussi des écoles professionnelles, techniques et des paroisses. C’est à travers toutes ces activités que nous donnons la possibilité, la chance à beaucoup de jeunes de pouvoir étudier et donc, de pouvoir apprendre des métiers pour s’insérer dignement dans la société. Il y a aussi une autre partie d’œuvres que nous avons : nous accueillons les enfants de la rue. Et c’est pratiquement là que nous touchons la sensibilité de la misère au Congo. Comme Don Bosco lui-même nous l’avait dit, il faut aller vers les jeunes et surtout ceux qui n’ont pas eu de possibilités, ceux qui ont eu le moins. Nous avons des centres qui s’occupent justement de ces jeunes de la rue et petit à petit, nous leur donnons la chance d’apprendre des métiers et donc, la chance de réussir leur vie. Je dois dire que c’est une mission qui n’est pas très facile pare que ça demande beaucoup de moyens, d’interventions, de patience et surtout et beaucoup d’amour pour les pauvres et les petits.

Comment faites-vous ? Vous allez à la rencontre dans la rue ? Vous repérez ces jeunes ou bien c’est eux qui viennent vous voir parce qu’ils ont entendu parler de ce que vous faites ? Comment cela se passe ?
Il y a deux choses, deux moments. Tout d’abord, il y a ce qu’on appelle la maison d’’accueil. Et là, il y a évidemment des confrères qui s’occupent et qui cherchent des enfants qui sont dans la rue. Ils font même ce qu’on appelle « l’apostolat de la nuit ». Ils vont voir là où les enfants, les jeunes traînent et ils vont les chercher. D’autre part, il y a beaucoup d’enfants qui viennent d’autres régions, qui apprennent que chez les salésiens, on accueille des enfants de la rue. Et il y en a qui viennent. Je dirais que plus de 80% viennent d’autres régions. Quand ils apprennent que là-bas, on est bien, on est bien accueilli, on trouve un endroit pour dormir et avoir quelque chose à manger, ils arrivent. Nous avons la maison « Bakanja-ville » qui est un centre, une maison d’accueil. Quand ils passent quelques temps dans ces structures d’accueil, on les amène à Kanja centre parce que là, ils sont orientés pour étudier. Il y en a qui n’ont jamais été sur les bancs de l’école. On leur donne la chance d’apprendre quelque chose, petit à petit, et quand on voit qu’ils s’intègrent très bien ou ils sont réinsérés dans leurs familles ou bien ils continuent dans nos centres de formation professionnelle pour apprendre un métier.

Concernant l’apostolat de la nuit, comment s’adresse t’on à ces jeunes que vous rencontrez dans les rues ?
Très facilement, les enfants viennent vers nous, ils rencontrent les salésiens sans problèmes et ils parlent. On les invite à venir pour ne pas rester dans la rue. Évidemment, on leur explique ce que cela comporte comme menace, comme danger. Quand vous restez dans la rue la nuit, n’importe qui peut venir pour vous faire du mal. Si vous êtes à la maison ou vous êtes chez nous, vous êtes sécurisés. On leur donne toutes ces raisons là pour leur donner un peu de confiance et alors, ils abandonnent la rue.

Tout est basé sur la parole, sur l’échange verbal ?
Oui, la première rencontre est basée sur l’échange et la parole.

Quand vous faites ces rondes de nuit, comment cela se passe ? Vous êtes par deux ou par trois, vous êtes tout seul ? Vous êtes habillé en prêtre, vous êtes reconnaissable ou bien vous y aller en laïc ?
Non, on y va en laïc et jamais seul parce que la nuit, on risque. Il faut éviter ces risques. On y va à deux ou à trois pour faire cet apostolat nocturne.



Un autre participant au chapitre général, le Père Sylvain Ducange, Provincial d’Haïti, revient sur la situation des jeunes et leurs formations suite au tremblement de terre de 2010 qui a détruit de nombreuses écoles et a fait 220 000 morts et 300 000 blessés. RealAudioMP3

Texte intégral de l'entretien :

Nos secteurs d’intervention sont assez vastes. C’est-à-dire qu’effectivement, comme salésiens, nous pointons surtout l’éducation dans tous ses aspects. Vous allez trouver chez nous beaucoup d’écoles primaires et actuellement, la priorité est portée sur les écoles professionnelles. Nous avons dix centres de formation professionnelle. Après le tremblement de terre, on a du élaborer notre plan de formation professionnelle pour les cinq ans. Actuellement, on est en train d’implanter ce plan qui sert non seulement aux salésiens mais à tous le pays puisqu’actuellement, l’État s’en sert aussi lors de certaines interventions. Après le tremblement de terre, on travaille actuellement avec les enfants de la rue. Il y a beaucoup d’enfants orphelins qui sont dans la rue et nous avons trois centres qui les accueillent. Nous avons aussi des internats qui accueillent des jeunes qui ont des difficultés économiques. Ce sont surtout des jeunes qui ont déjà terminé un certain cycle d’étude et qui font de la formation professionnelle, particulièrement les écoles techniques de formation professionnelle, les écoles techniques agricoles, même une école d’infirmières que nous avons dans le pays pour pouvoir aider ce pays et les jeunes à émerger.

Comment affronter ce problème des enfants des rues ?
L’objectif final, ce n’est pas seulement s’occuper des enfants des rues, l’objectif réel, c’est aider ces jeunes non seulement à sortir de la rue mais de ce cycle de la société et surtout avant tout, une intégration familiale. C’est pourquoi nous allons les chercher dans la rue, là où ils sont. Nous avons une première étape qui s’appelle l’amitié. Là où ils sont, on joue avec eux, on leur parle et on les invite chez nous. Ça, c’est la méthode salésienne. Ça s’appelle la cour, c’est le lieu où on se retrouve. Donc là, ils commencent à avoir une certaine base de formation avec nous de façon informelle jusqu’à ce qu’ils veulent faire la deuxième étape, qui est celle de la maison. Ceux qui veulent, viennent avec nous et on les accompagne jusqu’à la maison. Et là, pour trois, quatre ou cinq ans, ils apprennent un métier. On va dans la famille avec eux, il y a une organisation, une intégration familiale. S’il y a eu des blessures avec la famille, il faut les accompagner psychologiquement pour qu’ils puissent retourner à la famille. Et même après, leur donner les moyens ou leur faciliter pour pouvoir se prendre en charge économiquement eux-mêmes. C’est tout un travail de longue haleine qui dure entre quatre et cinq ans pour pouvoir accompagner ces enfants et ces jeunes à l’âge adulte pour qu’ils puissent aussi se tenir debout dans cette société où les problèmes sont grands.

La population est très majoritairement jeune en Haïti. Vu le défi que cela représente d’un point de vue matériel, est-ce que vous considérez qu’il y a assez de collaboration, d’entraide et surtout de moyens mis à disposition pour relever ce défi, aussi bien de la part des associations et des organisations non gouvernementales que de l’État haïtien ?
À ce niveau là, je pense que c’est quelque chose qui se fait mais il y a beaucoup à faire. Il faut partir d’un projet global. Le premier qui devrait avoir un projet d’éducation bien élaboré et systématique, c’est l’État. Ensuite, les organisations viendraient au secours. Le problème, c’est que certaines organisations veulent travailler toutes seules. Donc, ils ne veulent rien savoir ni de l’État, ni de l’Église, ni de nos organismes. Ils proposent les projets eux-mêmes. Tandis que moi je pense qu’il faut partir du terrain avec les gens du terrain pour pouvoir toucher réellement les vrais besoins, les vrais défis de cette jeunesse qui ne sont pas des défis ordinaires mais ce sont des défis réels. Il faut connaître un petit peu le thème, la réalité pour pouvoir toucher le problème éducatif du droit et amener les jeunes à une croissance. Nous sommes en train de le faire. Nous avons déjà mis sur pied une structure avant le tremblement de terre avec notre bureau de planification et de développement qui touche tous ces points là. On doit travailler avec la jeunesse et pour la jeunesse mais avec une perspective de croissance intégrale, humaine, spirituelle et sociale, bien sûr. En général, il y a une volonté que ce soit du côté de l’État ou des organisations mais il faut mettre les ressources ensemble et dans un projet réel ou global pour pouvoir répondre aux vrais défis, aux défis réels du pays.



Photo: des jeunes de la Cité Soleil, à Port-au-Prince







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