« Avec les casques bleus, les Centrafricains seront rassurés »
(RV) Entretien - C’est un petit pas vers la stabilité tant espérée par la très
grande majorité des Centrafricains : le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé
jeudi à l’unanimité une résolution sur proposition française qui prévoit le déploiement
de 11'800 casques bleus en Centrafrique.
Ces dix mille soldats et 1800 policiers
formeront la Minusca. Ils prendront la relève des 6'000 soldats de la force africaine
de la Misca et seront appuyés par les troupes françaises déjà présentes sur place.
Cette résolution a été bien accueillie par Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque
de Bangui, partisan d’une plus grande implication des Nations Unies. Il est interrogé
par Antonino Galofaro
« Cette
présence des casques bleus était-elle devenue indispensable ? Nous avons vu
que les forces qui étaient en jeu, les Séléka, les ex-Séléka ou bien les anti-Balaka,
ne pouvaient pas protéger la population centrafricaine et, bien au contraire, on assistait
à des violations et des exactions. Nous voulons que la communauté internationale puisse
sauver la population centrafricaine pour éviter ce que nous venons de commémorer,
c’est-à-dire le génocide en République Centrafricaine. Et la venue des casques bleus
est une nouvelle qui devrait rassurer la population centrafricaine.
Vous
parlez de génocide. Vos craintes sont-elles plus grandes qu’auparavant ? Jj’ai
toujours eu cette crainte en disant qu’avec tous ces jeunes qui sont instrumentalisés,
toutes ces communautés qui sont maintenant en train de s’affronter, on peut arriver
à l’élimination des groupes. Nous ne pouvons pas accepter de voir qu’un pays comme
la République Centrafricaine, qui a toujours vécu pacifiquement et harmonieusement,
bascule aujourd’hui dans l’élimination d’un de ces groupes. Voilà pourquoi nous refusons
cette situation et nous voulons que la communauté internationale nous aide pour mettre
un terme cette situation.
Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations-Unis
a dénoncé samedi une épuration ethnico-religieuse. Nous voyons, nous pensons
et nous disons qu’il y a des gens qui sont devenus extrémistes et qui en veulent aux
groupes. Il est donc temps de les arrêter. Il ne s’agit pas de toute une population.
Ce sont des gens qui ont pris des armes et qui pensent maintenant être des seigneurs
de guerre. Donc, le moment est venu de les désarmer. C’est ce que Ban Ki-moon a dit
: si on ne fait pas attention, cette épuration peut continuer et défigurer l’image
de ce pays qu’on connaissait comme la Suisse africaine.
Vous parlez
de seigneurs de guerre. Aujourd’hui, quelle est la situation ? Vous l’avez
vu et j’ai toujours dit qu’au temps des Séléka, nous assistions à une situation dans
laquelle chaque général était responsable dans sa région et ne rendait pas compte
à la hiérarchie. Aujourd’hui, vous avez des groupes qui se disent anti-Balaka, qui
tiennent une ville et qui décident de la vie de la population. Je pense qu’on doit
faire attention à ne pas laisser ces groupes prendre en otage toute une population.
»
Photo : Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui