Congo-Kinshasa : Les femmes travaillant dans le secteur minier confrontées à des violences
Au Congo-Kinshasa, les femmes font face à de nombreux abus dans le secteur minier
artisanal de l'or dans la province Orientale et au Sud-Kivu, indique une enquête réalisée
en 2013 par le Partenariat Afrique Canada, PAC, en collaboration avec des chercheurs
de l'Université de Kisangani et l'Université catholique de Bukavu. Selon les promotrices
de cette enquêtes : Gisèle Eva du PAC/Canada, Bibiche Salumu du PAC/province Orientale
et Badesire Ariane du PAC/Sud-Kivu, les enquêteurs ont observé que les femmes participent
aux tâches extractives et aux activités indirectes ou connexes. Dans les campements
miniers, les femmes travaillent comme commerçantes, tenancières de restaurant, productrices
de boisson locale, certaines s'adonnent à l'agriculture. Selon les autres constats,
« les femmes et les filles dans les carrés miniers, de façon générale, n'ont pas eu
ou n'ont pas accès à l'éducation ou très peu ; on y observe un taux d'abandon élevé
des femmes et de leurs enfants par les conjoints qui sont pour la majorité des creuseurs
». Outre que les femmes de tous les âges ont la responsabilité de couvrir les besoins
essentiels de nombreuses personnes à charge, les enquêteurs ont relevé « la préséance
des coutumes sur les lois nationales dans les carrés miniers ». « Ce qui entraine
des conséquences néfastes sur la vie des femmes et des filles, en particulier en ce
qui a trait aux violences sexuelles et celles basées sur le genre, par exemple le
mariage précoce et le mariage forcé, l'arrangement à l'amiable pour les cas de violences
sexuelles, la prostitution des mineures. Selon la Canadienne Gisèle Eva, la persistance
des pesanteurs socioculturelles liées au statut de subordination des femmes et des
filles par rapport aux hommes et aux garçons freine ou ne valorise pas la participation
féminine aux activités liées à l'exploitation artisanale de l'or, limitant leur autonomisation
économique. Les outils de travail utilisés par les femmes pour extraire l'or sont
rudimentaires ; le non accès au financement constitue un obstacle par rapport à la
participation des femmes dans une perspective viable ; l'absence de regroupement,
des structures des femmes œuvrant dans les mines est un frein à leur émancipation
économique. Les enquêteurs recommandent notamment d'étendre la recherche dans d'autres
sites miniers en province Orientale et au Sud-Kivu afin de consolider une base de
données quantitative et qualitative plus importante sur la participation des femmes
aux activités directes et indirectes dans l'artisanat minier.