2014-03-27 19:23:04

Barack Obama «très ému» par sa rencontre avec le Pape François


(RV) C'était l’événement le plus médiatisé de la semaine à Rome : la visite de Barack Obama en Italie et au Vatican dans le cadre d’une tournée européenne entamée en début de semaine aux Pays-Bas. Le président américain était particulièrement attendu sur les bords du Tibre pour sa première rencontre avec le Pape François. Le président américain est donc venu dans les meilleures dispositions avant son entretien en tête-à-tête avec le Pape.

L’entretien a duré une cinquantaine de minutes, une durée assez longue au regard de la moyenne des visites des chefs d’Etat étrangers au Vatican. Il est vrai que les thèmes à aborder étaient vastes entre le Pape et le président américain, entre les dossiers internationaux dans lesquels les Etats-Unis sont impliqués, comme l’Ukraine, la Syrie ou la Terre Sainte, et les thèmes sociaux et éthiques comme l’Obamacare.

De quoi débattre car, si sur certains points, les vues de l’Eglise et de la Maison Blanche convergent ou sont proches, sur d’autres au contraire, les frictions sont plus palpables. C’est pourquoi sans doute, Barack Obama a pris soin de rendre hommage au Pape dans une longue interview accordée au quotidien italien Il Corriere della Sera.

Il a en effet reconnu « l’engagement du pape pour la justice sociale et son message d’amour et de compassion, spécialement envers les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables ».

Immigration et santé discutées

Le conflit israélo-palestinien, la situation en Libye, au Liban, en Syrie, la persécution des chrétiens. Autant de thèmes de l’actualité internationale dont le pape François et Barack Obama ont discuté jeudi matin. Ils ont souhaité pour les régions en conflit le respect du droit humanitaire et du droit international, et une solution négociée entre les parties prenantes.

Mais les deux hommes ont surtout parlé des relations entre le Saint-Siège et les Etats-Unis. Dans le contexte des relations bilatérales et de la collaboration entre l'Eglise et l'Etat, ils ont discuté de l’exercice des droits à la liberté religieuse, à la vie et à l’objection de conscience. Et deux questions ont plus précisément occupé leur discussion : la réforme de la santé et la réforme migratoire, aux Etats-Unis.

Sur la question migratoire, les évêques américains ont espéré que le Pape François encourage Barack Obama à penser aux conséquences dramatiques de l’immigration. Dans une interview au journal italien Avvenire, le président de la conférence épiscopale des Etats-Unis, l’archevêque Joseph Kurtz, a notamment rappelé la situation de ces familles séparées de force.

Quant à la réforme de la santé, cette réforme de l’assurance maladie controversée à cause de certains points sur la contraception notamment, Barack Obama a dit avoir promis aux autorités du Vatican un « dialogue » avec les catholiques de son pays sur l'application du texte.

Cette réforme de la santé de l'administration Obama qui prévoyait le remboursement par les employeurs des contraceptifs et de la pilule abortive a été fortement contestée par les évêques américains. Plusieurs écoles et hôpitaux s'y sont opposés en justice. Le président américain a assuré jeudi que l'application de la loi prenait déjà en compte les objections des entités religieuses sur les procédures médicales contraires à leur foi.

Barack Obama ému

Barack Obama s'est dit enfin « très ému » par le point de vue que lui a exposé le pape François sur les inégalités, lors de cette première rencontre au Vatican. « J'ai été très ému par ses considérations sur l'importance pour tous d'aborder les problèmes du monde selon une perspective morale, pas simplement en pensant selon notre propre intérêt étroit », a déclaré Barack Obama, lors d'une conférence commune avec le président du Conseil italien, Matteo Renzi, en fin d’après-midi.

Le président américain a aussi souligné avoir été « ému par sa compassion, son message d'inclusion ». « Je suis heureux d'avoir eu l'occasion de parler avec lui de notre responsabilité à tous à l'égard des pauvres, des exclus, des oubliés », a ajouté M. Obama. Soulignant que les « inégalités continuent d'augmenter », le président américain a remercié le Pape pour sa dénonciation régulière « des dangers du cynisme, de l'indifférence ».

Ils se sont mis d'accord, selon le président Obama, pour souligner la nécessité en politique de « l'empathie, la capacité à se mettre à la place de l'autre même quand il ne parle pas comme nous, qui n'a pas le même aspect, ne partage pas notre philosophie de vie ».

« Ma foi chrétienne me mène à croire que je dois traiter le prochain comme je veux être traité », a expliqué Obama.

Les deux hommes ont aussi parlé « des défis des conflits, et combien la paix dans le monde peut être illusoire », a expliqué Barack Obama, soulignant qu'ont été abordés le conflit israélo-palestinien, la situation en Libye, le Liban, la Syrie et de la persécution des chrétiens. « J'ai rappelé que nous devons protéger les intérêts des minorités dans le monde entier », a indiqué Obama.

Des cadeaux très forts en symbole

A l’issue de l’entretien en privé, le président américain a offert au Pape une boîte contenant des semences de fruits et de légumes des jardins de la Maison Blanche dont s'occupe beaucoup Michelle Obama, des semences destinées à être plantées symboliquement dans les jardins du Vatican. Ce don, peut-on lire sur une note de la Maison Blanche, « honore l’engagement » du Pape François « qui sème des graines de paix pour les prochaines générations
».

De son côté, le pape François a offert à Barack Obama un exemplaire de son Exhortation apostolique Evangelii Gaudium (la joie de l’Evangile) ainsi qu’une médaille de l’artiste Guido Veroi qui représente l’ange de la paix. Le président américain a confié qu’il lirait l’Exhortation pour se donner du courage dans les moments difficiles, demandant au pape de prier pour lui et sa famille.



Photo : le président américain Barack Obama reçu au Vatican jeudi par le Pape François








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