(RV) C’est l’événement de la journée à Rome : la visite de Barack Obama en Italie
et au Vatican dans le cadre d’une tournée européenne entamée en début de semaine aux
Pays-Bas. Le président américain était particulièrement attendu sur les bords du Tibre
pour sa première rencontre avec le Pape François. Le président américain est donc
venu dans les meilleures dispositions avant son entretien en tête-à-tête avec le Pape.
L’entretien a duré une cinquantaine de minutes, une durée assez longue au
regard de la moyenne des visites des chefs d’Etat étrangers au Vatican. Il est vrai
que les thèmes à aborder étaient vastes entre le Pape et le président américain, entre
les dossiers internationaux dans lesquels les Etats-Unis sont impliqués, comme l’Ukraine,
la Syrie ou la Terre Sainte, et les thèmes sociaux et éthiques comme l’Obamacare.
De quoi débattre car, si sur certains points, les vues de l’Eglise et de la
Maison Blanche convergent ou sont proches, sur d’autres au contraire, les frictions
sont plus palpables. C’est pourquoi sans doute, Barack Obama a pris soin de rendre
hommage au Pape dans une longue interview accordée au quotidien italien Il Corriere
della Sera.
Il a en effet reconnu « l’engagement du pape pour la justice sociale
et son message d’amour et de compassion, spécialement envers les personnes les plus
pauvres et les plus vulnérables ».
Ne pas s'habituer aux inégalités
Le
président américain n’hésite pas ainsi à parler de la proximité de ses vues avec celles
du Pape sur les questions sociales, relevant que le Pape « nous alerte sur le danger
qu’il y a à s’habituer aux inégalités ». Le président américain défend ainsi sa politique
en matière de lutte contre la pauvreté, notamment la hausse des salaires. Barack Obama
va jusqu’à reconnaître que le Pape « nous défie », rappelant sa capacité à « focaliser
l’attention de la planète sur une question urgente ».
Là encore, il défend
sa politique étrangère : fin de la guerre en Irak, fin prochaine de l’intervention
en Afghanistan, efforts pour atteindre la paix en Terre Sainte ou reprise des discussions
avec l’Iran sur le nucléaire. Sans parler de l’objectif de sortir de la pauvreté d’ici
dix ans, 50 millions d’Africains. Barack Obama rappelle enfin que les Etats-Unis
sont engagés afin que les droits fondamentaux de tous les êtres humains soient reconnus,
y compris la liberté religieuse.
Des cadeaux très forts en symbole
A
l’issue de l’entretien en privé, le président américain a offert au Pape une boîte
contenant des semences de fruits et de légumes des jardins de la Maison Blanche dont
s'occupe beaucoup Michelle Obama, des semences destinées à être plantées symboliquement
dans les jardins du Vatican. Ce don, peut-on lire sur une note de la Maison Blanche,
« honore l’engagement » du Pape François « qui sème des graines de paix pour
les prochaines générations ». De son côté, le pape François a offert à Barak
Obama un exemplaire de son Exhortation apostolique Evangelii Gaudium (la joie de
l’Evangile) ainsi qu’une médaille de l’artiste Guido Veroi qui représente l’ange de
la paix. Le président américain a confié qu’il lierait l’Exhortation pour se donner
du courage dans les moments difficiles, demandant au pape de prier pour lui et sa
famille.
Communiqué du Vatican à l'issue de la visite :
Ce
jeudi matin, Mr Barack H.Obama, Président des Etats-Unis d'Amérique, a été reçu en
audience par le Pape François et successivement a été reçu par le Cardinal Pietro
Parolin, Secrétaire d'Etat, accompagné par Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour
les Rapports avec les Etats. Les discussions cordiales ont permis un échange de vue
sur certains thèmes concernant l'actualité internationale, souhaitant pour les régions
de conflit le respect du droit humanitaire et du droit internationale et une solution
négociée entre les parties prenantes. Dans le contexte des relations bilatérales et
de la collaboration entre l'Eglise et l'Etat, on a discuté de questions intéressant
spécialement l'Eglise du pays, comme l'exercice des droits à la liberté religieuse,
à la vie et l'objection de conscience. Les deux hommes ont aussi parlé du thème de
la réforme migratoire. Enfin, on a souligné l'engagement commun dans l'éradication
de la traite des êtres humains dans le monde.