2014-03-26 17:56:01

La politique d'Obama plaît-elle au Saint-Siège ?


(RV) Entretien- Le Pape François reçoit Barack Obama ce jeudi matin. Cette visite marque le 30e anniversaire des relations diplomatiques officielles entre les Etats-Unis et le Saint-Siège. Depuis Eisenhower dans les années 1950, presque tous les présidents américains ont été reçus au Vatican. Barack Obama avait été reçu par Benoît XVI en 2009. Ce sera cette fois sa première rencontre avec le Pape François, dont il a loué à de nombreuses reprises les engagements dans le domaine social.

Des pierres d’achoppement entre l’Eglise et l’administration Obama subsistent toutefois, notamment sur le mariage homosexuel et la contraception.

Selon Mgr Anthony Figueiredo, directeur au collège pontifical nord-américain à Rome, ces questions de bioéthique devraient aussi être abordées durant cette rencontre : RealAudioMP3



Comment les relations entre le Saint-Siège et les États-Unis ont-elles évolué depuis la visite de Barack Obama en 2009 ?
C’est important, même si c’est tout à fait normal que le Pape reçoive un chef d’État. Je me souviens très bien que quand le Pape Jean-Paul II est mort, trois présidents américains sont venus. Le Pape Benoît a reçu le président Bush et ensuite, le président Obama. C’est tout à fait normal mais très important en ce moment parce que je pense que le président Obama a vu quelque chose de spécial dans le Pape François, qui a ce grand charisme, qui attire les gens. Je pense que c’est très important pour le président Obama de venir ici à Rome pour rencontrer le Pape François.


Dans l’entourage du président Obama, il y a un certain nombre de personnalités catholiques, notamment John Kerry et Joe Biden. Est-ce que ces personnalités contribuent à une certaine compréhension entre le Saint-Siège et l’administration Obama, ou est-ce qu’elles sont éloignées des positions de l’Église ?
Moi-même, j’ai visité la Maison Blanche et j’ai parlé avec le vice-président Biden. J’ai parlé avec lui de ces questions éthiques. Il tient à sa position éthique comme catholique mais il croit qu’il faut toujours donner la liberté à la personne. Nous pensons autrement. Nous pensons qu’il faut former les personnes, et l’État à une responsabilité très grande. On ne peut pas choisir les choses, les questions éthiques avec la seule logique de la majorité, parce que nous avons dans le cœur une loi qui vient de Dieu. Alors maintenant, il y aussi le plan de santé Obama qui oblige les institutions religieuses à rembourser leurs employés pour la pilule abortive ou pour la contraception. Ça, ce n’est pas de la liberté. On oblige les personnes à faire comme cela. Je pense aussi que le Pape lorsqu’il va voir le Président Obama, il va lui dire quelque chose à ce sujet. Il faut garder la liberté des personnes qui est très importante pour les États-Unis et pour tout le monde.


Cette question de la contraception, et peut-être aussi celle du mariage gay qui pose aussi beaucoup de questions en France, c’est un sujet de tensions diplomatiques entre le Saint-Siège et Barack Obama ?
Je pense que oui, parce que la famille est très importante. La famille est la cellule fondamentale de toutes les sociétés. Si on n’a pas de père, si on n’a pas de mère, si on n’a pas la famille, il y a des problèmes très grands au sein des familles. L’an prochain, on va avoir à Philadelphie cette réunion très importante, la Rencontre mondiale des Familles. On espère aussi que le Pape va aller là-bas pour défendre la famille. Si on change, au niveau du gouvernement, la structure de la famille, on dérange toute la société. L’Église a cette obligation de dire au Président : « Non, il faut défendre la famille, il ne faut pas donner ces choix qui par après, ont des conséquences ». Ce qui se passe aux États-Unis, un peu comme le Coca-Cola, ça se propage aussi en Europe et dans le monde entier. Nous avons donc une responsabilité particulière.


Vous avez fait allusion à la rencontre mondiale des familles qui se tiendra à Philadelphie en 2015. Le message chrétien sur la famille, est-ce qu’il est bien compris dans les médias américains ou est-ce qu’il est souvent caricaturé, déformé comme il l’est parfois en Europe ?
Je pense que maintenant, on est arrivé à une situation très difficile pour la famille. Aux États-Unis, les médias ont une grande influence pour former une opinion publique et je ne pense pas que cela soit bien compris. Ça, aujourd’hui, c’est très important pour les évêques, pour les pasteurs, car ils défendent la famille. On peut très bien voir que quand on détruit la famille, on détruit aussi la société : on le voit par la violence et par beaucoup d’autres choses. Je ne pense pas que c’est très bien compris et ça, aujourd’hui, c’est vraiment un devoir de l’Église, des évêques, des pasteurs et de nous tous que de défendre les familles. Et je connais des familles catholiques aux États-Unis qui sont merveilleuses, notamment parmi les nouvelles communautés.


L’épiscopat américain a retrouvé un certain dynamisme, une visibilité médiatique. Quand on regarde CNN, vu de France, on est impressionné par la visibilité de l’Église américaine. Il y a beaucoup de cardinaux qui bénéficient actuellement d’une forte audience, qui sont très connus même sur le plan international. Est-ce que l’Église est aujourd’hui plus décomplexée qu’elle l’était il y a 10 ou 20 ans ou est-ce que ça fait simplement partie de la culture américaine de s’exprimer plus ouvertement qu’on ne le fait en France ?
Aux États-Unis, il y a 400 évêques. C’est tout à fait normal qu’il y ait des évêques qui soulignent le droit canonique. Il y a des évêques qui soulignent la doctrine de l’Église. Il y a des évêques qui soulignent aussi les matières sociales. Mais l’autre jour, le Pape François a parlé des points communs des évêques. Quel est ce point commun ? Etre témoin du Christ ressuscité. C’est la chose la plus importante. Je pense que quand on en parle, on ne voit plus les différences mais ce point commun. On attire les personnes en annonçant toujours le Christ ressuscité. Il n’y a rien qui est impossible si je crois en le Christ ressuscité. C’est ça que les évêques doivent annoncer aujourd’hui.









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