La situation reste désatreuse au Soudan du Sud. Des pans entiers d’une région ont
été abandonnés par les populations locales qui ont fui pour sauver leur vie, suite
à une attaque brutale commise au cours d’un soi-disant cessez-le-feu.
Mgr Roko
Taban, administrateur apostolique de Malakal, décrit comment une évacuation de masse
a été effectuée dans certaines parties des États d’Unité, du Nil Supérieur et de Jonglei,
à la suite de violences impliquant les forces rebelles de Riek Machar, ancien vice-président
du Soudan du Sud. Selon Mgr Taban, tous ses prêtres diocésains et ses religieuses
ont fui le sud sans rien emporter, en cherchant désespérément à échapper à la violence
qui, comme il le souligne, a continué malgré le cessez-le-feu de janvier dernier entre
les rebelles et les forces gouvernementales du Soudan du Sud.
En réponse, l’Aide
à l’Eglise en Détresse a mise en place le12 mars dernier une aide financière pour
les prêtres et les religieuses ayant trouvé refuge à Juba, la capitale du Soudan du
Sud, et qui ont besoin d’hébergement, de nourriture et de médicaments. « Nous avons
tout perdu, tous nos biens. Beaucoup de nos églises, de nos maisons,ont
été totalement rasées, et tout a été pillé » a déclaré Mgr Taban à l’AED,
décrivant à quel point son diocèse avait été « complètement détruit ». L’évêque,
qui est provisoirement hébergé aux côtés de ses prêtres dans un séminaire catholique
à Juba, a souligné qu’il était inquiet pour ses fidèles de Malakal ayant fui « dans
la brousse ».
« Nous sommes dans la misère »
D’après des
sources de l’Église catholique, les 250 000 habitants de la ville de Malakal sont
désespérément en détresse, beaucoup d’entre eux étant allés demander de l’aide dans
un camp de réfugiés des Nations unies situé à proximité. Comme l’explique l’évêque
: « Il n’y a personne à Malakal. Les gens ont fui pour sauver leur vie. Personne
n’a eu la possibilité de rester. Le diocèse est complètement vide. Notre diocèse a
tout perdu. Nous sommes à Juba sans rien. Tous les documents ont disparu. Il n’y a
plus aucun véhicule, absolument rien.»
Les chefs de l’Église du pays ont
demandé une aide d’urgence pour les personnes de la région dont tous les moyens de
subsistance ont été détruits. Et Mgr Taban de rajouter : « Nous avons spécialement
besoin d’attentions de solidarité et d’amour. Nous sommes dans la misère. Veuillez
vous souvenir de nous dans vos prières. »
900 000 déplacés depuis mi-décembre
Sœur
Elena Balatti, une missionnaire combonienne qui a également fui Malakal pour Juba,
ajoute : « Malakal est complètement abandonné. Rester là-bas aurait été complètement
inutile, parce que nous n’aurions eu personne à assister. Les rebelles sont les seuls
à être présents ».
Il y a presque deux semaines, l’ONU a sonné l’alarme,
avertissant que le pays pourrait s’effondrer avant la fin de l’année, et ajoutant
que près de 900 000 personnes avaient été déplacées depuis l’éclatement du conflit
à la mi-décembre.
Photo : A Malakal, un jeune garçon sud-soudanais,
non loin du camp de la MINUSS, la mission des Nations unies au Soudan du Sud.