Les pays africains qui ont déployé des troupes en République centrafricaine (RCA)
dans le cadre des forces de maintien de la paix semblent davantage défendre leurs
propres frontières que de maintenir la paix, déplorent les évêques catholiques de
RCA. Dans une lettre adressée à leurs confrères américains, Mgr Dieudonné Nzapalainga,
archevêque de Bangui, et Mgr Nestor-Desiré Nongo Aziagbia, évêque de Bossangoa, leur
demandent d’intervenir pour aider à la reconstruction de leur pays.
Tant Mgr
Dieudonné, président de la Conférence épiscopale de RCA que Mgr Nestor-Desiré, son
vice-président, déplorent que les forces internationales engagées dans cette opération
de maintien de la paix n’ont pas complètement rempli leur mandat. Les troupes de divers
pays interviennent en vertu de la Résolution 2127 du Conseil de sécurité de l’ONU,
instaurant la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine
(MISCA).
Les tueries de civils ne relèvent pas de motifs religieux
Les
évêques signataires ont appelé leurs homologues des Etats-Unis à aider à promouvoir
la reconstruction de leur pays ravagé par la violence armée. Ils expriment leur méfiance
à l’égard des forces de paix inter-africaines, déployées dans leur pays, en estimant
qu’elles défendent la sécurité des frontières de leurs pays respectifs, au lieu de
veiller à la paix en RCA.
Ainsi, ont-ils écrit, les troupes tchadiennes sont
déployées dans le nord-ouest de la RCA, tout près de la frontière de leur pays, dans
les zones où se concentrent de larges groupes des ex-rebelles de la Seleka. Celles
du Cameroun, se trouvent à l'ouest, dans la région voisine de leur pays. Les soldats
du Congo Brazzaville sont dans le sud-ouest, non loin de leur frontière, tandis que
leurs homologues de la République démocratique du Congo, sont stationnés dans le sud-est,
également vers la frontière de leur pays.
«La proximité de ces troupes avec
leurs pays d'origine peut encourager le trafic illégal des ressources minérales au-delà
de nos frontières », ont-ils souligné, tout en insistant sur le fait que «le vrai
problème de la RCA est celui de l'insécurité».
La restauration de la sécurité
va de pair avec la promotion du développement
Les évêques estiment cependant
que la restauration de la sécurité va de pair avec la promotion du développement.
Une telle approche inclusive, en développant des activités générant des revenus, pourra
prendre en compte la jeunesse sans emploi qui serait tentée de rejoindre les rebelles.
Ils relèvent également que les fonctionnaires n’ont pas reçu de salaire depuis cinq
mois et se demandent pourquoi ces citoyens devraient écouter les responsables du pays
s’ils ne sont plus payés.
Depuis plusieurs mois, les évêques de RCA répètent
que les tueries de civils que les diverses milices continuent de perpétrer ne relèvent
pas de motifs religieux, malgré ce qui est décrit dans les médias. Les évêques estiment
que le repli des Seleka dans la partie septentrionale du pays risque de diviser le
pays en deux. (apic/ibc)