(RV) Le Pape François a rencontré ce vendredi soir les familles des victimes de la
mafia à l’occasion de la journée annuelle de la mémoire organisée depuis 1996 en Italie
par la Fondation Libera, célébrée le 22 mars. Cette rencontre s'est tenue à la paroisse
Saint-Grégoire VII, voisine du Vatican.
Après la longue litanie de 842 victimes
de la mafia, devant une assistance très émue, et la lecture des Béatitudes dans l'Evangile
selon saint-Matthieu, le Pape François a dit vouloir « prier pour toutes les victimes
de la mafia » puis il a prononcé des mots d'une tonalité extrêment ferme à l'adresse
des « hommes et des femmes » impliqués dans la mafia.
« S'il vous
plait, changer de vie ! Convertissez-vous ! Arrêtez de faire le mal ! Nous prions
pour vous. Convertissez-vous. Je vous en supplie à genoux, c'est pour votre bien
! Cette vie ne vous apportera pas le bonheur. Le pouvoir, l'argent que vous avez accumulé
de tant d'affaires sales, de tant de crimes mafieux, l'argent ensaglanté et le pouvoir
ensanglanté, vous ne pourrez pas l'emporter dans l'autre vie. Convertissez-vous tant
qu'il est encore temps, pour ne pas finir en enfer ! C'est ce qui vous attend si vous
continuez dans cette voie », a déclaré François avec une radicalité inhabituelle,
avant de vouloir toucher les mafieux dans leur humanité : « Vous avez eu un papa
et votre maman.. Pensez à eux ! Pleurez un peu... et convertissez-vous !», a martelé
le Pape. « Que l'esprit de responsabilité, l'emporte, pas à pas, sur la corruption
» a-t-il espéré.
Il a ensuite invité l'assemblée à prier l'Ave Maria puis
le Notre Père, avant de recevoir l'étole d'un prêtre assassiné par la mafia.
La
Fondation Libera, pionnière de la lutte anti-mafia
Fondée par un prêtre
catholique, le père Luigi Ciotti, Libera est considérée actuellement comme la principale
association italienne anti-mafia, qui regroupe plus de 1300 structures locales. Olivier
Bonnel explique la démarche de cette association.
En 2010,
lors de sa visite à Palerme, Benoît XVI avait exhorté les jeunes siciliens à ne pas
céder aux tentations de la mafia, un chemin de mort incompatible avec l’Évangile,
à ne pas avoir peur de s’opposer au mal pour renouveler profondément leur terre. Un
engagement qui prouve que l'Église d'Italie, terre traditionnellement chrétienne,
compte aussi ses martyrs contemporains. Le père Pino Puglisi, dont les homélies dérangeaient
la mafia, a été tué par un commando à Palerme en 1993. Il a été béatifié en mai dernier.
La
rencontre de ce soir est une première et elle réveille quelques inquiétudes. A l’automne
dernier, un juge anti-mafia, habituellement très discret, avait affirmé que le Pape
François était menacé par les parrains de la mafia calabraise en raison de sa politique
de transparence. Le Saint-Siège avait pourtant déclaré ne pas être inquiet.
Photo
: Le Pape aux côtés de Don Luigi Ciotti et des familles de vicitmes de la mafia