La COMECE invite à s'impliquer dans le projet européen
(RV) Entretien - Fin mai, les électeurs européens choisiront les 751 membres
du Parlement européen. Les résultats des prochaines élections européennes auront un
impact considérable sur tous les citoyens européens. C’est l’une des préoccupations
des évêques catholiques d'Europe, à l’approche de ce rendez-vous essentiel pour la
démocratie. Et ces résultats devraient refléter les angoisses des personnes face à
la grave crise économique et sociale. Une crise qui selon eux, entretient la progression
d’un nationalisme et d’un populisme dans de nombreux pays membres. Face à un tel
constat, les épiscopats catholiques de l’Union européenne se mobilisent. Dans le cadre
de l’assemblée plénière de printemps de la Commission des épiscopats de la communauté
européenne, les évêques de la COMECE ont présenté une déclaration. Avec notamment
pour objectif, d’alerter sur l’enjeu central de ces élections européennes, comme l’explique
le père Patrick Daly. Il est le secrétaire général de la COMECE. Il est interrogé
par Audrey Radondy :
Que
souhaitez-vous rappeler avec cette déclaration ? Les évêques veulent tout
d’abord que les citoyens votent, qu’ils participent au processus démocratique mais
qu’ils votent aussi avec une conscience formée et que cette conscience soit formée
par la doctrine sociale de l’Église.
Les citoyens européens sont préoccupés
par la situation sociale et économique. Comment leur donner envie de se mobiliser
pour l’Europe ? Il faut les convaincre que la solution à long terme des grands
problèmes urgents d’aujourd’hui, sont dans une Europe plus unie, une Europe peut-être
plus intégrée, mais certainement une Europe qui manifeste les deux vertus fondatrices
de la subsidiarité, c'est-à-dire respecter les traditions dans les divers pays membres
mais aussi être solidaire sur les questions sociales et entre les pays. Et donc, il
faut rappeler ces deux principes et les questions plus ponctuelles, comme le chômage
des jeunes, les effets de la crise bancaire et économique sur les pauvres, surtout
sur les marginaux et aussi sensibiliser vis-à-vis de la situation des migrants qui
arrivent aux frontières de notre communauté européenne. Ainsi, les évêques espèrent
contribuer à la création à plus long terme, d’une société plus harmonieuse où la justice
règne.
Dans cette déclaration, les évêques abordent aussi des domaines comme
la famille ou encore la liberté religieuse. Que peut-on donc attendre de l’Europe
dans ces domaines ? La plupart des grandes questions qui concernent la famille
sont les compétences des États membres. Mais évidemment, la structure légale et le
cadre économique dans lequel les familles européennes doivent vivre leur vie quotidienne
sont très importants. Une famille a plus de chance de rester ensemble et avoir un
niveau de vie qui permet aux enfants de fleurir et aux conjoints de se réjouir de
la vie. C'est là où il y a une stabilité économique, là où il y a du travail, là où
il y a les services sociaux qui fonctionnent. Et c’est tout ce contexte socio-légal
dans lequel la famille chrétienne et la famille européenne se situe qui est très important.
Et ça se joue aussi au niveau de la politique communautaire de l’Union européenne.
Donc,
vous avez abordé différents points, différents thèmes. Qu’est-ce qui se joue plus
globalement avec ces élections européennes ? Je crois que nous parlons ici
de l’avenir de notre continent, de notre communauté européenne, de l’Union en tant
que telle parce que ces élections sont si importantes, parce qu'il va en résulter
une législature qui va durer cinq ans avec des changements potentiels, certains même
dans les principales fonctions de l’Union. Le président de la Commission, le président
du Conseil et aussi le président du Parlement et le profil politique du parlement
en lui-même. Tout cela s'additionne et va beaucoup changer le paysage politique. Et
je crois que l’Église veut avec ce grand moment de transition, que les citoyens catholiques
et chrétiens n’oublient pas les valeurs qui sont au cœur de la doctrine sociale de
l’Église mais qui sont aussi très importants pour l’Union européenne.
Dans
cette déclaration, les évêques parlent du projet européen. Où en est-il aujourd’hui
? On est en route depuis bientôt 70 ans mais évidemment on est à la troisième,
même quatrième génération des citoyens européens. Et il est évident que la crise bancaire
et économique a posé de grandes questions quant à la direction que l’Union européenne
doit suivre. Je crois que c’est un fait historique, que la crise économique est un
fait objectif, mais le fait que nous sommes déjà à la troisième génération nous pose
des questions quant à notre avenir. Mais je suis convaincu que les évêques croient
toujours à la valeur du projet et au désir de poursuivre sans préjudice l’architecture
politique que nos dirigeants vont créer à l’avenir.
Est-ce qu’il n’y a
pas des inquiétudes quant au choix que pourraient faire les citoyens européens lors
de ces élections ? On est très sensible à cela et au nationalisme croissant.
On est aussi sensible à l’euroscepticisme. On est également sensible aux besoins très
pratiques de beaucoup de citoyens, surtout les nouveaux pauvres ou les jeunes. On
est inquiet pour l’avenir de notre société mais on est tout de même convaincu que
nous avons les ressources à notre disposition et que nous avons des talents dans la
vie politique. Nous avons beaucoup de citoyens qui sont engagés dans la vie publique
qui sont convaincus des valeurs qui sont chères à l’Église mais qui sont aussi les
valeurs fondamentales du projet européen.