Les évêques burundais préoccupés par la tension politique
« Nous sommes très préoccupés par la situation du pays » indiquent des sources
de l’Eglise locale du Burundi où la tension politique ne se calme pas après que les
forces de l’ordre aient réprimé ces jours derniers les manifestations de l’opposition.
Dans la nuit du 16 au 17 mars, un dirigeant de l’UPRONA, l’un des principaux partis
burundais, a été légèrement blessé par l’explosion d’une grenade.
« Les
tensions sont principalement liées à la tentative de l’actuel Président, Pierre Nkurunziza,
de modifier la Constitution afin de pouvoir se représenter aux élections de 2015 en
vue d’obtenir un troisième mandat » déclarent les sources de l'agence Fides, qui
ne cite pas de noms pour raisons de sécurité. « La Constitution actuelle, qui fait
siens les accords de paix d’Arusha de 2000, prévoit en effet que le Chef de l’Etat
ne puisse être élu que pour deux mandats. L’opposition et la société civile manifestent
actuellement leur contrariété à cette révision constitutionnelle ».
Des
tensions aussi par rapport au foncier
Le Secrétaire général de l’ONU, Ban
Ki-moon, a déploré « les restrictions croissantes de la liberté d’expression »
et s’est déclaré « très préoccupé » par la tension croissante au Burundi. «
Les évêques burundais étaient intervenus eux aussi en décembre dernier, affirmant
qu’à leur avis, il ne fallait pas changer la Constitution avant les élections de 2015.
Des changements pourront éventuellement être effectués après cette échéance »
rappellent les sources de Fides. « Les évêques demandent en outre que le Bureau
de l’ONU au Burundi (BNUB) ne soit pas fermé en ce qu’il contribue à garantir l’application
des accords de paix ».
« D’autres tensions – poursuivent nos sources
– sont liées à la question foncière. Une commission ad hoc a été chargée de vérifier
les propriétés des terrains abandonnés par ceux qui avaient été contraints à fuir
dans d’autre zones du Burundi ou à l’étranger et qui ont par la suite été occupés
par d’autres personnes. Les anciens propriétaires, récemment revenus de Tanzanie,
réclament en effet la possession de leurs terrains, ce qui a engendré de fortes tensions
entre les anciens et les nouveaux propriétaires ». « La situation est donc
très délicate et la peur règne au sein de la population. Nous prions actuellement
afin que la paix prévale finalement dans notre pays » concluent les sources de
Fides.
Photo: le président burundais Pierre Nkurunziza le 13 février 2014