(RV) Entretien - Le « cupolone », la coupole de la basilique Saint-Pierre délocalisée
à Turin, et construite uniquement de livres : ce sera le stand du Vatican au salon
international du livre, dans le Piémont du 8 au 12 mai prochain. Le Saint-Siège est
en effet l’invité d’honneur de ce rendez-vous littéraire.
Sa maison d’édition,
ses musées, sa bibliothèque apostolique et même ses archives participeront à l’événement.
Le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture
explique à Antonino Galofaro le but de cette participation.
« Etre présent
dans un espace international où se rencontrent les voix les plus différentes, les
langues les plus diverses, les cultures les plus diverses mais aussi des dimensions
spirituelles opposées. La deuxième voie qui s’ouvre devant nous est plus spécifiquement
celle du livre. N’oublions jamais que la Bible, la parole « Bible » signifie « livre
». Et donc, une des bases fondamentales de la foi est justement liée au livre. La
troisième voie est une voie que je considère comme fondamentale pour l’Église et plus
particulièrement pour l’Église du Pape François : c’est le dialogue. Le dialogue qui
s’exprime à travers ses sources de pensées qui se cristallisent dans les textes.
Qu’est-ce
qu’un livre pour le Vatican ? Nous avons décidé de démontrer que le livre n’est
pas seulement ce qui existe maintenant, ce qui fait partie de l’édition et qui se
trouve dans les librairies, mais c’est aussi la grande tradition qui est derrière
nous. Pour cela, d’un côté, nous avons voulu apporter des documents de grande importance
de la Bibliothèque apostolique du Vatican. Nous apporterons par exemple un Homère
très important, un des dessins de Botticelli mais aussi un livre de prière des heures.
De l’autre côté, nous apporterons également des documents qui concernent les archives
secrètes du Vatican qui étudient naturellement l’histoire de l’Église et qui s’entrecroise
de façon ininterrompue avec l’histoire de l’humanité.
C’est aussi l’occasion
pour le Vatican de dialoguer avec les non-croyants ? Nous pensons notamment au Parvis
des gentils. Le Parvis des gentils concerne avant tout la rencontre entre des
personnes qui pensent. C’est-à-dire que la distinction ne se situe pas initialement
entre croyants et non-croyants mais entre des personnes pensantes et non-pensantes.
Et elles peuvent être aussi bien dans le monde chrétien, catholique, protestant, etc.
que dans le monde non-croyant. Une autre dimension toute aussi importante est celle
du fait de découvrir que toutes les fois où nous avons une production libraire, bibliographique
dédié aux thèmes spirituels, nous observons un très vif intérêt, non seulement dans
le monde catholique croyant mais aussi dans le monde laïc.
Est-ce qu’il
y a une politique culturelle du Vatican plus large ? Le Vatican a participé aussi
à la Biennale de Venise, et participera à l’Expo 2015 de Milan. Nous cherchons
évidemment toutes ces scènes, ces tribunes pour faire en sorte que le Saint-Siège,
qui par sa nature universelle, puisse dialoguer avec le monde dans toutes ses variantes,
variations et variables, dans toute ses différences qui sont parfois polémiques.
Cela fait que j’ai choisi que le Saint-Siège puisse participer à la biennale de Venise,
à l’Expo 2015 de Milan et puisse entrer dans beaucoup d’institutions y compris l’Académie
des sciences du Prix Nobel de Stockholm où nous avons fait une cour des gentils. Donc,
dans des environnements profondément sécularisés et laïques. »
Photo
: le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture