Catholiques, Anglicans et Musulmans ensemble contre la traite humaine
(RV) Une initiative interreligieuse inédite lundi au Vatican : l’Eglise catholique,
l’Eglise anglicane et l’université sunnite d’Al-Azhar se sont unies pour lutter contre
« les formes modernes de l’esclavage et le trafic de personnes », qu’elles
ont qualifiés de « crime contre l’humanité ».
Dans la matinée, les
trois confessions ont signé ensemble un accord sans précédent : le « Global freedom
network » a été négocié avec l’appui du Pape François, de l’archevêque de Canterbury
Justin Welby et du grand imam d’Al-Azhar, Ahmed el-Tayeb. Les explications d’Antonino
Galofaro
Du côté
du Saint-Siège, le prélat argentin, Marcelo Sanchez Sorondo, qui dirige les Académies
pontificales des sciences et des sciences sociales, a eu un rôle essentiel. Il a signé
l'accord au nom de l'Eglise. A l'automne, Mgr Sanchez Sorondo avait organisé un séminaire
de travail au Vatican en présence d'experts internationaux pour voir quelles ripostes
concrètes pouvaient apporter l'Eglise et d'autres institutions aux réseaux de traite
d'êtres humains.
Le texte signé ce lundi comprend un memorandum d'entente et
une déclaration commune. La déclaration a mis en évidence « la violente capacité
destructrice de l'esclavage moderne et de la traite des êtres humains, et a invité
les autres Eglises chrétiennes et confessions religieuses dans le monde à intervenir».
Le Global Freedom Network est une association ouverte et d'autres leaders spirituels
seront appelés à adhérer à cette initiative et à la soutenir.
Un accord
« dynamique »
« Historique », voire même « révolutionnaire », les adjectifs
n’ont pas manqué pour décrire l’accord. Un accord « dynamique » sur un sujet qui devenait
urgent, selon Mgr Sanchez Sorondo. « Le trafic humain est affaire de la criminalité,
qui profite de l’absence de lois internationales concrètes, regrette le prélat.
Nous devons avoir une réaction globale. Il faut convaincre la population que ces
actes sont des crimes contre l’humanité. »
« Crime contre l’humanité
», selon des mots du pape François, qui a condamné plusieurs fois « ce grave
délit », cette « forme d’esclavage la plus répandue » de ce début de XXIème
siècle. Le texte se traduit donc en action concrète.
« Pour les chrétiens,
il s’agit de participer à une journée de prière, à des jeûnes, à un effort commun
comme celui du Pape pour tenter d’éviter la guerre en Syrie, détaille Mgr Sanchez
Sorondo. La finalité, c’est de faire prendre conscience du problème au G20 et au
G8. »
Entre le Vatican et Al-Azhar, les relations se détendent
L’union
de plusieurs confessions témoigne de l’importance de cette question. Mais la présence
au Vatican d’un représentant d’Al-Azhar, la plus haute instance de l’islam sunnite,
indique surtout que les relations entre les deux parties se sont détendues.
«
Nous sommes contre le dialogue pour le dialogue, parler pour parler, répond Mahmoud
Azab, conseiller du Grand imam d’Al-Azhar pour le dialogue. Nous devons traiter
des vrais problèmes ensemble et essayer de poursuivre la réalisation des fruits de
notre dialogue, sinon, c’est une perte de temps. »
« Qu’on définisse
ensemble l’extrémisme pour que nous luttions ensemble contre l’extrémisme, poursuit
Mahmoud Azab. Je ne suis pas d’accord avec l’injustice dans le monde, surtout en
Orient. On profite de la pauvreté », dénonce-t-il encore.
Dans cette lutte,
des laïcs se sont joints aux religieux. L’accord a été signé sous les auspices d’une
fondation privée, la « Walk free foundation », fondée par un philanthrope et homme
d’affaire australien.
Photo : Sir David John Moxon, qui représente l'archevêque
de Canterbury, Andrew Forrest, fondateur de la Walk Free Foundation, Mgr Sanchez Sorondo
et Mahmoud Azab, après la signature de l'accord