Congo-Kinshasa: Honorine Munyole, policière sensible aux droits des femmes et des
enfants
Honorine Munyole commande l'unité de police en charge de la protection de l'enfance
et de la famille et a, parmi ses mansions : traquer les récalcitrants face aux droits
des enfants." Honorine reçoit des gens tous les jours et sans rendez-vous au commissariat,
dans le quartier Labote de Bukavu. Des femmes pour la plupart. "Ces femmes constituent
la preuve qu'il existe toujours des abus contre les enfants et les femmes à Bukavu
et dans le Sud-Kivu. Rien n'a changé", s'insurge-t-elle. Honorine travaille au
commissariat de police du Sud-Kivu depuis 1997, l'année charnière de sa vie : le Président
Mobutu est chassé du pouvoir par l'Alliance des forces démocratique pour la libération
du Congo, AFDL ; l'ex-Zaïre devient la République démocratique du Congo, l'armée
et la police recrutent. Elle surprend son entourage en intégrant le corps de la police
nationale : "C'était juste une aventure. J'avais envie de découvrir comment on devient
femme policière. J'adorais les séries télévisées policières. Je voulais, au moins
une fois, me trouver dans la situation", affirme-t-elle. Le premier dossier de
sa carrière sera celui du problème des enfants sorciers. Des enfants sont accusés
par des adultes de pratiquer la sorcellerie. Des églises de réveil exorcisent des
mineurs jusqu'à maltraiter certains. Alors jeune commissaire, Honorine doit lutter
contre ces violations. À chaque rapport de fait, elle enquête, interpelle et attaque
en justice des pasteurs et des parents récalcitrants. Avec le temps, l'ancienne
commissaire apprentie est devenue une professionnelle avérée. "J'ai concentré mes
efforts sur la lutte contre les violences sexuelles depuis un temps. À Bukavu, les
acteurs de la société civile félicitent les actions d'Honorine dans la lutte contre
les violences sexuelles. Elle est sensible et agit avec efficacité en ce qui concerne
la répression de criminels affirment-ils.