Centrafrique: Les communautés religieuses pour la promotion de la paix
Trois responsables religieux : Mgr Dieudonné Nzapalainga archevêque de Bangui, l’imam
Omar Kobine Layama président de la communauté islamique centrafricaine et le pasteur
Nicolas Grékoyamé-Gbangou président des églises évangéliques ont créé une plateforme
des religieux pour la paix en Centrafrique. Ils ont décidé un voyage aux Etats-Unis
pour plaider la cause de leur pays, bouleversé par une grave crise de son histoire.
Une structure très active en ce qui concerne le retour de la paix en Centrafrique
et la recherche d’aides internationales pour le pays martyrisé. Avant leur départ
samedi, Mgr Nzapalainga et l’imam Layama ont visité ensemble Bossangoa et Bozoum,
dans le nord du pays, afin de lancer un message de paix et d’espérance aux populations
durement éprouvées par les violences des rebelles et par les vengeances perpétrées
par les autres groupes. Quant au pasteur Nicolas Grékoyamé-Gbangou, il est revenu
d’Arabie Saoudite où il a illustré aux autorités locales la situation centrafricaine.
Le voyage des trois responsables religieux aux Etats-Unis intervient alors que l’ONU
débat sur l’envoi en Centrafrique d’une mission chargée de stabiliser le pays.
L’imam
Omar Kobine Layama condamne toutes les exactions
Par ailleurs, le président
de la communauté islamique centrafricaine l’Imam Kobine Layama, a indiqué que : «si
nous voulons la paix, il faut être impartial et condamner toutes les exactions». «Nous
ne pouvons pas faire fi de ce que la Seleka a fait, et qui suscite aujourd'hui ces
réactions anti-musulmans » L’imam Layama, a précisé que « certains imams rendent compte
de la situation avec une vision partiale des choses : ils dénoncent seulement les
violences des chrétiens contre les musulmans, sans parler de ce que la Seleka a fait.
Quand ils étaient au pouvoir, ils n'ont pas su gérer le pays, ils ont pillé et mené
des exactions. Si les musulmans centrafricains n'avaient pas opté pour un silence
complice, cela n'aurait pas duré plus d'un mois. Si nous voulons la paix, il faut
être impartial et condamner toutes les exactions.
Qui sont les Seleka et
antibalaka ?
La Seleka est la coalition des groupes rebelles, en grande
partie composée de musulmans, qui a pris le pouvoir en Centrafrique en mars 2013 pour
en être chassée par les groupes connus sous le nom d’antibalaka, souvent décrits comme
composés de chrétiens, même si l’histoire de ces groupes est plus complexe. Les antibalaka
se sont rendus responsables, à leur tour, de crimes à l’encontre des musulmans, mais
aussi des chrétiens qui avaient pris leur défense.
Une crise militaro-politique,
pas religieuse
L’imam a réaffirmé que la crise centrafricaine est « militaro-politique,
pas religieuse » rappelant que « à la tête de la Seleka, il n'y a aucun imam ! » tout
comme les antibalaka ne sont conduits ni par des prêtres ni par des pasteurs. « Aucun
responsable religieux dans le pays n'a appelé à un affrontement interreligieux : la
preuve, c'est que nous sommes ensemble » a ajouté l’imam qui, avec l’Archevêque de
Bangui, continue à lancer des appels à la paix et à rendre visite aux évacués. L’imam
rejette enfin les tentatives des groupes islamistes étrangers comme AQMI (Al Qaeda
dans le Maghreb islamique) et Boko Haram (secte islamique provenant du Nigeria) de
s’insérer dans la crise centrafricaine pour, ainsi qu’ils l’affirment « venger les
musulmans ». « Si la situation d'insécurité perdure et que les frontières restent
poreuses, nous craignons en effet qu'ils puissent venir en Centrafrique – a déclaré
l’imam. Mais nous n'avons rien à voir avec eux ! Nous musulmans ne réclamons pas la
vengeance, Dieu nous recommande d'être des acteurs de la paix. Et tous les chrétiens
ici ne sont pas engagés contre les musulmans, certains les protègent même dans plusieurs
Paroisses du pays ».